Edhec : cap vers la finance climatique et une consolidation des partenariats internationaux

Agnès Millet Publié le
Edhec : cap vers la finance climatique et une consolidation des partenariats internationaux
Un cours est mis en place pour donner des clés sur les enjeux climatiques et énergétiques aux élèves de première année du PGE de l'Edhec. // ©  Hugo AYMAR/HAYTHAM-REA
Deux ans après son lancement, effectué au début de la crise sanitaire, le plan "Impact Future Generations" de l'Edhec garde son cap pour 2025, centré sur la finance climatique et l'entrepreneuriat. Et l'école de commerce réaffirme sa stratégie internationale de partenariats stratégiques.

"Nous sommes à mi-chemin de notre plan 2020-2025, avec des directions clairement définies dès 2020 mais avec un peu d'inattendu dans l'évolution du monde. On reste bien focalisé sur notre mission de mettre toutes nos activités au service des générations futures", déclare Emmanuel Métais, directeur de l'Edhec, lors d'un point sur la stratégie de l'école organisée fin juin 2022.

Selon lui, l'école de commerce fait face à cinq enjeux majeurs aujourd'hui : l'hybridation des programmes, l'international, la finance, l'entrepreneuriat et les campus.

Introduire davantage de RSE

Selon l'enquête de mars 2022 du NewGenTalent Centre de l'Edhec, 77% des jeunes diplômés considèrent l’impact sociétal comme un critère déterminant dans le choix de leur premier emploi.

Pour les 700 élèves de première année du PGE (programme Grande école), un cours de 12 modules intitulé "Limites planétaires et modèles économiques durables" est mis en place pour donner des clés sur les enjeux climatiques et énergétiques "tout en identifiant des outils concrets pour analyser les modèles existants et inventer des business models plus durables".

De plus, l'EDHEC a lancé, cette année, les SIP (Sustainable Impact Projects). En lien avec les 17 objectifs de développement durable de l’ONU, ils font partie intégrante de l'International BBA. À Lille et à Nice, environ 1.000 étudiants ont participé à 193 projets sur la santé, l’éducation, la réduction des inégalités et l’environnement. À la rentrée prochaine, le dispositif s'étend aux autres programmes.

Développer la finance responsable

Au niveau de la recherche, l'école mise sur son point fort qu'est la finance et transforme son think tank "Edhec-Risk Institute" (ERI) en "Edhec-Risk Climate Impact Institute" (ERCII) pour s'engager davantage dans la finance responsable.

Avec un investissement de 20 millions d’euros et la constitution d’une équipe de 25 personnes d'ici cinq ans, le centre doit devenir une "référence académique incontournable" sur les questions à l’intersection de la finance et du changement climatique, pour les acteurs privés (investisseurs) et publics (décideurs politiques et autorités de surveillance).

Un centre dédié à l'entrepreneuriat

"L'entrepreneuriat fait partie de notre ADN, rappelle Emmanuel Métais. Pour aller plus loin, nous avons créé une direction pour regrouper toutes les initiatives d'entrepreneuriat et pour que cela ruisselle dans nos programmes", explique le directeur général, en précisant que les efforts du Centre for Responsible Entrepreneurship cibleront l'entrepreneuriat responsable.

De plus, l'Edhec va créer un incubateur, avec l'IMT et Eurecom, école du numérique à vocation internationale. Basé à Sophia-Antipolis (06), il accompagnera des projets DeepTech (IA, blockchain, greentech) et numériques (6G, mobilité connectée, cybersécurité), à partir de janvier 2023.

Un réseau de partenaires internationaux de qualité

À l'international, l'Edhec mise sur un réseau de partenaires d'excellence. "Nous avons la conviction que l'expérience internationale se fait en plongeant les étudiants chez un partenaire. C'est une vraie stratégie, car il nous serait possible d'avoir des campus", rappelle Benoît Arnaud, directeur des programmes.

Fin 2020, l'école a ainsi sondé ses communautés pour mettre à plat sa stratégie et en est ressortie avec la conviction qu'elle devait être renforcée. L'Edhec consolide donc son hub de partenaires, parmi lesquels Berkeley Haas (Etats-Unis), BI Norwegian Business School (Norvège), SKK (Corée du Sud), Polimi Graduate School of Management (Italie) ou encore l'Imperial College London (Royaume-Uni).

L'école de commerce souhaite aussi développer des coopérations variées et lance les Global Impact Programmes, pour les étudiants du PGE (année de césure) et les troisième année du BBA.

Les étudiants partiront un semestre – validant 30 ECTS pour le BBA – pour "des projets de dimension internationale, dans le champ de l'humanitaire, du développement durable et du sociétal…", précise ainsi Richard Perrin, directeur des relations internationales.

L'école proposera des projets, via des ONG ou sélectionnera des idées soumises par les étudiants. Une centaine d'entre eux pourraient être "rapidement" concernés par ces dispositifs.

55 millions d'euros additionnels pour les campus de l'Edhec

Selon Anne Zuccarelli, directrice de l’expérience étudiante, près de 120 millions d'euros ont été investis dans les campus, ces quinze dernières années. Un plan additionnel de 55 millions d’euros est prévu pour rénover 24.000 m2, d'ici 2026.

À Lille (59), le Sigma Lab, espace pluridisciplinaire de 1.000m2, regroupera les laboratoires d’innovation pédagogique et de recherche, à la rentrée prochaine. Il permettra de mener des expérimentations virtuelles en management, marketing, finance comportementale… Le bâtiment principal doit aussi être rénové afin d'en faire une structure "éco-responsable", précise Anne Zuccarelli.

À Nice (06), une surface de 1.000 m2 sera aménagée à partir de la rentrée 2022 pour accueillir l'espace "finance & climat" consacré à la recherche et à la pédagogie. Des lieux de convivialité, des salles de co-construction et de cours à "haute valeur ajoutée technologique" sont prévus.

Par ailleurs, l'école finalise le bilan carbone de ses programmes et déploie une stratégie systématique pour que ses campus soient des espaces de vie responsables. Un concours d’architecte sera lancé cet été "afin d’imaginer le campus de demain : durable, flexible et collaboratif".


Des projets financés par la vente de Scientific Beta
En janvier 2020, la business school a vendu une spin-off née à l'Edhec-Risk Institute pour 200 millions de dollars. La vente de Scientific Beta, spécialisée dans les indices financiers, permet à l'école de se projeter dans plusieurs perspectives. Selon Emmanuel Métais, "plusieurs dizaines de millions d'euros" sont consacrés à l'ERCII ainsi qu'au développement de Scientific Infra, basée à Singapour et spécialisée dans les investissements en infrastructures. Plus généralement, l'école de commerce veut être indépendante sur le financement des spin-off de recherche.

Une autre partie de la somme permettra de lancer d'ici "huit mois", Edhec venture, un fonds d'investissement à impact, qui ciblera "des start-ups de l'écosystème l'école". Enfin, la business school capitalisera "plusieurs dizaines de millions d'euros" en un fonds permanent qui financera des bourses et des projets de l'école, via les intérêts. L'objectif est de passer de 10 millions d'aides annuels à 14 millions.

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