Elections dans les universités : comment promouvoir plus de femmes présidentes ?

Amélie Petitdemange Publié le
Elections dans les universités : comment promouvoir plus de femmes présidentes ?
Le cinquième séminaire de l'AFDESRI a été l'occasion de faire le point sur la parité dans les établissements de l'enseignement supérieur. // ©  Aline Thobie
2020 sera une année d’élection au sein des universités. Alors que les femmes sont faiblement représentées à la tête des établissements, l’association AFDESRI a tenu vendredi dernier son séminaire "Femmes de l’ESRI : ni candidates, ni élues ?".

Cette année, plus de 50 universités éliront leur président pour un nouveau mandat de quatre ans. Bien souvent, il s’agira d’un président, et non d’une présidente. Actuellement, 10 femmes sont présidentes d’universités, contre 58 hommes.

Dans ce contexte, l'Association pour les femmes dirigeantes de l'enseignement supérieur de la recherche et de I'innovation (AFDESRI), a intitulé son 5e séminaire "Femmes de l’ESRI : ni candidates, ni élues ?".

Lors de ce séminaire vendredi dernier, au ministère de l’Enseignement supérieur, plusieurs dirigeantes ont témoigné et une enquête sur l’impact de la loi parité sur la gouvernance des universités a été dévoilée.

Cette loi, votée en 2013, oblige à constituer des conseils d’administration paritaires. Le changement a été notable : depuis l'entrée en vigueur de cette loi, le nombre de femmes est passé d’un tiers à quasiment la moitié des sièges occupés.

"Cela dit, la place des femmes n’est pas du tout à la hauteur au niveau des équipes de vice-présidence et de présidence", tempère Sophie Béjean, présidente de l’AFDESRI et rectrice de l’académie de Strasbourg. Aucune obligation légale de parité n’est en effet applicable au poste de présidence.

Moins de 15% de présidentes

Dans plus d’un tiers des établissements, les femmes représentent moins d'un cinquième des directeurs et directrices de composantes de formation, selon l’enquête CPU (conférence des présidents d'université), AFDESRI, CPED (conférence permanente des chargés de mission égalité et diversité) et ANVPCA (association nationale des vice-présidents de conseil d'administration des universités) dévoilée au séminaire. Quant au poste de présidente, elles sont moins de 15% à l’occuper.

Un problème qui réside notamment dans le faible nombre de candidatures. Lorsqu’elles se présentent, les femmes ont toutes leurs chances d’être élues, et une fois en poste elles réussissent très bien. Pourtant, elles s’autocensurent. Lors du dernier scrutin en 2016, les femmes représentaient moins de 14% des candidats. Dans 53 universités, seuls des hommes ont postulé.

"Souvent, elles ne se sentent pas prêtes. Elles hésitent aussi à abandonner leurs fonctions antérieures alors qu’elles n’ont pas mené à bien tous leurs projets. Certaines se sentent bien dans la position de n°2, mais lorsqu’on les encourage elles réussissent bien comme n°1", souligne Sophie Béjean.

Autre enseignement intéressant de cette étude : si les femmes sont 41% à exercer la fonction de directrice générale des services (DGS), cela dépend de la taille de l’université. Ainsi, les services des établissements de plus de 40.000 étudiants sont tous dirigés par des hommes.

Encourager les femmes à candidater

L’AFDESRI mène plusieurs actions pour encourager les femmes à accéder au poste de présidente. Une cinquantaine de personnes ont bénéficié l’année dernière de formations au leadership. Un système de mentorat a également été créé entre des femmes seniors expérimentées et des femmes plus jeunes.

"Les hommes doivent aussi leur faire de la place. J’ai moi-même été encouragée par des hommes à candidater avant de devenir présidente d’université [elle a présidé l’université de Bourgogne entre 2007 et 2012, NDLR]. Nous avons besoin des hommes à nos côtés pour encourager les femmes à prendre ces responsabilités".

Sophie Béjean encourage ainsi les femmes à mener des projets politiques et à avoir confiance en elles. "Ne doutez pas de vos capacités ou de votre équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, un homme ne se posera pas ce genre de questions".

Amélie Petitdemange | Publié le