Emlyon accélère sa stratégie de croissance pour 2028

Agnès Millet Publié le
Emlyon accélère sa stratégie de croissance pour 2028
Le nouveau campus de l'emlyon devrait être inauguré en septembre 2024. // ©  emLyon©PCA-STREAM
Après "Confluences 2025" lancé en 2021, qui faisait d'emlyon une société à mission, Isabelle Huault, sa directrice présente un autre plan stratégique. "Une nouvelle dynamique sans changer de cap", avec comme objectif, une croissance "organique et externe", qui passe par son futur campus lyonnais et la fermeture du site de Saint-Étienne.

Annoncer un nouveau plan stratégique alors que le précédent n'est pas arrivé à échéance ? L'annonce est rare. Isabelle Huault, présidente du directoire et directrice générale d'emlyon le sait, lorsqu'elle présente le plan Résonances 2028, ce 30 janvier.

"Le plan Confluence 2025 court encore mais beaucoup de nos ambitions ont été atteintes. Nous figurons dans le top 10 des meilleures business schools européennes. Notre gouvernance est bien stabilisée. Nous avons développé la recherche, lancé des programmes de formations et gagné en attractivité internationale", se félicite-t-elle.

"Nous voulions entrer dans une nouvelle dynamique sans changer de cap, sans changer d'objectifs", indique-t-elle. Avec cette stratégie 2028, l'école veut passer de 9.000 à 11.200 étudiants et de 135 à 200 millions de chiffre d'affaires. Elle compte investir 60 millions d'euros dans son fonctionnement, dont 8,5 millions pour les enjeux socio-environnementaux.

L'école lance deux instituts (regroupant formations, recherche et partenariats entreprise), deux académies (formations, recherche et expérientiel) et un centre – le plus souvent pour regrouper et amplifier des initiatives existantes. Sa stratégie est "construite autour des cinq qualités attendues de nos makers", le nom donné aux étudiants d'emlyon.

Réaffirmer l'excellence académique comme premier pilier

Comptant 176 professeurs permanents à la rentrée 2022, l'école souhaite procéder à 50 recrutements nets d'enseignants-chercheurs, d'ici 2028. De quoi développer la capacité de l'école à répondre aux grands appels à projets internationaux (ERC et ANR). L'emlyon veut également "monter en puissance sur la signature de chaires de recherche avec de grandes entreprises, surtout en énergie et santé".

Surtout, la business school veut se doter d'un institut sur l'économie de la santé, qui s'appuie sur la spécificité du bassin économique lyonnais. "Nous voulons piloter et amplifier l'offre d'emlyon, avec des partenariats entreprise. Nous avons un double diplôme pharmacien-manager avec l'université Lyon 1. Demain, nous voulons un parcours spécial pour former nos managers afin qu'ils s'insèrent dans les entreprises pharmaceutiques", indique Isabelle Huault.

Affirmer l'excellence académique comme premier attendu de ses diplômés n'est pas une déclaration anodine pour la quatrième école de commerce française qui a connu des remous depuis 2018 avec pour conséquence, un grade master attribué pour trois ans et non cinq en 2020.

Depuis l'emlyon semble à l'équilibre avec l'arrivée d'Isabelle Huault à sa tête et le changement d'actionnaire de Qualium à Galileo global education. Une stabilité confirmée par l'attribution d'un grade master de cinq ans par la CEFDG. Avec quelques alertes notamment sur "la concentration de 20% des publications sur quatre enseignants-chercheurs et les difficultés de recrutement de professeurs permanents dans certaines disciplines." De quoi investir encore davantage cette dimension.

S'appuyer sur Galileo et racheter des écoles

Pour développer l'hybridation, emlyon veut créer des formations avec les écoles du Collège des hautes études Lyon sciences (CHELS). Elle souhaite aussi s'appuyer sur Galileo. "Nous ouvrons bientôt un double diplôme en design avec Strate, nous avons des discussions avancées avec Penninghen et un cursus ouvrira avec l'Istituto Marangoni de Milan", détaille Isabelle Huault. Au total, l'école vise dix nouveaux doubles diplômes hybrides.

Mais l'école vise plus grand. "Nous voulons accélérer le développement d'emlyon comme une grande université globale de management . C'est notre horizon stratégique. Nous souhaitons englober d'autres entités que notre business school", ambitionne Isabelle Huault qui annonce que l'école est entrée au capital de la London Interdisciplinary School (LIS).

Des discussions sont en cours avec d'autres écoles dans la tech et l'hospitality management, ajoute la directrice sans citer de nom d'établissement.

Un nouveau campus à Lyon et des présences à l'étranger

L'école se veut aussi en "résonance" avec le monde, dont la stratégie reprend le concept développé par l'universitaire allemand Hartmut Rosa. D'un montant de 150 millions d'euros, le futur campus lyonnais répond à cet enjeu, en septembre 2024. Il réimplante l'école "en centre-ville", après 52 ans à Écully. "Cela renforcera l'engagement étudiant, la réflexivité, l'employabilité, la créativité et les projets. C'est un levier d'attractivité assez extraordinaire", se réjouit la directrice.

Elle confirme aussi la fermeture du campus de Saint-Etienne à la rentrée 2024. "Nous allons avoir un magnifique campus au cœur de Lyon. disposer d'un autre campus à 60 km n'a pas forcément de sens. Nous déménageons donc le bachelor vers Lyon. Les actuels et les nouveaux étudiants de Saint-Étienne viendront y suivre la formation avec la communauté emlyon", explique-t-elle.

A l'international, l'école souhaite aussi renforcer son attractivité, en consolidant la présence de l'emlyon sur le campus en Chine et en développant des partenariats avec des universités indiennes. Autre piste : l'ouverture d'un bureau en Afrique pour développer l'executive education.

Enfin, dernier objet créé par emlyon : la Leadership Academy for new future, tournée vers l'executive education pour les cadres dirigeants.

Valoriser l'engagement des étudiants

L'emlyon annonce aussi avoir remanié la pédagogie de ses formations pour favoriser l'engagement des étudiants. Elle se fixe ainsi l'objectif de former 100% des étudiants, professeurs et collaborateurs aux enjeux sociaux et environnementaux.

L'école veut créer une "Académie de la Transition" qui englobera des démarches pédagogiques existantes. "Et nous voulons appuyer sur l'axe de la néo-industrialisation décarbonnée", indique Isabelle Huault, en précisant que des parcours hybrides pourraient être créés avec des écoles d'ingénieurs.

Côté social, les initiatives sont regroupées dans un nouveau Centre Solidarité et Inclusion, "pour agir de l'orientation à l'insertion" et ce, sur tous les champs : égalité femme-homme, handicap, etc.

Un programme d'aides d'un million d'euros sera ouvert pour le Global BBA. Comme pour le PGE, des modulations de frais seront appliqués aux boursiers Crous, selon leur échelon.

Conserver la marque "maker" et développer l'entrepreneuriat

"Dans notre école, le marqueur entrepreneurial est extrêmement fort", rappelle Isabelle Huault. L'école souhaite développer ses espaces dédiés, avec "un maker's lab" deux fois plus grand au sein du futur campus lyonnais. De plus, un futur "Sustainable Entrepreneurship Institute", bénéficiera d'un lieu physique en 2024, pour "remettre l'entrepreneur au cœur de notre pédagogie", explique la directrice.

Enfin, l'école réfléchit à la création d'un fonds à impact, avec le soutien des alumni. Objectif : aider des start-up dans le domaine de l'énergie et de la santé.

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