Emlyon devient une société à mission en juillet 2021

Agnès Millet Publié le
Emlyon devient une société à mission en juillet 2021
Le nouveau campus d'emlyon à Gerland sera opérationnel fin 2023- début 2024. // ©  emLyon©PCA-STREAM
Après plusieurs années d'instabilité, emlyon reprend les rênes. Dans son plan stratégique "Confluences 2025", emlyon met l'accent sur l'engagement social et environnemental. Cet axe sera notamment incarné par un changement fort: l’école devient société à mission.

Avec l'arrivée de sa nouvelle directrice, Isabelle Huault, emlyon change de stratégie et s'engage sur la dimension sociale et environnementale.

Devenir une société à mission

Après être devenue société anonyme en 2018, emlyon adopte en effet un nouveau statut, en juillet 2021 : celui de société à mission. Créé par la loi Pacte, ce changement permet à l'école lyonnaise de "réaffirmer sa mission d’intérêt général". Qualium et BpiFrance restent actionnaires, aux côtés de la CCI. De plus, après l'entrée au capital des salariés, les alumni devraient pouvoir s'impliquer d'ici 6 à 8 mois.

"Cette décision, prise dès mon arrivée à l’automne 2020, est nourrie par la crise sanitaire et la volonté de repenser notre engagement sur le plan social et environnemental. Ce statut nous engage et il sera la grille d’arbitrage de chacune de nos actions. Nous devons mener un projet éducatif prenant en compte ces dimensions, pour former des managers éclairés", explique Isabelle Huault. Pour elle, "le message principal, c’est la non-financiarisation de l’école".

L'engagement environnemental dans les formations

Pour répondre à cet engagement environnemental, les maquettes des cursus seront analysées en fonction des 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU.

Par ailleurs, l’école crée le label "SDGs Inside" (Sustainable Development Goals Inside) pour cartographier chaque formation. La démarche, engagée, se déploiera sur plusieurs années. Pour, à terme, renforcer la formation aux enjeux de la transition écologique, de la soutenabilité sociale et de l’éthique.

L'école rend aussi le cours "Agir pour le climat" obligatoire pour tous les élèves du programme grande école à la rentrée 2021. Il deviendra aussi obligatoire pour les étudiants du BBA en 2022.

Vers plus d’ouverture sociale

Cet engagement se prolonge aussi dans le souhait d’une école plus inclusive. Emlyon veut ainsi passer de 17 à 30% de boursiers, en réactivant sa fondation, pour lever des fonds.

Autre levier : l'apprentissage. "Historiquement, l’école n’est pas très présente", relève Isabelle Huault, "mais nous voulons quintupler nos effectifs, pour atteindre les 500 apprentis, tous cursus confondus". Un CFA a été créé dans ce but. Plus généralement, l’école veut passer de 8.000 à 12.000 élèves.

L'école lyonnaise va plus loin avec le lancement de "La Toile", école de la qualification numérique. À la rentrée 2021, elle accueillera 150 jeunes sans qualification. La formation, certifiante, est financée par l’école. Et de nouveaux partenariats avec les lycées des quartiers de l’éducation prioritaires et de milieu rural seront développés.

Devenir une "global business university"

L'emlyon annonce également un changement de logique pour 2025. "Devenir une global business university, c’est garder un corpus solide en sciences de management et de gestion, tout en favorisant l’hybridation disciplinaire, géographique et culturelle, pour une vision du business qui puise dans les autres disciplines", déclare Isabelle Huault, directrice générale d’emlyon.

Cela passera aussi par la création de trois instituts thématiques, qui rassembleront des programmes de formations, de la recherche et des partenariats socio-économiques :

- l’Artificial Intelligence & Management Institute. 40 chercheurs y étudieront les conséquences business, managériales, sociales, comportementales et éthiques des ruptures portées par l’IA et les nouvelles technologies.
- le Social Innovation Institute aura pour objectif de faire d’emlyon la référence mondiale du social business. Il développera la recherche en entrepreneuriat à impact, innovation sociale et "sport et société".
- l’Ethno-Institute a vocation à alimenter la recherche et le débat public. Les travaux serviront à poser un autre regard sur les organisations, grâce à des analyses ethnographiques d’entreprises, d’acteurs publics, d’associations…

L'école prévoit aussi d'investir 17 M€ dans le numérique sur les trois prochaines années. "Nous voulons transformer notre organisation pour une plus grande efficacité opérationnelle et davantage d’excellence académique", détaille la directrice. Ces investissements doivent permettre d’atteindre un équilibre de 80% d’enseignements en présentiel et de 20% en ligne.

Acquérir de nouvelles écoles

L'hybridation passera notamment par des partenariats. Mais la question de l’acquisition d’écoles ou de Edtechs est aussi sur la table.

"Nous sommes en train d’instruire cette question d’acquisition d’écoles. Peut-être regarderons nous du côté des sciences de l’ingénieur", complète la directrice, qui vise une intégration dans le top 15 des écoles de management européennes au classement FT, alors qu’elle est aujourd’hui dans le top 20.

Pour aller chercher cette place, emlyon mise aussi sur la recherche, en renforçant son corps professoral puisqu’elle passera de 160 professeurs permanents à 200, avec un objectif de féminisation de 45%, contre 35% aujourd’hui.

Des nouveaux campus en France et à l'international

L'emlyon prévoit par ailleurs la création d'un septième campus international à Bombay, en Inde, avant l’été 2021, en partenariat avec le Xavier College. L’accueil prévoit un total de 530 apprenants dans la première phase du projet (2021-2024). Dans la deuxième phase à partir de 2024, le site s'agrandira.

L’école prévoit également de se développer en Amérique latine dans les prochaines années. À l’international, elle est déjà présente en Inde, à Bhubaneswar et implantée à Casablanca (Maroc) et Shanghai (Chine).

En France, l'emlyon poursuit son projet immobilier, pour déployer un nouveau campus à Gerland, fin 2023-début 2024. "Ce bâtiment sera emblématique de la pédagogie et rejoint le terme de notre plan confluences. Nous voulons permettre l’intersection des disciplines, le mélange des connaissances. Et y fédérer toutes nos communautés et nos parties prenantes. Nous réaffirmons également notre ancrage dans la cité, avec une vision ouverte", s’enthousiasme Isabelle Huault.

L’école sera propriétaire de ce "hub" de 30 000m2, d’un coût de 140 M€, autofinancé, notamment par des emprunts.

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