En 2014, les budgets des universités et écoles seront plus que jamais tendus

Étienne Gless Publié le
La deuxième édition de l’observatoire KPMG des universités et écoles le confirme : derrière l’apparente stabilité de l’évolution des indicateurs, les contraintes budgétaires ne font que grandir.  

Environ 7.000€ pour une université, 22.000€ pour une école : tel est le coût moyen d'un étudiant, d'après l'observatoire 2013 des universités et écoles, publié par KPMG. Le taux d'encadrement moyen, lui, est évalué à 5 enseignants pour 100 étudiants à l'université, et 11 pour 100 en école. Pour sa deuxième édition, l'étude du cabinet d'audit montre une stabilité des ratios de gestion des établissements d'une année sur l'autre.

Si l'observatoire ne donne pas de chiffres sur les spécificités de chaque établissement, et en dépit de la faiblesse de l'échantillon (14 universités et 10 écoles d'ingénieurs interrogées), l'analyse des données permet néanmoins de mieux cerner au niveau macroéconomique les enjeux financiers de l'enseignement supérieur.

 Nouvelles Tensions de trésorerie à prévoir

Côté écoles d'ingénieurs, les besoins en fonds de roulement sont plus dégradés que dans les universités : la trésorerie y est absorbée par la gestion des contrats de recherche et des partenariats. Mais les choses se détériorent dans les universités. "Le nombre d’universités qui connaissent des contraintes budgétaires fortes ne cesse d'augmenter", rappelle Christian Liberos. 19 prévoient d’ailleurs d’être dans le rouge sur l’exercice 2013. Et plusieurs écoles dans l'échantillon de KPMG sont aussi à trésorerie zéro cette année. "En 2013 les budgets des universités ont été compliqués. En 2014 ils seront très tendus. Et en 2015,  gare à l’atterrissage !", prévient Christian Liberos.

Pourtant, dans l'échantillon de KPMG, seules deux ou trois universités connaissent des problèmes de trésorerie. "Les autres affichent un excédent de trésorerie de l'ordre de 4 ou 5 millions d'euros. Cela s'explique : elles encaissent les versements (dotation de l'Etat, droits d'inscription…)  avant d'engager les dépenses. De plus, par le passé certaines ont beaucoup thésaurisé".

Une trésorerie positive qui ne doit pas faire illusion : l’observatoire KPMG note que plusieurs universités enregistrent un taux d’amortissement de leurs biens mobiliers très élevé (supérieur à 70%), ce qui signifie qu’ils sont très anciens et vont devoir être renouvelés. "Un parc vieillissant pose problème alors que la tendance actuelle pour diversifier les sources de recettes est à développer les contrats de recherche", remarque le directeur associé de KPMG. 

Faiblesse des droits d'inscription

Avec une dotation globale de fonctionnement plus contrainte, universités et écoles vont devoir affronter une hausse de leurs dépenses pour répondre aux exigences de mise aux normes et de diverses obligations réglementaires. Un effet de ciseau se profile donc. A ce titre, l'observatoire KPMG n'est guère rassurant et pointe la faiblesse actuelle des recettes provenant des droits d’inscription qui représentent seulement de 0,9% à 4,9% des ressources des universités. Les écoles ne font pas mieux. Les droits d’inscription y oscillent entre 0,2% et 7,6 % du total des ressources des établissements. Selon le cabinet d'audit et de conseil, pour faire face à leur besoin accru de ressources propres, la question de la hausse des droits d'inscription et du développement des contrats de recherche redevient d'actualité.  "Plus que jamais les établissements doivent accroitre leurs ressources propres de manière autonome", conclut Christian Liberos.

Les principaux ratios de gestion des universités et écoles en France

Ratios moyens

Universités

Ecoles et instituts
Dotation de l’Etat/total des recettes

82% 68%
Budget moyen par étudiant

De 4.200 à 12.200 euros De 13.000 à 35.000 euros
Masse salariale/Total des dépenses de fonctionnement 78% 66%
Taux d’encadrement moyen des étudiants 5 enseignants pour 100 étudiants 11 enseignants pour 100 étudiants
Taux d’amortissement du patrimoine 70% 55%
Superficie moyenne par étudiant (nombre de m2 par étudiant) 9m2 30m2

Source : KPMG-Observatoire 2013 des universités et écoles.

Étienne Gless | Publié le