Enquête OVE : les étudiants clouent la méritocratie scolaire au pilori

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À quoi bon être diplômé ? L’OVE (Observatoire de la vie étudiante) a mené l'enquête « Méritocratie scolaire » (1) auprès d’étudiants de première année de quatre filières de l’enseignement supérieur (STS, IUT, CPGE et université). Résultat : 43 % des étudiants pensent que le rôle des études pour trouver du travail en France est trop important. Un quart d’entre eux estiment que ceux qui ont fait beaucoup d’études ne doivent pas forcément être mieux payés.

Les jeunes critiquent le rôle du diplôme parce qu’il ne prend pas en compte des qualités professionnelles importantes à leurs yeux : des qualités morales (honnêteté, sérieux, goût pour le travail, vocation, volonté, efforts, motivation…), sociales (relations aux autres, humanité, relation aux clients, esprit de groupe, politesse, courtoisie…), pratiques (adaptabilité, créativité, capacité d’innover…) et intellectuelles (culture générale, capacité de réflexion, capacité de raisonnement juste et logique…). En outre, pour les étudiants, le diplôme récompense moins les efforts que les capacités.

Les étudiants en STS croient aux qualités morales

Ces représentations diffèrent cependant selon la filière, et donc de sa sélection à l’entrée, mais aussi des caractéristiques sociales des étudiants, de leur profil scolaire, de leur rapport aux études. Par exemple, seuls 45 % des étudiants de STS considèrent que les personnes qui ont fait beaucoup d’études doivent être mieux payées que les autres. Et près d’un sur deux trouve que le rôle accordé aux études pour trouver un emploi est trop important. Ils ont foi en la volonté comme qualité morale (pour eux, « quand on veut, on peut ») et dans la mobilité sociale. Seuls 37 % pensent que l’école récompense les efforts. Une certaine idée (négative) de la justice de l’école…

Les étudiants en CPGE croient en l’école

Les élèves de CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles), issus de milieu social plus favorisé, font preuve d’un optimisme diamétralement opposé. Ils croient en leur formation pour leur assurer un emploi : deux tiers d’entre eux sont persuadés qu’il sera facile de trouver un emploi grâce à leur formation. Plus d’un sur deux n’est pas d’accord avec la proposition : « Sans diplôme, on peut réussir dans la vie professionnelle. » En outre, 53 % jugent que l’école récompense les efforts et 70 % estiment qu’elle récompense les capacités.

Les étudiants d’université moroses

En majorité, les étudiants de l’université reconnaissent que le diplôme est une condition nécessaire à la réussite, mais doutent davantage que les autres de la possibilité de réussir uniquement grâce au diplôme, qui est, selon eux, mal reconnu. En plus de cette vision négative du « rendement des études », ils expriment des inquiétudes sur leur facilité d’insertion sur le marché du travail. Seuls 43 % pensent que leur insertion sera très facile ou facile avec leur formation. Mais, là encore, les avis divergent selon les filières : les étudiants en médecine n’ont aucun doute sur leur avenir, contrairement aux étudiants en sociologie ou en psychologie. Plus fort, près de 70 % des étudiants de l’université ne partagent pas la proposition : « En France, les gens sont traités de manière juste. » Et seuls 34,5 % estiment que l’école récompense les efforts.

Les étudiants en IUT à mi-chemin

Les étudiants en IUT se retrouvent dans une filière courte, mais sont issus d’un milieu social plus favorisé que ceux de BTS. Leurs réponses se rapprochent donc à la fois des élèves de STS et de CPGE. Ainsi, près d’un sur deux dénonce l’importance des études, comme les élèves de STS, pour trouver un emploi. Mais, comme les élèves de CPGE, ils sont lucides sur les difficultés à réussir dans la vie sans titre scolaire.


(1) L’enquête « Méritocratie scolaire », datée de 2005-2006, a été réalisée dans une académie auprès de 766 étudiants inscrits en première année d’études postbac et issus de quatre grandes filières (STS, université, IUT, CPGE).

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