Entre 17000 et 50000 universitaires et étudiants défilent à Paris contre les réformes Pécresse

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Entre 17000 et 50000 universitaires et étudiants défilent à Paris contre les réformes Pécresse
La manifestation du 10 février // © 
Le mauvais temps n’a pas empêché les enseignants-chercheurs de faire une démonstration de l’ampleur de leur mobilisation contre les réformes du gouvernement. Le défilé parisien a rassemblé entre 17000 (selon la police) et 50000 personnes (selon les organisateurs), le 10 février 2009. Des défilés en province ont finalement été organisés. Selon le Snesup, ils ont rassemblé 7000 manifestants à Lyon, 6000 à Toulouse ou Marseille, 4000 à Montpellier, 3500 à Strasbourg, 2000 à Poitiers par exemple. Les étudiants des filières universitaires, des IUT ou des IUFM ont rejoint en masse les cortèges d’universitaires et de Biatos. Reportage à Paris entre le boulevard Saint-Michel et les Invalides.

« Moins de traders, plus de chercheurs », « « Agence Nuisible pour la Recherche », « Sarkozy aime l’université… du Medef », « Le gouvernement prend la route à contre-science », « Sarko on va te remastériser », « Pécresse, avec toi la fac régresse »…

Les enseignants-chercheurs et les étudiants ont souvent défilé sous des bannières communes, par université. Paris 1, 4, 6, 7, 8, 10, 11, 12, Cergy, Marne-la-Vallée étaient entre autres bien représentés. Des étudiants et enseignants-chercheurs d’universités de province (Orléans, Tours, Aix-Marseille 1, Nantes, Bourgogne, Caen, Le Havre, Strasbourg, Nancy-Université, etc.), étaient aussi montés à Paris en dépit des manifestations organisées localement le même jour.       

Les étudiants contre Sarko, la LRU et le bradage des IUFM

Pierre, étudiant de médecine en deuxième année à Paris 6, dit manifester contre « le mépris incroyable du gouvernement ». « Dire que les mauvais chercheurs seront nos enseignants, c’est méprisant et pour les profs et pour les étudiants ». Lui est aussi venu pour dire son ras-le-bol de Sarkozy comme Julien, venu de Marseille : « il y a une telle personnalisation du pouvoir qu’en tapant sur Sarko, on tape aussi sur Pécresse ». Benjamin, en histoire, sort de l’AG de Paris 1 qui a réuni 800 personnels et étudiants. « Les étudiants, qui avaient fait grève contre la LRU, sont aujourd’hui solidaires car le décret modifié de 1984 c’est la conséquence de la LRU », indique-t-il. Selon lui, 95 % des enseignants-chercheurs sont grévistes sur le site de Tolbiac. 

« IUFM en colère, on va pas se laisser faire », scandent des étudiants de l’IUFM de Paris qui visent avant tout Darcos, leur « futur chef ». Ils sont venus soutenir en rangs bien organisés les enseignants-chercheurs et les personnels Biatos de l’Institut, bloqué depuis une semaine. Pour Rémi, en première année de l’IUFM, la formation professionnelle remplacée par un « compagnonnage » est inacceptable. « Quand les autres IUFM ont vu que ceux de Paris, Créteil et Versailles ne rendraient pas leurs maquettes de master, la mobilisation a pris », analyse-t-il.   

« La mobilisation étudiante a aujourd’hui franchi un cap »        

En tête de cortège, Jean-Baptiste Prévost, président de l’UNEF, estime que « la mobilisation étudiante a aujourd’hui franchi un cap ». Pour lui, « il y a deux mobilisations, celle des enseignants-chercheurs et celle des étudiants qui la rejoint sur le retrait du décret mais va plus loin en demandant un plan de recrutement de profs, de s’attaquer à la précarité étudiante et de revoir le financement des universités à la performance ».  

Des blocages de fac à venir 

Pierre et Damien, enseignants-chercheurs en électronique au Havre, sont venus manifester surtout contre les suppressions de postes. Avec le nouveau système de calcul des moyens, leur université est passée d’une sous-dotation à une sur-dotation et l’université doit « choisir » les cinq postes à rendre. Le CA de l’université a voté une "suspension d'activité" pour la journée du 10 février. Le président a organisé pour la communauté universitaire un atelier de travail et de débat sur les réformes contestées.

Devant eux, deux toges rouges à écharpe d’hermine blanche défilent en brandissant le code civil. Ils pestent contre la médiatrice nommée la veille par Valérie Pécresse pour « retravailler » le texte du décret. « Elle aurait pu prendre une universitaire. On va suspendre les cours jeudi. C’est une première chez les juristes », affirme l’enseignant-chercheur havrais.

Une médiatrice "de mauvais augure"

Didier Chamma, vice-président de la CP CNU (commission permanente du conseil national des universités), membre du Snesup et maître de conférences à Perpignan en congé recherche à Orsay, défile aussi à Paris. « La médiatrice est aussi présidente du comité de suivi de la LRU. Ce n’est pas de bon augure car le décret rejeté est le bras armé de la LRU».   

Sylvie vient elle de l’université de Provence. C’est un professeur d’université en histoire de l’art contemporain. « On veut nous imposer une culture de concurrence avec ce nouveau décret. Ce n’est pas une revendication sur nos salaires ni sur nos avantages, mais sur les problèmes de fond. Pécresse a conduit sa réforme à la hussarde ».

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