Éric Lamarque : "10 à 15 IAE devraient pouvoir intégrer la CGE dès maintenant"

Cécile Peltier Publié le
Éric Lamarque : "10 à 15 IAE devraient pouvoir intégrer la CGE dès maintenant"
Eric Lamarque reste à la tête de l'institut parisien. // ©  IAE de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Améliorer la reconnaissance des écoles universitaires de management : telle est la feuille de route du nouveau président du réseau des IAE, également directeur de l'institut parisien. Il compte s'appuyer sur l'obtention d'accréditations, l'entrée dans la Conférence des grandes écoles, ainsi que sur le développement de coopérations territoriales.

Vous venez d’être élu à la présidence du Réseau des instituts d'administration des entreprises. Pourquoi avez-vous brigué cette fonction ?

Le mandat de Jérôme Rive arrivait à son terme. En discutant avec les autres directeurs d’IAE, je me suis dit que mon expérience, assez variée – j’ai notamment été chargé de mission auprès d’un président d’université, puis président du Conseil national des universités pour les sciences de gestion et maintenant directeur de l'IAE de Paris – pouvait être utile au réseau. Je suis diplômé de l'IAE de Bordeaux, et ai été successivement en poste dans ceux de Tours, Bordeaux et Paris.

Eric Lamarque, directeur de l'IAE de Paris
Eric Lamarque, directeur de l'IAE de Paris © IAE de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne

Tous mes homologues étaient également d'accord avec l’idée de renforcer la place des IAE dans l’enseignement de gestion à l’université. J’ai constitué autour de moi une équipe sur laquelle je vais m’appuyer pour porter ce message.

Dans le projet que vous avez présenté à vos pairs lors de votre élection, vous dressez un constat sans concession de la place réservée par certaines universités à leur IAE... Quels seront vos chantiers prioritaires pour y remédier ?

L’équipe sortante a accompli un excellent travail en matière de structuration interne, d’animation, de communication et de reconnaissance du réseau auprès des médias. Il faudra le poursuivre. Malgré tous ses efforts, notre Réseau ne bénéficie pas encore de la reconnaissance institutionnelle qu’il mérite.

D’un endroit à l’autre, la situation des IAE est très variable. Ainsi, certains présidents d'universités sont ravis que l’enseignement supérieur de la gestion, qui souffre depuis toujours d’un déficit de crédibilité au sein du milieu universitaire, soit laissé à des écoles privées. Un jour, un président d’université m’a dit : "La gestion, ce n’est pas de la science".

Il semblerait ainsi qu’à Valencienne, l’université ne souhaite pas nommer un nouveau directeur... Tout en désignant un directeur, la plupart des universités prélèvent nos excédents pour les reverser dans le pot commun.

À Bordeaux, je considère que tout est fait pour cantonner l'IAE au statut d’une composante banale, en lui enlevant le plus gros de son autonomie de décision. Ailleurs, comme à Tours, l'IAE n’est qu’un département de faculté.

Les IAE ne répondront pas seuls à la demande de formation en gestion. Face à un secteur privé très actif, j'appelle à un traitement équitable, c’est tout !

Cela ne leur permet pas de s’organiser pour répondre à la concurrence du privé. Sans compter les répercussions sur les équipes qui ne comprennent pas pourquoi on leur crée des difficultés, alors qu'elles souhaitent contribuer au développement de leur université. Je suis bien conscient que les IAE ne répondront pas seuls à la demande de formation en gestion, mais face à un secteur privé très actif, j'appelle à un traitement équitable, c’est tout !

Comment parvenir à cette égalité de traitement ?

Dès ma prise de fonction le 1er juillet, je vais lancer un travail sur la structuration du Réseau, qui débouchera à la rentrée, sur un plan d’action. Il s’agit d’abord de répondre aux demandes des trois nouveaux instituts qui frappent à la porte : Toulon, qui a demandé sa réintégration, la faculté de gestion d’Angers, qui souhaite devenir un IAE, et l’USVQ, qui a créé l’IAE-ISM (Institut supérieur du management), à Versailles.

Ensuite, il s’agit de mieux structurer ce réseau, qui rassemble des établissements aux statuts très divers et de permettre à un peloton de tête d’obtenir des labels. À terme, il faudrait que les IAE, à la manière du réseau Polytech, puissent devenir des écoles intégrées aux universités.

Dès maintenant, je pense que dix à quinze IAE – Toulouse, Bordeaux, Dijon, Lyon, Paris, Lille… – devraient être mesure d'obtenir des accréditations internationales, et d'intégrer la Conférence des grandes écoles. La CGE compte de nombreux établissements publics, parmi lesquels des écoles d’ingénieurs, le Celsa ou Paris-Dauphine, mais aucun IAE. D'ailleurs, malgré une demande faite en 2005 par l'IAE de Paris, nous n’avons jamais reçu de réponse !

Pourquoi est-ce si important, selon vous, d’intégrer la CGE ?

C’est un label qui permettrait de signaler à un président d’université l’existence d’une grande école au sein de son dispositif. S’il entend le diluer, il prend alors la responsabilité de faire disparaître une grande école...Ce n’est pas rien !

Et concernant les accréditations, comment comptez-vous vous y prendre ?

Virginie de Barnier, la directrice de l’IAE d’Aix-Marseille, seul institut détenteur d’Equis, est chargée du dossier. Elle va voir dans quelle mesure mener une action coordonnée, sachant qu’il s’agit d'un processus très coûteux. Les accréditations sont surtout utiles pour nouer des accords internationaux et attirer des étudiants étrangers. À l'IAE de Paris, avec le label Sorbonne aucun partenaire potentiel ne m’a jamais demandé la moindre accréditation à ce jour...

Comment allez-vous animer le Réseau ?

Il ne s’agit pas de classer ni de comparer les IAE, cela n’aurait aucun sens. L’idée est de développer une approche coopérative afin de tirer tout le monde vers le haut, à travers notamment des coopérations territoriales.

L’IAE de Paris a ainsi signé un accord avec celui de la Réunion qui a débouché sur la construction d’un master commun. Nous sommes aussi en discussion avec deux autres instituts afin de créer un projet de recherche commun, basé à Paris.

Cécile Peltier | Publié le