ESC : les candidats aux concours profitent des « offres promotionnelles »

Géraldine Dauvergne Publié le
Afin d’augmenter leur vivier de candidats, les grandes écoles de commerce ont conclu des « alliances promotionnelles ». Une stratégie qui rencontre un succès certain… du moins au moment des épreuves écrites.

Jamais les élèves de prépas HEC n’ont à ce point multiplié leurs candidatures. Un candidat s’inscrivait en moyenne à huit écoles de la BCE (banque commune d’épreuves, dite « banque HEC ») en 2007 et 2008. Cette année, le candidat moyen se présente à plus de dix ESC.

Les boursiers multiplient les candidatures

Ceux qui cumulent le plus de candidatures sont les boursiers, pour lesquels les inscriptions aux concours sont désormais entièrement gratuites. Alors que ceux-ci choisissaient neuf écoles en moyenne en 2007, ils n’ont pas hésité à présenter leur candidature à quatorze ESC (13,7 en moyenne exactement) en 2009.

De bénéfiques alliances pour les EM strasbourgeoise et normande

Deux écoles ont plus que doublé cette année le nombre de leurs candidats : +140 % à l’Ecole de Management de Strasbourg, + 130% à l’Ecole de Management de Normandie. Celles-ci ont rejoint cette année des « alliances » d’écoles au sein de la BCE, qui proposent les mêmes épreuves écrites à leurs candidats communs, pour un tarif unique ou dégressif. « Nous voulions simplifier la vie des étudiants et les aider financièrement, tout en augmentant le vivier de nos candidats, explique Babak Mehmanpazir, directeur délégué du programme grande école de l’EM Strasbourg. Nous sommes donc entrés dans l’alliance avec les ESC de Dijon, Rennes et Clermont. Notre objectif était de dépasser les 4000 candidats, nous en avons cumulé 4400. »

Un constat qui rejoint en partie celui de Jean-Guy Bernard, directeur général de l’Ecole de Management de Normandie. Son établissement recrute depuis 2007, à la fois au niveau du bac et de la prépa, ce qui avait quelque peu brouillé l’image de son établissement les années précédentes. « Notre stratégie d’alliance avec les ESC Troyes, La Rochelle, Saint-Etienne et Chambéry a permis d’augmenter le nombre de nos candidats, confirme Jean-Guy Bernard. Mais le principe du tarif dégressif montre que les candidats qui nous ont choisi reconnaissent désormais notre modèle institutionnel. »  

Casser les prix ?  

L’ESC Bretagne Brest ne fait partie d’aucune alliance, mais double quasiment son vivier de candidats. « Nous voulions de vrais candidats, qui font l’effort de choisir notre école », souligne Gérard Gimenez, directeur général de l’école. Cependant, l’école brestoise confrontée à la concurrence des écoles « groupées » a dû revoir sérieusement à la baisse le tarif d’inscription à son concours. « Nous ne voulions pas être plus chers que les autres, admet Gérard Gimenez. Nous avons aligné notre prix sur celui des écoles qui se groupaient. »

L'exception amiénoise

Ce n’est pas le cas de l’ESC Amiens, qui voit pourtant le nombre de ses candidats augmenter de 60 % cette année, sans alliance ni promotion sur le tarif du concours. Roger Davis veut y voir l’effet de la qualité de l’offre de l’établissement qu’il dirige. « Les élèves ont postulé chez nous notamment pour les filières sciences po, lettres modernes, musique et théâtre… Le nombre de candidats littéraires a augmenté chez nous, alors qu’il baisse partout ailleurs. Notre offre, atypique, est bien comprise par les candidats. » Cependant l’argument financier a dû jouer là encore. « Les boursiers savent qu’ils peuvent faire chez nous la totalité du cursus sans payer de droits de scolarité, grâce à un montage financier mêlant exonération des droits et apprentissage », rappelle Roger Davis.

Telecom Ecole de Management pâti de sa nouvelle appellation

Telecom Ecole de Management est la seule des grandes écoles de management à avoir vu le nombre des candidatures à son concours se tasser (-1%). « Nos efforts de communication autour du changement de nom de notre école n’ont pas toujours été relayés dans les prépas, regrette Denis Lapert, directeur de l’ex-INT Management. Nous avons aussi augmenté nos droits de scolarité – qui restent cependant largement en-dessous de la moyenne des ESC. » Denis Lapert n’a pas choisi de conclure de stratégie d’alliance. « Les candidats partagés par les écoles au moment des épreuves écrites faussent quelque peu les chiffres, rappelle-t-il. Car au moment de l’oral, chaque candidat choisira vraiment son école. »   

Des élèves de prépas HEC chaque année plus nombreux

Les deux banques d’épreuves regroupant les ESC ont vu le nombre de leurs candidats progresser : 7486 candidats pour Ecricome cette année (au lieu de 7319 en 2008), et 9281 candidats (au lieu de 8728 l’an dernier) pour la BCE. La hausse du nombre des élèves de classes préparatoires économiques et commerciales se confirme depuis trois ans.

Cette population évolue quelque peu dans sa composition : les étudiants de la voie technologique sont toujours plus nombreux (+25 % de prépas « techno » à l’entrée des écoles de la BCE, +26% pour les Ecricome). Les khâgneux, en augmentation jusqu’à l’an dernier, sont un peu moins nombreux cette année. Enfin la proportion des élèves boursiers est passée de 15,6 % en 2007 à 20,3% en 2009. La gratuité des inscriptions aux concours des ESC pour ces candidats a certainement été décisive.

Géraldine Dauvergne | Publié le