Exclusif. Institut du service civique : l’appel de Martin Hirsch à l’enseignement supérieur

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Martin Hirsch, le président de l'Agence du service civique, lance dans les prochains jours le recrutement de la première promotion de l'Institut du service civique. Dans une lettre exclusive publiée par EducPros, l'ancien Haut-commissaire à la jeunesse appelle les responsables de l'enseignement supérieur à l'aider à faire reconnaître l'engagement civique comme une nouvelle forme d'excellence.

“Je m’adresse à vous, responsables de l’enseignement supérieur, car vous pouvez contribuer à faire émerger une nouvelle forme d’excellence.

"L’Institut du service civique est une réponse neuve à une vieille question : peut-on détecter l’excellence dans des parcours peu classiques ?"

L’Institut du service civique est une réponse neuve à une vieille question : peut-on véritablement valoriser l’engagement, détecter l’excellence dans des parcours peu classiques ? Nous avons imaginé l’institut pour cela. Une grande école ou une université dont la classe préparatoire serait l’engagement, et dont les lauréats seraient ceux qui, indépendamment de leur parcours scolaire, auraient montré pendant cette période d’engagement des aptitudes particulières à exercer des responsabilités, à se former, à mener à bien des projets originaux.

Le service civique a été créé par la loi du 10 mars 2010, votée à la quasi-unanimité du Parlement. Il permet à des jeunes de s’engager pour une période de six mois à un an, au service d’une cause d’intérêt général, auprès d’une association, d’une collectivité territoriale, d’un établissement public, en France ou à l’étranger. 6.000 jeunes se sont engagés en 2010, 15.000 en 2011, 25.000 en 2012. Ils devraient être 10 % d’une classe d’âge, soit 75.000 jeunes à partir de 2014. Il est ouvert à tous les jeunes : certains ont raté trois fois leur CAP, d’autres ont fait HEC, une école d’ingénieurs, certains sont au milieu de leurs études, d’autres n’en ont jamais commencé. 20 % d’entre eux viennent des zones urbaines sensibles et des zones d’éducation prioritaires. Ils choisissent leur mission, perçoivent une petite indemnité, et sont 90 % à en être satisfaits à la fin.

Ouverture d'un premier appel à candidatures

Aujourd’hui, nous ouvrons le premier appel à candidatures pour les jeunes qui terminent leur service civique ces jours-ci afin de constituer la première promotion de cet institut. L’entrée y sera très sélective, 150 lauréats sur 15.000 jeunes, mais les critères de détection privilégieront des aptitudes pas toujours mesurées dans les concours.

Ces lauréats accéderont à trois filières :
• une filière diplômante dans des établissements d’enseignement supérieur qui ont d’ores et déjà accepté d’être partenaires : trois universités, deux écoles d’ingénieurs, deux écoles de management, deux instituts du travail social, deux grands établissements et six instituts d’études politiques et quelques autres s’engagent à nos côtés ;
• une filière d’emploi avec des premières entreprises qui acceptent de puiser dans le vivier des lauréats comme elles puisent dans les ‘amphis retapes’ dans les universités et les grandes écoles ; une quinzaine d’entreprises ont d’ores et déjà dit oui ;
• une filière ‘projets’ pour ceux qui ont l’idée de créer une association, une entreprise, de monter un projet culturel ou artistique, ou un projet original de qualité qui ne rentre dans aucune case ; des mécènes les soutiendront.

Tous auront des enseignements communs sous forme de séminaires sur les grandes questions de citoyenneté dans le prolongement de leur service civique.

"On ne pourra pas faire plus divers que les lauréats de l’Institut du service civique"

Si ce projet difficile vous tente, vous pouvez nous aider. Nous avons rencontré des établissements qui ont connu des difficultés pour diversifier leur recrutement : on ne pourra pas faire plus divers que les lauréats de l’Institut du service civique. Certaines universités ou grandes écoles ne savent pas comment valoriser le service civique : accueillir des lauréats de l’institut est une bonne manière d’y parvenir.

Un projet pédagogique original

Nous aurons à construire un projet pédagogique original pour des lauréats dont le cursus scolaire, le parcours, les motivations sont très hétérogènes.

Nous aurons à pouvoir diversifier les filières de formation pour répondre à des attentes de lauréats qui ont pris pendant leur service civique, le goût d’apprendre, de servir et de construire.

Nous ferons tout pour que ce projet ne se casse pas la figure, malgré sa complexité et le grain de folie qu’il contient. Si la première promotion est un succès, nous montrerons qu’il est possible de faire accéder à des parcours exigeants des jeunes volontaires qui savent s’appuyer sur leur expérience d’engagement.

"Ces jeunes sans diplômes qui ont effectué un service civique auprès des sans-abri, on a envie de pouvoir les propulser dans un cursus valorisant"

Ces jeunes sans diplômes qui ont effectué un service civique auprès des sans-abri et ont su organiser avec autorité et doigté des activités pour des personnes à la rue, on a envie de pouvoir les propulser dans un cursus valorisant.

Ces jeunes des départements d’outre-mer qui connaissent un taux élevé de chômage et qui utilisent le service civique pour prouver leurs capacités, comme ils l’ont fait en luttant contre la dengue, on a envie de leur ouvrir des portes.

Ces jeunes volontaires qui découvrent, pendant la période de service civique, qu’ils ont envie d’exercer des responsabilités dans la sphère publique, politique ou associative, on a envie de les soutenir.

On souhaite qu’un jour, l’engagement civique soit une composante essentielle de l’excellence.

Vous pouvez mieux connaître l’Institut du service civique en allant sur le site institut-service-civique.fr  ou me contacter (Martin.HIRSCH@service-civique.gouv.fr ), vous pouvez nous proposer votre concours, celui de l’établissement d’enseignement supérieur auquel vous appartenez.

Je ne peux vous garantir qu’une chose : nous vous en serons reconnaissants et les jeunes du service civique aussi.”

A écouter :

strong>Un engagement solidaire peut-il remplacer une classe prépa ? L'interview de Martin Hirsch par Emmanuel Davidenkoff sur France Info

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