Grenoble EM tire le bilan de la crise pour préparer son avenir

Dahvia Ouadia Publié le
Grenoble EM tire le bilan de la crise pour préparer son avenir
Grenoble Ecole de Management réfléchit déjà aux différentes possibilités concernant la rentrée 2020. // ©  Francois HENRY/REA
Si des incertitudes demeurent sur les répercussions de la crise, il est temps pour Grenoble EM de tirer un premier bilan et les conséquences de cette période inédite. Entre préparation concrète de la rentrée, mise en place du plan stratégique 2020-25 ou encore mise en perspective des missions de l’établissement au sein de la société, l’école grenobloise prépare son avenir.

Avec le déconfinement, le temps est venu de préparer la rentrée. Si de nombreuses incertitudes demeurent, Grenoble EM a choisi d’anticiper. "On ne sait pas encore quand les étudiants seront disponibles ni quels seront les protocoles sanitaires, mais nous avons d’ores et déjà décidé de maintenir les dates de rentrée", résume Jean-François Fiorina, directeur adjoint de la grande école.

Concrètement, GEM prévoit que l'année 2020-2021 commence à distance et soit organisée en cycle de deux mois permettant de basculer vers un modèle hybride présentiel/distanciel si la situation le permet.

Différents scenarii pour préparer la rentrée

Au-delà de l’intégration des étudiants français dont les effectifs à venir sont à peu près stabilisés autour de 1.100 étudiants, la situation est plus complexe pour les étudiants étrangers dont les effectifs risquent de baisser. "Nous accueillons traditionnellement environ 1.200 étudiants étrangers. Mais cette année il y aura des différences selon les zones, notamment entre l’espace Schengen et hors espace Schengen", analyse Jean-François Fiorina.

L'école grenobloise ne sait pas non plus "quelles seront les conditions d’obtention des visas selon les pays, quand les lignes aériennes vont rouvrir, ni les frontières. Les incertitudes demeurent".

Pour y pallier, GEM prépare différents scenarii de rentrées qui reposent tous sur un principe de base : les rentrées sont maintenues aux dates prévues. "Nous voulons de la flexibilité sachant que l’année doit démarrer normalement aux dates prévues. Nous voulons aussi assurer la qualité pédagogique de nos enseignements, or, elle risque d’être compromise par des protocoles sanitaires trop contraignants. C’est pourquoi le choix de démarrer l’année par des cours à distance s’est imposé", résume Jean-François Fiorina.

Avec cette décision, l’école espère permettre aux enseignants, étudiants et personnels de se projeter dès maintenant sur l’organisation de la rentrée.

Les conséquences du Covid-19 sur les modèles pédagogiques

Pour Jean-François Fiorina, le coronavirus aura des conséquences sur les modèles pédagogiques de GEM. "Les étudiants seront davantage mobilisés sur des expériences pédagogiques. Il nous faudra réfléchir à organiser des événements à distance, comme les hackathons, dans une logique d’optimisation de l’apprentissage."

Par ailleurs, de nouveaux cours pourront s’intéresser à des nouvelles compétences liées au coronavirus, notamment sur le travail à distance, mais aussi le management à distance ou encore la gestion des conflits. "Le télétravail va devenir la norme dans les entreprises et il faut le prendre en compte."

L’humain va être au centre de ces réflexions. "Paradoxalement plus on va déployer du distanciel, plus la question de l’humain va être fondamentale", estime Dominique Steiler, titulaire de la chaire paix économique à GEM.

Un plan stratégique qui évolue

D’un point de vue stratégique, l’école prend aussi en considération la crise sanitaire et ses conséquences sur son modèle. D’autant que GEM avait lancé en janvier 2020 son nouveau plan stratégique censé guider les cinq années à venir.

"Cette période doit nous servir d’accélérateur pour nous réinventer, estime Loïck Roche, directeur général de GEM. Nous sommes une business school for society qui estime que le futur sera caractérisé par une digitalisation augmentée. La complexité et l’incertitude actuelle nous poussent à nous interroger sur notre rôle en tant que business school. Cette stratégie va nous aider à court et moyen terme à y voir plus clair."

Elaboré en collaboration avec les différentes parties prenantes, le plan stratégique repose sur cinq piliers. "Les trois premiers axes sont liés à nos expertises et à notre identité", résume Julie Perrin-Hallot, directrice qualité, stratégie et international à GEM. Il s’agit de :

  • MTI (Management Technologique et Innovation) dont l’objectif est d’enrichir et diffuser le management de la technologie et de l’innovation pour garantir aux organisations un développement durable, moteur de prospérité et de paix.

  • GEM for society dont l’idée est d’avoir un impact positif et différenciant sur la société, et accompagner nos parties prenantes à être des acteurs engagés et responsables.

  • École du futur qui consiste à imaginer et bâtir l’école de demain.

Les deux autres axes sont plus liés au contexte. L’excellence opérationnelle s’intéresse au bien-être au travail et à l’efficacité et les nouveaux business models concernent la sortie de crise. "Comment on survit et on prospère, après cette crise", résume la directrice. Un vaste sujet qui s’ouvre…


La paix économique, un concept toujours d'actualité

Dominique Steiler, titulaire de la chaire paix économique à Grenoble EM, revient sur le concept de paix économique né après la crise financière de 2008. Douze ans et une crise sanitaire et économique plus tard, ce concept a-t-il toujours lieu d’être ?

Le projet de paix économique vise à proposer "une économie respectueuse et au service de la vie", résume le chercheur. "Si une entreprise est évaluée sur ses bénéfices (un bienfait étymologiquement), il s'agit de l’accompagner pour qu’elle réduise dans ce chiffre financier la part de préjudices (stress, dépression, suicide, rupture du lien social, déplacement de population, précarisation…) qui y est encore présente."

La paix économique peut ainsi constituer "une alternative à un mode de fonctionnement des affaires basé sur l’hypercompétition, l’hyperconsommation, l’individualisme exacerbé et la recherche unique du profit."

Une remise en question du modèle capitaliste qui est aussi interrogée au lendemain de la crise sanitaire.

Dahvia Ouadia | Publié le