Grève dans les universités : les présidents se veulent pédagogues

Maëlle Flot Publié le

« Faut-il avoir peur des présidents d’université ? » . Sous ce titre délibérément provocateur, le bureau de la Conférence des présidents d'université (CPU) a diffusé le 3 février 2009 un texte mettant à mal les principales objections au projet de modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs. Les présidents montrent ainsi leur soutien à la politique de Valérie Pécresse, tout du moins à la version retravaillée du décret, un mois après avoir écrit une lettre au Président de la République critique sur la méthode employée par la ministre. Ce texte est diffusé la veille d’une rencontre entre la CPU et la ministre.

Une charte des meilleures pratiques

La CPU rappelle dans son communiqué qu’elle s’est déjà engagée à établir « une charte des meilleures pratiques, en concertation avec les représentants des grands domaines de formation et de recherche et avec la Conférence permanente du CNU ». Cette charte constituera une garantie que « la modulation des services permettra effectivement de prendre en compte la diversité des tâches, qu’elles seront effectivement toutes évaluées, et que les équilibres entre ces différents types d’activités seront appréciés à l’intérieur du cadre général des 1607 heures annuels de la Fonction publique, et pas exclusivement exprimés par une variation du nombre d’heures d’enseignement ».

Les bienfaits d'une RH au niveau local

« Le niveau local, écrit le bureau de la CPU, est le bon niveau d’appréciation de la façon dont un universitaire accomplit aujourd’hui son service (…) ». Un parfait écho aux propos de la ministre le matin même lors de sa conférence de presse de présentation du volet enseignement supérieur et recherche du plan de relance de l'économie. "La bonne gestion des ressources humaines doit aujourd'hui se faire au niveau local avec un projet individuel pour les enseigants-chercheurs, ce qui est impossible actuellement", a-t-elle déclaré. "Le retrait serait un recul pour les enseignants-chercheurs", a-t-elle insisté.

Les présidents d'université devraient être en première ligne pour expliquer dans leurs établissements la réforme du statut que Valérie Pécresse veut faire passer. Une réforme réclamée depuis longtemps par les présidents et qui concrétise le passage des universités à l'autonomie.

Pour la CPU, le projet de texte actuel encadre le pouvoir du président

Les opposants à Valérie Pécresse évoquent des risques de « toute puissance », « d’arbitraire » ou « d’absence de contre-pouvoir ». Le communiqué de la CPU envoyé le 3 février 2008 veut démontrer le contraire. « Le président est pourtant un enseignant-chercheur, chercheur ou assimilé, élu par les membres élus du conseil d’administration, etc., rappelle le bureau de la CPU. (Les présidents) n’ignorent pas qu’ils reviendront de manière plus intensive à l’enseignement et à la recherche à l’issue de leur mandat de quatre ans (renouvelable une fois) et n’ont aucun désir, pas plus qu’aucun de leurs collègues, que leur propre liberté d’enseigner et de chercher soit encadrée de façon arbitraire ».
Projet de décret à l'appui, la CPU indique que le pouvoir du président est encadré par le " minimum de service (42 heures de cours magistral), l’impossibilité d’attribuer un service supérieur au service statutaire si « les activités d’un enseignant-chercheur sont favorablement évaluées par le CNU » (donc par les pairs) et par « la possibilité pour un enseignant-chercheur de demander un nouvel examen » du service proposé auprès du conseil des études et de la vie universitaire (CEVU) et du conseil scientifique".        

Maëlle Flot | Publié le