Inscriptions dans les écoles d'ingénieurs postbac : la nouvelle donne

Sylvie Lecherbonnier Publié le
Inscriptions dans les écoles d'ingénieurs postbac : la nouvelle donne
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Ecoles d’ingénieurs et écoles de commerce bénéficieront-elles indirectement du long mouvement au sein des universités ? Les candidatures des futurs bacheliers 2009 à l’entrée des écoles postbac révèlent une réalité nuancée. Après les écoles de commerce, nous vous proposons un décryptage de la situation dans les écoles d'ingénieurs.

Sur le front des candidatures, les écoles d’ingénieurs postbac entrevoient une embellie, avec des statistiques au beau fixe en 2009 : + 20 % pour les 23 écoles du concours GEIPI-Polytech , + 10 % pour les 5 INSA , + 15 % pour les 19 établissements de la FESIC , stabilité pour les 37 écoles du portail www.grandesecoles-postbac.fr .

Ecoles d’ingénieurs : bonus en temps de crise

La crise financière profiterait-elle aux formations d’ingénieurs ? Difficile d’être aussi tranché. Mais les écoles d’ingénieurs notent une évolution de leur image. « Les difficultés économiques ont rappelé que le métier d’ingénieur était une valeur sûre, moins susceptible d’être touché par la crise que d’autres professions », analyse Bertrand Bonte, président du bureau GEIPI-Polytech. Nelly Rouyres, directrice adjointe de l’ECE (Ecole centrale d’électronique), renchérit : « le discours que nous tenons depuis des années sur les belles carrières des ingénieurs commence à être entendu, même s’il existe encore de grandes marges de progression. »

Sites d’inscriptions : des stratégies risquées

Pourtant, le paysage éclaté ne facilite pas la vie des candidats. Pour s’inscrire dans une soixantaine d’écoles d’ingénieurs, il faut se rendre sur le site www.admission-postbac.fr (APB). Pour 37 autres écoles, le portail s’appelle www.grandesecoles-postbac.fr (GEPB). Enfin, certains établissements ont choisi une troisième voie : conserver un système propre. Dans cet imbroglio, les écoles présentes sur www.admission-postbac.fr ont profité cette année du battage médiatique autour du « site unique » d’inscription. Exemple avec l’ESIEA . Cette école a fait le choix de quitter GEPB pour rejoindre APB en 2009. Résultat ? Une augmentation de 15 % du nombre de candidats. Dominique Houdayer, la directrice de la communication, le confirme : « Admission post-bac nous apporte une visibilité supplémentaire indéniable ».

Néanmoins, GEPB limite la casse. Pour les acteurs du portail, « l’ouverture d’admission-postbac en 2009 à un plus grand nombre de formations accompagnée d’une campagne de communication de très vaste envergure, au niveau national, aurait pu inciter les lycéens à ne privilégier qu’un seul site d’inscription et cela n’a pas été le cas ».

Multiplication des candidatures

Au-delà de l’impact, sans doute modeste, de la crise financière, les lycéens ont été sensibles à toutes les initiatives qui leur permettaient d’augmenter leurs chances de succès. La preuve ? Le nouveau concours GEIPI-Polytech, issus de la fusion des deux concours éponymes, dépasse les 7 000 inscrits. « Les candidats paient 70 euros d’inscription, passent un seul concours et peuvent avoir accès à 23 écoles. Cette offre rationalisée fait la différence », selon Bertrand Bonte.

L’angoisse de ne pas accéder à la filière de leur choix a aussi conduit les élèves de terminale à multiplier les voeux. Sur le portail GEPB, si le nombre global de candidats est stable, le nombre de candidatures par jeune est en hausse de plus de 20 %. Une multiplication des chances qui a un coût. Pour Alexandre Recchia, responsable du recrutement à l’EPF , « il ne faut pas se voiler la face. Les personnes qui s’inscrivent chez nous sont plutôt issues de milieux favorisés. Les familles préfèrent se priver sur d’autres postes de dépenses (les vacances, la voiture) que sur les études des enfants. »

Au final, Dominique Houdayer relativise : « Rien n’est joué tant que le lycéen n’a pas effectué son choix final. Nous saurons vraiment ce qu’il en est fin juillet. »  Une prudence partagée par toutes les écoles interrogées. Car si les candidats ont multiplié les vœux, ils ne feront leur rentrée que dans un seul établissement en septembre prochain.



Sylvie Lecherbonnier | Publié le