Inscriptions dans les écoles de commerce postbac : la nouvelle donne

Géraldine Dauvergne Publié le
Inscriptions dans les écoles de commerce postbac : la nouvelle donne
Un étudiant à l'université // © 
Ecoles d’ingénieurs et écoles de commerce bénéficieront-elles indirectement du long mouvement au sein des universités ? Les candidatures des futurs bacheliers 2009 à l’entrée des écoles postbac révèlent une réalité nuancée. Nous vous proposons un décryptage en deux parties. Premier volet : les écoles de commerce.

Les deux plus grands concours postbac des écoles de commerce enregistrent en 2009 un tassement du nombre des candidats : 3 % de candidats en moins pour Accès , quelque 6 % en moins pour Sesame .

« Cette baisse doit être relativisée, rappelle Catherine Leblanc, directrice générale de l’ESSCA . Car elle intervient après deux années de très forte hausse des candidats pour le concours Accès : + 36 % en 2007, + 14,5 % en 2008 ». Même prudence de Jean Meimon, président de l’ESCE et du concours Sésame. « Le nombre de candidats aux écoles du concours Sésame était en progression permanente depuis sa création, en 1992. Sur les quatre dernières années, nous avons connu des progressions de 12 % à 17 % par an. Cette année, la régression n’est vraiment pas significative. »

Ecoles de commerce : moins de candidats

Si tous les responsables d’écoles et de concours s’entendent sur le constat, sur les raisons de ce recul, cependant, chacun a son interprétation. Jean-Guy Bernard, directeur général de l’Ecole de Management de Normandie , y voit d’abord l’effet de la démographie. Car le nombre de bacheliers baisse légèrement depuis deux ans. « Après plusieurs années de progression exponentielle, il arrive un moment où la croissance ralentit, surtout maintenant que ce sont des tranches creuses qui sont concernées ». 

La conjoncture expliquerait, elle aussi, le tassement des candidatures dans ces établissements payants (200 à 400 € pour le concours, puis 6000 à 8000 € l’année d’études). « Les études dans nos écoles se déroulent sur quatre à cinq ans, rappelle Jean Meimon. C’est un budget important pour les familles. La crise touche d’abord les cadres et professions libérales, milieux d’où sont issus la majeure partie de nos effectifs. »

Mais pour Catherine Leblanc, ce relatif recul trouve sa source dans la concurrence accrue des formations sur le marché postbac. « L’offre n’a cessé de se diversifier ces dernières années, constate la directrice de l’ESSCA. Les bachelors en trois ans, les EGC (réseau des écoles de gestion et de commerce), les licences professionnelles, les classes préparatoires et même les écoles d’ingénieurs puisent dans le même vivier que nous ».

Une offre pléthorique au niveau du bac

De fait, le concours Atout +3 , qui regroupe treize « bachelors », cursus en trois ans développés par les grandes écoles de commerce consulaires, a enregistré une progression de 20 % du nombre de candidats cette année. « Pour beaucoup de jeunes, il est stratégiquement plus intéressant de décrocher un premier diplôme à bac+3, puis de rejoindre une ESC en admission parallèle », explique Jean-Guy Bernard, dont le groupe dispense un bachelor en trois ans.

Cet intérêt accru pour les « chemins de traverse » est visible à travers les vives discussions des (futurs) étudiants d’écoles de commerce sur les forums spécialisés. « On a rarement autant conseillé sur les admissions parallèles via Tremplin et Passerelle , assure un habitué de ces forums. Ces concours entament le marché des prépas et des écoles postbac. Car faire un IUT ou une licence, puis passer l’un de ces concours, c’est très intéressant : pas de pression comme en prépa, pas de coût comme dans les écoles postbac, et plus de chances d’intégrer de bonnes écoles… Le calcul est vite fait. En plus, avec l’augmentation passée du nombre de candidats aux concours Accès et Sésame, analysée comme une hausse de la sélectivité, les lycéens ont tout simplement peur d’échouer.»

Des écoles toujours incontournables

Les « grandes écoles de commerce postbac » ne se font pas de souci pour autant. «  L’ESSCA a maintenu une sélectivité de plus de douze candidats par place ouverte, se félicite Catherine Leblanc. Notre objectif pour les années à venir est de continuer à drainer environ 5000 candidats, d’autant que nous n’avons pas l’intention d’augmenter nos promotions. » Jean Meimon se veut lui aussi très rassurant : « En terme d’image et de notoriété, les écoles de notre concours sont incontournables pour les bacheliers. Au niveau régional surtout, elles constituent une offre de grande qualité pour ceux qui souhaitent limiter les frais de logement et de transport. »

L’Ecole de Management de Normandie est l’une des rares écoles qui continue de voir progresser le nombre de ses candidats au niveau bac. Jean-Guy Bernard se garde bien de crier victoire. « La progression de cette année est moitié moindre que celle de l’an dernier. Nous allons assister à une stabilisation du marché. Le fait que notre école délivre le grade de master depuis deux ans continue de jouer en notre faveur cette année. Les familles préfèrent avoir une reconnaissance à la mesure de l’effort financier qu’elles ont consenti. »

Candidatures aux écoles de commerce postbac : la fin des progressions à deux chiffres

Les inscriptions aux concours d’entrée des écoles postbac cachent des disparités plus marquées entre les écoles de commerce.

Ainsi, le concours Accès a enregistré cette année 6642 candidats, au lieu de 6870 l’an dernier, soit une baisse générale, limitée, de 3 %. Deux des trois écoles ouvertes par ce concours réalisent des performances moins bonnes que l’an passé, la troisième progresse nettement. L’ESDES voit le nombre de ses candidats décliner de 4 % (2995 en 2009 pour 3122 en 2008), l’ESSCA de 5,5 % (5175 en 2009 au lieu de 5478 en 2008). L’IESEG est la seule à en attirer davantage : 5378 au lieu de 4886, soit une hausse de 10 %.

Le concours Sesame, de son côté, a perdu 6 % de candidats : 6699 en 2009 au lieu de 7114 l’année dernière. Là encore, le sort des sept écoles du concours diffère. Cinq font moins bien que l’an dernier : le CESEM de Reims (- 14 %), l’IFI Rouen (- 9 %), l’EPSCI à Cergy (- 9 %), le CeseMed Marseille, l’ESCE à Paris et Lyon. L’EBP International à Bordeaux et surtout EM Normandie en revanche augmentent le nombre de leurs candidats.

Géraldine Dauvergne | Publié le