Insertion professionnelle des diplômés d’université : le ministère publie sa deuxième enquête

Fabienne Guimont et Mathieu Oui Publié le
Pour la deuxième année consécutive, le ministère de l’enseignement supérieur publie les taux d’emploi des diplômés des universités (DUT, licences professionnelles et masters). Selon l'enquête, 30 après leur diplôme, ils sont 92,25% à avoir un travail. Des résultats globaux qui ont été publiés sous forme de classement disciplinaire par Le Point . Ce choix d’un ranking est critiqué par la communauté universitaire qui juge réductrice la méthodologie de l'hebdomadaire.

Insertion et proportion de cadres


Au plan national, les taux d’insertion des DUT et des masters atteignent 91% quand celui des licences professionnelles plafonne à 92%. Les écarts entre disciplines varient sensiblement : de 93% en Droit, Economie, Gestion, à 92% en Sciences, Techniques et Santé STS, 90% en Sciences humaines et sociales et 87% en Langues, Lettres et Arts. Les écarts entre universités ne sont pas considérables. Outre les taux d’insertion, le ministère publie aussi la proportion de cadres et professions intermédiaires. En revanche, elle ne donne pas d’informations sur les salaires. La troisième édition de l’enquête devrait intégrer cet indicateur.

Enquête par questionnaire auprès des anciens


Pour réaliser cette enquête, le ministère adresse un questionnaire aux universités qui le transfèrent à leur tour à leurs anciens étudiants. Le taux de réponses des diplômés est donc déterminant dans la validité des résultats. A titre d’exemple, sur les 1353 questionnaires adressés par Paris 8, l’établissement a reçu 370 réponses (soit un taux de retour de 34,5%).
Parmi les bémols à apporter à ces résultats : ils ne concernent que les étudiants diplômés, qui n’ont pas poursuivi d’études après leur diplôme et écartent les étudiants qui sortent en cours de cursus. Au final, la population considérée ne porte que sur 38% des diplômés de master, 58% des diplômés de licences professionnelles et seulement 15% des DUT (qui poursuivent en large majorité leurs études).

Taux d’actifs employés


L’enquête ne mesure pas un taux d’emploi (qui porterait sur l’ensemble des diplômés) mais un taux d’actifs employés (rapporté à la seule population active). Un autre bémol à cette enquête concerne les filières lettres, langues et arts : le nombre insuffisant de réponses expliquent le côté très lacunaire de l’enquête. Dans ce domaine, plusieurs universités affichent des résultats « NS » (non significatifs), correspondants à moins de 30 réponses collectées. Ce sont aussi des taux de réponses insuffisant qui expliquent l’absence d’une poignée d’établissements.

Des informations à affiner

«La publication de cette enquête multicritères va plutôt dans le bon sens mais il faudrait encore la compléter par d’autres éléments » estime Stéphane Jugnot, statisticien spécialiste des enquêtes d’insertion. Selon ce dernier, des informations sur la poursuite d’études seraient très utiles et complémentaires, mais aussi sur les parcours au sein de l’université, les taux de réussite aux diplômes ou encore sur la sélectivité à l’entrée de certaines filières. Car la qualité de l’insertion professionnelle des diplômé ne suffit pas à elle seule à juger de la qualité d’un établissement » indiquent Dominique Epiphane et Stéphane Jugnot dans une étude récente du Céreq.
 
Louis Vogel, président de la CPU (Conférence des présidents d’université) émet des réserves sur la méthodologie du classement du Point mais estime qu’on « peut se fier à l’enquête du ministère et à l’importance des taux d’insertion professionnelle des diplômés d'université ».

« Les taux de réponse et la méthodologie de cette édition sont corrects », renchérit Marc Boudier, membre du groupe de travail sur l’insertion professionnelle au ministère et responsable de l’OVE de Toulouse 1. « En revanche, on ne prend en compte que les diplômés qui n’ont pas continué leurs études donc pour les DUT, c’est une population réduite. Par ailleurs, mélanger licences pro, master et DUT comme le fait Le Point peut être contestable : ce n’est ni le même niveau d’études, ni le même profil d’étudiant entre celui qui entre sur le marché du travail avec un DUT sans poursuite d’études et un diplômé de master ». L’enquête ne prend pas non plus en compte le marché du travail variable selon les régions, avec une prime connue à l’Ile-de-France pour s’insérer.  

Pour une harmonisation des critères

Autre critique portée notamment par Stéphane Jugnot , l’impossibilité de comparer ces résultats avec les enquêtes d’insertion des grandes écoles dont les critères diffèrent. « L’enquête du ministère prend en compte l’insertion avec beaucoup de recul, 30 mois après la sortie alors que les écoles la mesure directement après le diplôme.»  Si l’objectif d’une telle enquête est d’informer les étudiants et leurs familles, il faudrait « intégrer les grandes écoles dans un dispositif unique et harmonisé à tout l’enseignement supérieur qui permette de réelles comparaisons », conclut Stéphane Jugnot.

Lire aussi

La chronique de Pierre Dubois, blogueur EducPros : Ne lisez pas l’enquête Masters 2008

En savoir plus

Communiqué de Laurent Wauquiez sur la 2ème enquête d’insertion professionnelle des diplômés des universités

Indicateurs par discipline

Caractéristiques des emplois occupés

Note de présentation de l'enquête du MESR

Méthodologie

Fabienne Guimont et Mathieu Oui | Publié le