L'université Pierre Mendès-France adopte les logiciels libres

Ludivine Coste Publié le
Pierre-Mendès-France à Grenoble est la première université française à soutenir publiquement les logiciels libres en adhérant à l’APRIL, association qui promeut et défend le logiciel libre.

« Il est important de préciser que nous ne sommes pas des ayatollahs des logiciels libres. Nous ne sommes pas dans une démarche du logiciel libre* à tout prix », prévient Gregory Mathès, directeur des services informatiques de l'UPMF.  « En tant qu’utilisateurs et développeurs de ce type de logiciels sur nos serveurs depuis quelques années, nous avons simplement voulu qu’il y ait un retour vers cette communauté ».

Adapter les logiciels aux besoins de l’université

Pour l'université Pierre Mendès-France, cette prise de position ne change pas sa priorité : offrir des solutions informatiques en adéquation avec ses besoins. Quels sont les logiciels les mieux adaptés à telle ou telle situation reste, selon Gregory Mathès, la première question que se pose son service avant de choisir entre logiciels libres et commerciaux.

« Nous évaluons les logiciels sur différents critères : leur fonctionnalité, leur coût ou leur maintenance. Un critère comme la gratuité peut être intéressant au début mais parfois dans l’évolution du logiciel il ne l’est plus ». Pour preuve, Grenoble, qui est l’un des deux centres de numérisation des thèses en France, change actuellement son logiciel de gestion de document électronique. Ce nouveau logiciel permettra la numérisation des thèses avant leur mise sur micro fiches. « Si on prend un logiciel libre avec un contrat de maintenance sur 5 ans cela nous reviendra plus cher que de prendre un logiciel payant avec un contrat de maintenance intégré de 5 ans. Sur certains logiciels, on peut se permettre de ne pas prendre de contrat de maintenance mais ici, l’importance des données qui doivent être sauvegardées fait que c’est absolument hors de question ».

Penser aussi à l’insertion pro des étudiants

Comme toute université, l’UPMF respecte une démarche pédagogique et doit s’assurer qu’au sein de leur formation ses étudiants soient formés aux logiciels utiles à leur insertion professionnelle. « En statistique, nos étudiants doivent impérativement connaître les logiciels SPSS et SAS qui sont deux gros monstres avec des applications différentes. Ils doivent être également formés à Microsoft Office », souligne Gregory Mathès.

Du côté de l'APRIL(association de promotion et de défense du logiciel libre), on se réjouit de cette nouvelle adhésion. « Avoir des acteurs du monde universitaire au sein de notre association est important. Depuis longtemps nous avons de forts liens avec la recherche scientifique basés sur le partage de savoirs que nous avons en commun. Nous espérons, avec ces nouvelles adhésions, que d'ici quelques années cela créera un réseau entre les universitaires et les étudiants, avec une vraie émulation à la clé », explique Frédéric Couchet, son délégué général.

Des compétences à mobiliser en interne

Toutes les universités peuvent-elles se permettre d’affecter des ressources humaines au développement et à la maintenance de logiciels libres ? « Ce qui compte c’est la structuration des composantes. A l’université Joseph-Fourier ( Grenoble 1), ils ont choisi une structuration différente avec des relais locaux, des informaticiens, présents dans chacune de leurs composantes. Cela permet une vraie proximité. Nous, nous avons une équipe centrale, composée de 25 informaticiens, qui gère l'ensemble des composantes de l'université hormis deux IUT”.

Grâce à ce choix, l'UPMF optimise la gestion de ses ressources humaines : une opération ne se fait qu'une seule fois au niveau de la direction centrale. Du temps est ainsi dégagé pour que les informaticiens travaillent sur d'autres projets comme la rédaction ou la traduction de logiciels libres. Pour Gregory Mathès, le plus important est ailleurs : “Cela nous permet de pouvoir impulser une dynamique et une politique centrale. Si nous choisissons d'imposer l'utilisation de tel ou tel logiciel, la décision est prise et directement appliquée. C'est fondamental ».

* Dans le cas des logiciels libres, leur code source est accessible à tout internaute qui peut le faire évoluer, corriger ses bugs ou y ajouter de nouvelles fonctionnalités. Dans le cas d'un logiciel payant, seul son éditeur est autorisé à le modifier.



Qu’est-ce que l’APRIL ?
L'APRIL compte 4400 membres dont la grande majorité sont des particuliers mais aussi des entreprises, des collectivités ainsi que le département informatique de l'IUT de Vannes, l'Institut de Communication de l'université Lumière (Lyon 2) et le laboratoire Electronique Informatique et Image du CNRS.

Ludivine Coste | Publié le