La Catalogne, créatrice d’entreprises issues de l’université

Armand Chauvel Publié le
Plate-forme de contact entre chercheurs, gestionnaires et financiers, l’ACC1Ó, l’agence de promotion économique du gouvernement régional catalan, se révèle une puissante arme anti-crise.

Plus de 300 entreprises créées en 12 ans, dont 60% opérationnelles à ce jour. Malgré la crise qui sévit en Espagne, ACC1Ó, l'agence de promotion économique du gouvernement régional catalan, ne chôme pas. Spécialisée dans le soutien à la compétitivité des entreprises et à la captation d'investissements, l'agence consacre aussi une partie de son temps à la création de start up issues des laboratoires universitaires.

À l'affût d'opportunités économiques

Sur les 200 employés de l'agence, une cinquantaine, répartis dans une dizaine d'universités, passent au crible les recherches des labos, à l'affût d'opportunités économiques. "La Catalogne représente 1% de la production scientifique mondiale, ce qui est beaucoup compte tenu de sa taille", note Xavier Ferras, directeur de l'innovation entrepreneuriale au sein d'ACC1Ó.

Ces équipes de quatre ou cinq personnes, implantées sur les campus, doivent ensuite étudier les débouchés commerciaux, chercher un partenaire industriel, choisir la forme juridique la mieux adaptée et enfin réunir l'investissement nécessaire, en faisant éventuellement appel à des aides publiques. Durant le premier semestre 2012, 26 start up ont ainsi été constituées, lesquelles ont capté plus de 17 millions d'euros de capital.

170 millions d'euros de fonds privés

Même si ces start up ne sont pas son activité principale (1 million seulement sur les 200 millions d'euros de budget annuel en 2012), les résultats sont spectaculaires : depuis 2008, les entreprises nées de grandes universités locales telles que l'Université de Barcelone, l'Université autonome de Barcelone ou l'Université polytechnique de Catalogne, ont capté 170 millions d'euros de fonds privés. "Tout ­repose sur des tremplins technologiques, ces équipes permettent d'aider les chercheurs, peu enclins à se lancer spontanément dans les affaires", ­indique Xavier Ferras.

La biotechnologie et les TIC représentent chacune un tiers des projets, et la participation d'écoles de commerce barcelonaises réputées comme l'IESE ou l'ESADE permet d'obtenir un bon "mix" entre recherche et gestion. Des sociétés reconnues dans leur milieu comme Orizon Genomics (biotechnologie), Isoco (intelligence artificielle) ou Scytl (leader mondial en solutions logicielles de gestion électorale) sont le résultat de cette approche.

Freiner la fuite des cerveaux

Afin de favoriser l'émergence de nouvelles ­sociétés, l'agence souhaite réduire le risque financier lié à l'entrepreneuriat par la création de nouveaux outils. Par exemple, la Catalogne réfléchit à une nouvelle modalité de prêt : en cas d'échec, les entreprises n'auraient rien à rembourser, en cas de succès, elles rembourseraient au-dessus des conditions du marché. ACC1Ó va aussi chercher les investisseurs hors d'Espagne et n'a pas hésité à emmener 72 entreprises de biotechnologie à la dernière édition de Bio Boston, le principal salon mondial du secteur. Une politique qui, alors que l'Espagne est victime de l'une des pires fuites de cerveaux de son histoire, a aussi le mérite de fixer en Catalogne les chercheurs les plus talentueux.

Cependant, malgré la mise en place de ces structures, l'entrepreneuriat continue de faire peur à de nombreux chercheurs. "Aujourd'hui, sur 100 idées retenues, 60 débouchent sur un brevet et seulement 40 sur une société", reconnaît Xavier Ferras. Une solution pas si évidente que cela : le dépôt d'un brevet performant coûte tout de même 50.000 euros en moyenne. Dans ces conditions, la commercialisation est un enjeu majeur pour lequel ACC1Ó est en train de développer un réseau d'agents et de consultants privés.

Xavier Ferras est directeur de l'innovation entrepreneuriale au sein d'ACC1Ó. Basée à Barcelone et issue de la fusion en 2008 du Cidem et de la Copca, des organismes catalans dédiés à l'innovation et l'internationalisation, l'agence emploie 200 personnes pour un budget annuel de 200 millions d'euros.

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Armand Chauvel | Publié le