La Cdefi soumet 25 propositions aux candidats à l’élection présidentielle

Sophie Blitman Publié le
Les directeurs d’écoles d’ingénieurs veulent faire entendre leur voix dans la campagne présidentielle. Réindustrialisation et compétitivité économique, restructuration du paysage de l’enseignement supérieur, financement des établissements, recrutement des étudiants : telles sont les thématiques sur lesquelles la Cdefi (Conférence des directeurs d'écoles françaises d'ingénieurs) avance 25 propositions qui ne concernent pas seulement les écoles d’ingénieurs. Et attend que les candidats se prononcent sur ces sujets.


« L’industrie française a besoin que nous passions
de 30 000 à 40 000 ingénieurs
diplômés par an ».

C’est sous la forme d’une lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle que la Cdefi entre dans le débat. Une lettre signée de son président Christian Lerminiaux, où se lit la volonté que l’enseignement supérieur et la recherche ne soient pas considérés comme un sujet à part. Et d’appeler de ses vœux une « politique publique globale et volontariste axée sur le développement économique et social ».
Dans cette perspective, au-delà des revendications propres aux écoles, la Cdefi insiste sur la « nécessité de réindustrialiser » la France, rappelant que « l’industrie française a besoin que nous passions de 30 000 à 40 000 ingénieurs diplômés par an ». Voilà les objectifs à l’horizon 2020, déclinés à travers 25 propositions.

Créer de grands établissements technologiques

Soucieuse de contribuer à la réflexion sur la restructuration de l’enseignement supérieur en France, la Cdefi se prononce en faveur de « regroupements d’établissements » afin de renforcer non seulement leur visibilité, mais aussi leur lisibilité à l’étranger. Avec une proposition phare : « faire émerger 3 à 5 grands établissements technologiques », sur le modèle allemand ou américain. Côté gouvernance, ces établissements pourraient être présidés par toute personne extérieure ayant « vocation à enseigner dans un établissement d’enseignement supérieur ». Quant à la politique scientifique et pédagogique, elle serait alimentée par les propositions d’un sénat académique que la Cdefi souhaite créer, à l’instar de ce que le think tank Terra Nova, notamment, a suggéré pour les universités .

Augmenter la contribution des entreprises au financement de l’ESR

« Doubler la dépense annuelle moyenne de formation par étudiant en dix ans »

Sur la question des moyens dont disposent les établissements, la Cdefi estime nécessaire de doubler la dépense annuelle moyenne de formation par étudiant en dix ans afin, souligne-t-elle, de « ramener la situation française à la moyenne de nos principaux partenaires étrangers ». Une hausse financée à la fois par des droits d’inscription modulables pour tous les établissements d’enseignement supérieur en fonction de la situation sociale de chaque étudiant, et une plus grande participation des entreprises.
A ce sujet, la Cdefi confirme l’une des propositions annoncées par Christian Lerminiaux lors de l’assemblée générale de la Cdefi le 19 janvier 2011 : une entreprise pourra financer la formation d’un étudiant qui s’engagera, en contrepartie, à travailler au sein de cette entreprise pendant un certain temps. D’autre part, il s’agit d’augmenter la contribution des entreprises à l’apprentissage dont le développement est prôné : le seuil minimum serait alors relevé de 1 600 € à 3 000 € par apprenti.

Côté recherche, la Cdefi souhaite « réserver 20 % du Crédit impôt recherche rendu aux entreprises au financement des établissements d’enseignement supérieur et de recherche ». Cette mesure doit permettre de développer la recherche partenariale, tout en travaillant sur la valorisation de la double compétence ingénieur et docteur auprès des entreprises. C’est dans cette perspective que serait instauré un parcours sélectif « ingénierie pour l’entreprise » pour les doctorants en sciences et technologies, baptisé . En 2010, la Cdefi avait déjà évoqué l'idée d'un label « ingénierie pour l’entreprise ».

Instaurer une sélection fondée sur le classement


« Renforcer la sélection par un système d’orientation active »

Insistant sur la mission sociétale et le rôle d’ascenseur social de l’enseignement supérieur, la Cdefi propose de « renforcer la sélection par un système d’orientation active », et ce pour toutes les formations de niveau L, M et D. Cependant, précise-t-elle aussitôt, il ne s’agit pas d’exclure certains jeunes, mais de « réguler les flux » en fonction de leur classement : en effet, pour la Cdefi, les bacheliers pourront tous intégrer une formation d’enseignement supérieur.


Par ailleurs, comme elle l’avait également dit lors de son assemblée générale, la Cdefi souhaite encadrer l’emploi étudiant en créant un chèque-mission étudiant sur le modèle du chèque-mission associatif qui permettrait aux étudiants d’effectuer des missions pour leur établissement.

Recruter librement des étudiants étrangers et garantir aux diplômés l’accès à l’emploi

Alors que la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers a récemment mis le feu aux poudres, la Cdefi demande à ce que chaque établissement puisse choisir librement les étudiants étrangers qu’il souhaite recruter aux niveaux M et D : la « recherche de "talents" » est considérée comme une priorité dans la mesure où elle contribue à la compétitivité économique et industrielle du pays. Mais encore faut-il ensuite que ces talents restent en France. C’est pourquoi les directeurs d’écoles d’ingénieurs souhaitent « garantir à tout diplômé étranger issus d’une filière sélective de l’Enseignement supérieur français à niveau M et D, la possibilité de pouvoir travailler en France ».

Sophie Blitman | Publié le