La culture de projet a séduit les Français au colloque de l’EUA

De notre correspondant à Barcelone, Armand Chauvel Publié le
La culture de projet a séduit les Français au colloque de l’EUA
Université espagnole Salamanque // © 

L'harmonisation européenne de l'enseignement supérieur continue de susciter à la fois des craintes et des espoirs de changement de la part de la communauté universitaire. Les travaux de la conférence de l'EUA  (Assocation européenne des universités) qui s'est tenue à l'Universitat de Barcelona, fin mars 2008, ont permis d'échanger sur les pratiques de bonne gouvernance des universités.

Une culture de projets à inventer

« En France, quoique nos universités soient bonnes, il nous manque peut-être encore la culture du projet et de l’évaluation. En écoutant les témoignages de nos confrères européens, on réalise qu’il nous faut améliorer notre gouvernance et que pas mal d’universités étrangères ont déjà entrepris les chantiers qui nous attendent », affirme Stéphane Mottet, vice-président du conseil d’administration de l’université de Poitiers, l’un des participants français à la conférence de l’EUA.

Les travaux de celle-ci ont porté, entre autres, sur des aspects pratiques tels que le gain de taille critique, les clusters régionaux ou l’élaboration de plans stratégiques pour les universités. Sur ce dernier point, David J Drewry, président de l’université de Hull, dans le Yorkshire, a présenté le cas d’un plan sur cinq ans, élaboré avec l’appui d’un consultant externe et ayant donné naissance à une structure permanente de 6 personnes en charge de la veille stratégique. « S’il est difficile en France de recourir à un consultant, je retiens par contre l’idée de Strategic Development Unit », confie Philippe Olivier, directeur des relations internationales de Paris 13.

Fusionner pour mieux se positionner

Une autre expérience enrichissante est venue de Suisse, de l’université de Lausanne. Cette dernière a choisi il y a quatre ans de se recentrer sur les sciences sociales. Elle a dans un premier temps accepté de transférer ses chaires de sciences « dures » à l’Ecole Polytechnique de la même ville, puis de fusionner la pharmacie avec l’université de Genèves. Une stratégie jugée très positive par son recteur, Dominique Arlettaz. « Nous avons redéfini notre profil, renforcé nos liens avec nos deux partenaires, libéré des ressources qui nous ont permis de recruter 30 professeurs », a-t-il expliqué en substance.

Robert Aylett, vice-président de la London Metropolitan University, née de la fusion de l’UNL et de Guidhall, a cependant tenu à rappeler la difficulté de ce genre d’exercice : « fusionner est un processus brutal qu’il convient donc de mener avec le sourire. » Dans le cas de la London Metropolitan, l’une des clés du succès a été une imbrication accrue avec le tissu économique de la capitale anglaise. Dans la même lignée, l’expérience française du PRES UniversSud Paris, rapportée par son président, Xavier Chapuisat, a suscité un grand intérêt.

Des étudiants espagnols en trublions

Dans les couloirs de la vénérable Universitat de Barcelona, les participants avaient un certain mal à comprendre les motivations du petit groupe d’étudiants qui manifestaient dehors contre le processus de Bologne, dénonçant une «privatisation » de l’enseignement supérieur. « Ces étudiants considèrent Bologne comme un complot libéral de droite tandis qu’au Royaume Uni, ce processus est considéré comme une dangereuse idée gauchiste », a tenu à relativiser Peter Scott, le président de la Kingston University. Une manif qui semble néanmoins pointer du doigt un certain déficit de communication côté espagnol.

De notre correspondant à Barcelone, Armand Chauvel | Publié le