Fundraising : la fondation HEC devrait atteindre ses objectifs malgré la crise

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Fundraising : la fondation HEC devrait atteindre ses objectifs malgré la crise
Campus d'HEC // ©  HEC
Comme chaque année, la fondation HEC avait réuni à la rentrée ses donateurs à la CCIP de Paris. Malgré la crise qui n’épargne pas le mécénat, la fondation HEC approche en 2012 de ses objectifs de collecte sur cinq ans fixés à 100 millions d’euros fin 2013. Comment fait-elle ?



"La mobilisation de chacun des diplômés, selon ses moyens, sera la clef du succès." C’est le message réaffirmé par le président de la fondation HEC, Daniel Bernard, aux mécènes réunis le 28 septembre en convention annuelle sous les lustres en cristal et les ors de la CCIP (chambre de commerce et d’industrie de Paris). Un cadre luxueux à la hauteur des 300 grands noms présents dans la salle : anciens élèves ou patrons d’entreprise partenaires. Des mécènes, qui malgré la crise ont "maintenu leur soutien" à la fondation, qui devrait atteindre fin 2013 ses objectifs de collecte sur cinq ans.

"The campaign", lancée à l’automne 2008 à grand renfort de communication, a déjà permis grâce au lobbying actif de la fondation de lever 94 millions d’euros sur les 100 attendus fin 2013. En 2011, la fondation avait collecté 18 millions, dont 8 millions ont été affectés au financement de projets HEC, 4 millions capitalisés et 1 million imputé aux charges de fonctionnement.

Pour 2012, elle affiche déjà 14,8 millions de dons et promesses de dons : "si on exclut le don un peu exceptionnel de 6 millions d’euros effectué l’année dernière par une entreprise, nous sommes sur un rythme de croissance similaire à celui de l’année passée", explique Barbara de Colombe, déléguée générale de la fondation HEC.



6.000 donateurs

"La moitié des dons émane de personnes physiques"

Les raisons de ce succès ? Une réputation qui n’est plus à faire, un réseau d’anciens dynamique et de plus en plus international, des donateurs fidèles (entreprises et particuliers), sensibles au projet de la fondation relayé par une communication bien huilée. 50% des dons émanent de personnes physiques : 6.000 donateurs (dont 123 grands donateurs et 427 membres de clubs de donateurs), dont 95% sont des alumni "très attachés à l’école", remarque Barbara de Colombe.

Les entreprises, "elles, voient dans HEC un gisement de talents, mais aussi un espace de recherche et d'innovation pédagogique", poursuit-elle. En l’espace de deux ans, plus d’une dizaine de noms (Free, Mazars, Meetic, Pixmania Group, vente-privée.com, Price Minister, Safran, Total, Gide Loyrette, Google, France Télécom Orange, Webhelp, etc.) sont venir grossir les rangs des entreprises partenaires, désormais au nombre de 54.



Une politique active de créations de chaires

Pour les attirer, l’école mène notamment depuis plusieurs années une politique active de création de chaires. Plusieurs nouvelles (digital business, métiers du luxe et social business) ont encore vu le jour en 2011, avec derrière "la volonté de créer de nouveaux cursus pédagogiques", indique Barbara de Colombe. "Ces chaires, qui représentent 100 heures de cours, donnent accès aux étudiants à des certificats. Cela suscite l’intérêt des entreprises." La nouvelle chaire Google créée en janvier dernier s’inscrit dans cette démarche.



Une plus grande frilosité

"HEC reste une cause totalement légitime ;  c’est la cause de l’enseignement supérieur de haut niveau" Daniel Bernard

Toutefois, malgré ces bonnes performances, la fondation de la grande école n’est pas totalement épargnée par la morosité ambiante : "Même si l’impact de la crise ne se voit pas dans les chiffres, et même si HEC souffre peut-être moins que d’autres, on sent chez les donateurs  comme chez les entreprises une plus grande frilosité à s’engager sur 5 ans", reconnaît Barbara de Colombe. "Nous comprenons qu’il y ait des causes plus urgentes, que nous soutenons tout un chacun […], mais HEC reste une cause totalement légitime ;  c’est la cause de l’enseignement supérieur de haut niveau, […] c’est aussi l’une des seules manières de maintenir l’ascenseur social dans notre pays", ajoute Daniel Bernard.

Les inquiétudes qui règnent dans le milieu sur une possible remise en cause des avantages fiscaux liés au mécénat ne sont pas de nature à rassurer les mécènes, remarque Barbara de Colombe. Si le projet de loi de finances 2013 ne prévoit pas de remise en question pour l'année qui vient, le sujet pourrait bien revenir sur le devant de la scène en 2014…



Augmenter la part de capital fixe

Prudence oblige donc, la fondation n’augmentera pas sa contribution au budget d’HEC d'un montant de 9,3 millions d’euros, et ce malgré le développement de l’école. La priorité pour la fondation est aujourd'hui d’augmenter sa part de capital fixe - actuellement de 19 millions d’euros - afin de se constituer une source de revenus pérennes grâce aux intérêts tirés de ces placements.

Aujourd'hui, les fonds versés à l'école sont répartis en 4,2M€ pour les bourses (sur critères sociaux, et diversité internationale), 2,1M€ pour la recherche et la pédagogie, 1,5M€ pour les chaires et communication internationale et 1,5M€ en fonds dédiés recherche. Pour 2013, la fondation aimerait aussi augmenter le montant alloué au programme de bourses, ainsi qu’au financement de la recherche et de la pédagogie d’HEC : "Nous avons apporté 2,1 millions en 2011 au budget d’HEC, il faudrait beaucoup plus !", lance Daniel Bernard. Des défis qui imposent de "dépasser les objectifs" de la campagne de fonds. Avis aux donateurs...

Nouvelle gouvernance de HEC : horizon mutualisation

"L’école est à un tournant avec la mise en place de l’autonomie, la modernisation de la gouvernance, les nouveaux locaux...", prévient Daniel Bernard. Pierre-Antoine Gailly, président de la CCIP a en effet bon espoir de "faire passer aussi rapidement que possible" le projet de loi qui permettra de faire évoluer le statut d’HEC. Il s’agit de doter l'école, pour l'instant, simple département de la chambre, d’un statut de personne morale autonome à l’instar de la plupart des établissements internationaux avec lesquels elle est en compétition, explique le président, évoquant "une formule juridique originale inédite".  En cours de "finalisation"  dans les ministères de tutelle, ce statut prendra la forme d’une "société par actions d’un style particulier dont la finalité sera de gérer l’ensemble des activités de l’école". 

Outre la fondation, le nouveau conseil d’administration de l'école accueillera l’association des anciens, rebaptisée cette année "HEC Alumni", des personnalités qualifiées (industrielles et académiques) et des représentants du corps professoral. Aujourd'hui, le conseil d'établissement de HEC est intégralement composé d'élus et de représentants de la CCIP.

Pour préparer l’autonomie, les trois piliers de la "famille HEC" - l’école, la fondation et l‘association des anciens – entament  un processus de mutualisation. Outils (annuaire commun), locaux et équipes sont concernés. Un rapprochement qui se formalise notamment par l’ouverture d’un bureau des anciens sur le campus d'HEC, et la nomination pour la fondation et les alumni de "vice-présidents réciproques dans chacun des bureaux".

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