La gestion d’Audencia passée au crible par la Cour régionale des comptes

Géraldine Dauvergne Publié le

La Cour régionale des comptes des Pays de Loire s’est penchée sur la gestion administrative et financière d’Audencia, pour la période allant de 2000 à 2006. Cet audit est une procédure normale, imposée à intervalles réguliers à la grande école nantaise, association percevant un montant élevé de subventions de la part des collectivités locales.

Le rapport d’observations , daté de juin 2009, et disponible depuis fin octobre 2009 sur le site internet de la Cour régionale des comptes , relève quelques dysfonctionnements d’ordre administratif et financier de l’association, créée en 1987 par la ville de Nantes, le Conseil Général de Loire-Atlantique et la Chambre de commerce et d’industrie de Nantes, et fonctionnant sur « délégation de service public ».

Cafétéria sans caisse enregistreuse

Tenue irrégulière des procès-verbaux de réunions du conseil d’administration, cotisations des membres actifs non réglées, obligations comptables en échange de l’affectation gratuite des locaux non respectées, manque de rigueur dans la gestion des ressources humaines (et notamment des contrats des intervenants) : ce sont quelques-uns des manquements relevés par l’auditeur en 2008. Celui-ci s’arrête plus longuement sur le fonctionnement de la cafétéria, qui ne serait « plus adapté au volume d’affaires qu’elle traite désormais » : absence de caisse enregistreuse, de tickets justificatifs, et de tiroir-caisse sécurisé …

L’école nous a fait savoir, qu'à la suite des premiers retours de l’audit, elle a créé en janvier 2009 des badges permettant de consommer à la cafétéria sans circulation d’argent. Elle aurait aussi adapté ses statuts en juin 2009, en fonction de certains points soulevés dans le rapport.

L’auteur du rapport s’étonne par ailleurs de certains usages instaurés par l’école pour asseoir sa notoriété – au niveau des dépenses. Tout particulièrement les frais de réception, au cours de la remise des diplômes, des congrès de l'association des proviseurs des classes préparatoires aux écoles de commerce (APHEC), ou de l’organisation des oraux des concours. « L’enjeu est très important en termes d'image pour que les promus soient amenés à opter pour Audencia, peut-on lire. Aussi, d’importants moyens sont déployés à cet effet (minibus de location pour assurer le transport des candidats, petits déjeuners, buffet, restaurant en groupe, cadeaux, visites de Nantes). Il en résulte, entre les dépenses engagées et les droits d'inscription au concours, un déficit persistant sur ce poste de 147 700 € en 2006. »

Des usages qui étonnent les cours régionales

Le rapporteur relève des disparités au niveau des rémunérations de certains personnels, notamment entre le régime de la faculté internationale associée et celui des autres vacataires. Ces usages en matière de rémunérations ont cours dans d’autres grandes écoles de management - et ont déjà attiré l’attention des juridictions financières régionales au cours des dernières années.

La politique de séjours à l’étranger a elle aussi suscité l’intérêt du rapporteur : « L’Ecole, qui se veut internationale, s'est tournée vers les universités nord-américaines, afin d'y scolariser de 150 à 200 étudiants par an. Elle offre une scolarité gratuite, à charge pour l'élève de payer son hébergement (l'établissement supporte le transport, le séjour en universités, les frais d'assurance, les frais bancaires induits, les rémunérations des accompagnateurs). Le coût des universités américaines étant élevé, ce système se révèle onéreux et ne donne pas, selon la direction, les résultats escomptés.
Aussi Audencia s'attache à privilégier les relations avec d'autres universités, sur la base d'échanges réciproques. Des accords ont été de la sorte passés avec la Chine, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Japon, la Russie (universités de Saint-Pétersbourg et Moscou). »

Se référant aux classements d’écoles parus dans la presse , l’auteur du rapport juge sévèrement l’impact des dépenses de l’établissement. « Les résultats en termes de notoriété et de fréquentation, bien que réels, paraissent en deçà des efforts financiers consentis. »

Une capacité croissante d’autofinancement

« D’une manière générale, l’école vit en rapport avec son statut d’école de commerce internationale », admet cependant le rapport. Mais il met aussi en évidence la capacité croissante d’autofinancement d’Audencia, due entre autres à l’augmentation des frais de scolarité. Ce dernier point amène la Cour des comptes à « s’interroger sur l’adéquation de la pratique actuelle avec les principes initialement définis ». La délégation de service public dont bénéficie Audencia devrait prendre fin, en principe, le 31 janvier 2012.

La presse locale attribue aux conclusions du rapport la décision du Conseil Général de Loire Atlantique de diminuer de 10% sa participation au financement d’Audencia.

Géraldine Dauvergne | Publié le