La radicalisation du mouvement étudiant s'exprime au colloque de la CPU

De notre envoyée spéciale, Fabienne Guimont Publié le
Le colloque de la CPU (Conférence des présidents d'université) a été très fortement perturbé, jeudi 26 mars 2009, par quelque 300 étudiants de l’université de Bretagne Occidentale (UBO), qui accueillait les présidents d’université. Les ateliers prévus le lendemain matin se sont finalement déroulés ... au centre d'instruction naval de Brest.

Issus des facultés de lettres, de sciences, de STAPS et de l’IUT, où des mouvements de blocage se déroulent depuis plusieurs semaines, les étudiants sont intervenus dès la matinée dans la faculté de médecine, où se tenaient les ateliers du colloque. Une quarantaine de jeunes se sont tout d’abord introduits, avant d’être rejoints par d’autres, qui ont investi le hall de la fac.

Si deux étudiants ont assisté à chaque atelier du matin, sur proposition d’Eric Esperet, délégué général de la CPU, aucun interlocuteur n’a pu être trouvé par les présidents pour dialoguer. Les revendications ne sont pas claires. « On veut montrer qu’on est en colère », indique une étudiante. « L’université n’est pas une réserve à employés », déclare un autre.

Sur les pancartes : « L'université n'est pas une marchandise »

Les étudiant s’échauffent. Pascal Olivard, président de l’UBO et Eric Esperet essaient de les retenir un moment. « Laissez les présidents travailler », demande le président de l’UBO. « Faut-il les laisser travailler sur le thème « L’université acteur économique » », interroge un étudiant. Réactions : les pancartes « L’université n’est pas une marchandise » se lèvent et des slogans « enrageons nous », « piratons leur monde » raturent les murs et les panneaux de la CPU.

« Je suis plutôt pour le mouvement étudiant », tente un jeune en troisième année de médecine, avant d’ajouter réservé, « mais je ne suis pas très actif dans le mouvement ». Les percussions résonnent, avant qu’ils ne donnent l’assaut pour rejoindre les étages supérieurs et les ateliers qui se poursuivent. Une banderole des étudiants de STAPS est hissée en haut des bâtiments, « pour la photo » à travers les vitres.

« Ces étudiants tirent sur des messagers »

Les vigiles tentent un moment de bloquer les escaliers avant de se laisser déborder. « Faites quand même attention, il y a des laboratoires en haut », prévient l’un d’eux. Les présidents d’université demandent alors aux participants de se disperser. Seuls deux ateliers sont maintenus dans l’après-midi, plus loin des manifestants.

« Ces étudiants tirent sur des messagers. La CPU est prise comme un symbole du pouvoir alors que ses Conseils ont pris des positions pour rouvrir les inscriptions dans les IUFM, même avant le report des concours », s’énerve Claire Guichet, présidente de La Fage.

Les présidents d'université confrontés à une crise qui dure

Loin de minimiser la situation, Jacques Fontanille, à la tête de l’université de Limoges et vice-président de la CPU, estime que la situation est grave aujourd’hui, même s’il évalue à plus de 60 % le nombre de composantes qui n’ont connu aucun mouvement. Selon lui, la radicalisation du mouvement se focalise surtout sur les SHS, alors qu’il était au départ plus général.

Concernant des actions qui pourraient devenir violentes, Jacques Fontanille rappelle que les présidents « marchent sur des œufs ». Les forces de l’ordre, qui étaient intervenues dans les universités au moment de la mobilisation contre le CPE, ont marqué les esprits. « On fait tout ce qu’on peut pour qu’il ne naisse aucun foyer violent », insiste le président de l’université de Limoges.

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