La visibilité des grandes écoles, enjeu de la CGE pour l'avenir

Clément Rocher Publié le
La visibilité des grandes écoles, enjeu de la CGE pour l'avenir
Lors des assises des 50 ans de la CGE, les responsables des établissements ont réfléchi à l'avenir de l'organisation. // ©  CGE
Face à un monde de l'enseignement supérieur en transformation, la Conférence des grandes écoles (CGE) souhaite renforcer la coopération des écoles membres sur les transitions et développer le lien écoles-entreprises. Objectif : rester des acteurs importants du développement des territoires. La visibilité de ses établissements est également au cœur des priorités.

À l’occasion des Assises du Cinquantenaire de la Conférence des grandes écoles, organisées le 22 novembre à Paris, les dirigeants des établissements membres se sont réunis en ateliers pour réfléchir collectivement sur l'avenir de la Conférence, qui rassemble 238 établissements.

"Depuis une dizaine d’années, nous vivons une transformation très importante de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Il était intéressant de partager nos visions, la façon dont nous vivons ces évolutions sur nos territoires, à l’échelle nationale", précise Sophie Commereuc, vice-présidente de la CGE, en charge des grandes écoles et des territoires et présidente du groupe d'écoles d'ingénieurs INP.

Au programme : la place des grandes écoles dans l'enseignement supérieur, la coopération entre elles pour mieux répondre aux enjeux des transitions environnementales, sociales et numériques, et enfin, le rapprochement avec les entreprises. Autant de sujets qui vont guider les prochaines actions de la CGE dans les années à venir.

Distinguer les écoles de la CGE des écoles privées lucratives

Il y a une attente forte des grandes écoles au regard de la montée en puissance des établissements de l'enseignement supérieur privé lucratif qui brouille les frontières. "L'irruption de ces nouveaux acteurs, qui ne sont pas membres de la Conférence, introduit de l'incompréhension et un manque de visibilité notamment vis-à-vis du grand public", estime Sophie Commereuc.

"La place des grandes écoles est une question importante avec l'enseignement supérieur privé lucratif qui monte. Les écoles se posent la question de comment valoriser leur appartenance à la CGE", appuie Laurent Champaney, président de la CGE, à EducPros, en marge du colloque.

Parmi les pistes de réflexion, positionner le nom "Conférence des grandes écoles" en marque attestant de la qualité et des valeurs des établissements membres. Mais aussi renforcer la communication auprès des différents publics, en ciblant notamment les futurs étudiants et leurs familles.

Le développement de productions intellectuelles au service de la connaissance et de la reconnaissance de l’écosystème des grandes écoles permettrait d'accroître la visibilité auprès des autres acteurs de l'enseignement supérieur.

"Cette capacité d’innovation dans tous les champs de nos missions font des grandes écoles des démonstrateurs, des locomotives pour l'ensemble de l'enseignement supérieur", rappelle Sophie Commereuc.

Développer les relations entre écoles pour répondre aux enjeux de transition

Les grandes écoles se positionnent comme étant en première ligne en matière de transitions environnementale et numérique. Néanmoins, Denis Guibard, ancien président de la commission DD&RS, appelle les établissements à "sortir des schémas classiques" et "passer du bilatéral au multilatéral", avec davantage de coopération avec des écoles de design ou de sciences politiques.

Pour l'ensemble des partenaires, une cartographie des expertises et compétences des écoles - afin que chacune exprime ses spécificités en matière de compétences dans les grandes transitions - est en réflexion.

L'organisation d'un colloque biennal de recherche et de vulgarisation sur les transitions pourrait aussi "asseoir la CGE dans cette dynamique de contribution aux grandes transitions de la société." Les membres se sont également penchés sur la création d’une convention des écoles pour le climat et la biodiversité.

"Il faut faire mieux coopérer les grandes écoles entre elles, pour que les diplômés coopèrent mieux entre eux une fois en emploi. Le rapport Jouzel nous a fait beaucoup avancer mais il nous faut être encore plus efficaces, tout en continuant à travailler nos sujets de base", soutient Laurent Champaney.

Renforcer les liens entre les grandes écoles et les entreprises

Les grandes écoles ont identifié une autre série d'enjeux en lien avec les entreprises : rupture générationnelle entre les diplômés et leurs managers intermédiaires, taux important de rupture de contrat en apprentissage ou encore travail à distance.

"On est en situation de gros besoin de cadres, donc les entreprises se tournent vers les grandes écoles. Mais se pose la question de comment on sert de relais entre les demandes des filières professionnelles et les bureaux des entreprises dans les écoles", explique le président de la CGE.

Afin de maintenir cette relation école-entreprise, les grandes écoles appellent à favoriser le dialogue sur les questions de compétences dans le cadre de la formation tout au long de la vie, mais aussi à développer des liens avec les branches professionnelles ou les fédérations d'entreprises.

La CGE a également réfléchi à inclure des PME-TPE et des ETI comme membres - quelques entreprises telles qu'EDF, Orange ou LVMH sont déjà membres - ou à créer une commission entreprises au sein de la conférence.

Toutes ces propositions vont permettre à la CGE de dessiner la feuille de route pour les prochaines années, afin de renforcer la place des grandes écoles dans le paysage de l'enseignement supérieur français.

Clément Rocher | Publié le