Les grandes écoles conservent une bonne image mais des stéréotypes persistent

Agnès Millet Publié le
Les grandes écoles conservent une bonne image mais des stéréotypes persistent
71% des sondés ont une bonne opinion des grandes écoles. // ©  killykoon / Adobe Stock (Généré à l’aide de l’IA)
EXCLUSIVITE - Si 71% des Français ont une bonne image des grandes écoles qu'ils trouvent utiles à la société, ils continuent de les considérer comme élitistes. Des pistes d'évolutions pourraient améliorer l'image des membres de la Conférence des grandes écoles (CGE) qui publie son nouveau baromètre Ipsos sur la notoriété des grandes écoles, révélé en exclusivité par l'Etudiant-EducPros, partenaire média des Assises des 50 ans de la CGE.

Cela faisait quatre ans que la Conférence des grandes écoles (CGE) n'avait pas jaugé son image auprès du grand public. À l'occasion de son cinquantenaire, elle publie, le 22 novembre 2023, un nouveau baromètre de la notoriété des grandes écoles auprès du grand public, réalisé par Ipsos. L'Etudiant-EducPros publie en exclusivité les résultats de cette consultation en tant que partenaire média des Assises des 50 ans de la CGE qui closent cette année anniversaire pour les dirigeants des grandes écoles.

L'image des grandes écoles s'améliore auprès du grand public

Dans l’ensemble, les grandes écoles bénéficient d’une bonne image auprès des Français puisque 71% des sondés ont une bonne opinion des grandes écoles. Hors ceux qui ne se prononcent pas, ce sont 87% des personnes interrogées qui affirment cette bonne opinion, soit une progression de 5% par rapport à 2019.

"Nous nous demandions si, après la crise sanitaire qui a été un moment de changement important pour la société, notre image avait changé. Nous sommes rassurés sur la confiance accordée aux grandes écoles et à leurs formations", déclare Laurent Champaney, président de la CGE et directeur des Arts et Métiers ParisTech.

Une bonne nouvelle pour les plus de 230 établissements (ingénieur, management, architecture, sciences politiques, création et design, journalisme, écoles militaires, écoles vétérinaires et de santé) reconnus par l’État et délivrant un diplôme de grade master qui sont membres de la CGE.

La perception par type d'écoles

Les opinions associées selon le type d'établissement (Baromètre CGE -novembre 2023)
Les opinions associées selon le type d'établissement (Baromètre CGE -novembre 2023) © CGE

Des établissements utiles à la société qui inspirent confiance

Parmi les personnes interrogées, 74% pensent que les grandes écoles sont utiles pour la recherche, 70% pensent qu'elles sont utiles pour les entreprises et elles sont 67% à penser qu'elles sont utiles à la société.

Ils sont même 72% à estimer qu'elles sont une source de fierté pour le système éducatif français. Pour 61% d'entre eux, la suppression des grandes écoles est une mauvaise idée - c'est une forte progression puisqu'ils n'étaient que 52% en 2019.

Les grandes écoles sont-elles menacées? "L'enseignement supérieur est en mutation depuis plusieurs années et les grandes écoles sont parfois critiquées par certains et notre place peut être remise en cause. Nous sommes conscients que le grand public ne perçoit pas ce secteur comme les acteurs impliqués. Il était donc important pour nous d'aller chercher l'opinion du public", explique Laurent Champaney.

En effet, pour 50% des personnes interrogées, ce sont les grandes écoles qui inspirent le plus confiance pour étudier dans un établissement de renom (devant l'université, à 9%) et pour 37% des sondés, elles inspirent confiance pour se constituer un réseau professionnel (contre 8 % pour l'université). Du côté de l'obtention d'un emploi, elles inspirent autant confiance que les BTS (28 % des personnes interrogées dans les deux cas).

Les grandes écoles restent perçues comme trop élitistes

Pourtant, leur image n'est pas que positive. Spontanément, le public associe ces établissements aux mots "élite", "cher", qui côtoient cependant des notions plus positives comme "excellence", "savoir" ou "qualité"

Parmi les sondés, 70% pensent qu'elles sont trop élitistes, 64% qu'elles accueillent trop peu de boursiers et 60% qu'elles favorisent la reproduction sociale…

Les notions d'ouverture sociale et d'inclusion sont peu associées aux grandes écoles pour les personnes interrogées.

Des stéréotypes qui persistent malgré l'ambition d'ouverture des écoles

Malgré les évolutions des établissements, ces dernières années, pour ouvrir le recrutement, ces changements sont très peu perçus par le grand public.

À peine un peu plus de la moitié des sondés pense qu'il y a de plus en plus de mixité et de diversité sociale dans les grandes écoles et ils ne sont que 45 % à penser qu'elles accueillent de plus en plus d'alternants.

"Nous ne sommes pas surpris par cette image. Pourtant, nous essayons de montrer que nous avons beaucoup de dispositifs dans l'apprentissage, pour que tous puissent accéder à nos écoles. Les grandes écoles font leur maximum pour faire bouger ces stéréotypes, avec peu de résultats. La culture française reste imprégnée de stéréotypes. Si l'on veut progresser, il faut insuffler des messages, en amont", observe le président de la CGE.

Les stéréotypes perdurent, à l’exception de l’absence de parité

Les stérétotypes associés aux grandes écoles (Baromètre CGE -novembre 2023)
Les stérétotypes associés aux grandes écoles (Baromètre CGE -novembre 2023) © CGE

Le grand public souhaite voir les grandes écoles évoluer

Interrogées sur les évolutions souhaitées, les sondés souhaitent à 76% que les grandes écoles favorisent davantage l'accueil des étudiants en situation de handicap, qu'elles développent l'alternance (74%) mais aussi qu'elles diversifient les voies d'accès (74%) et modulent les frais de scolarité en fonction des revenus (72%).

Des pistes que les établissements explorent peu à peu, depuis plusieurs années mais qu'ils doivent continuer à développer. "On note quand même une assez forte méconnaissance de ce que sont nos écoles. Certains pensent qu'il n'en existe pas plus de 50 ; la place de la recherche et l'importance de la diversité ne sont pas claires", explique Laurent Champaney.

"Pour la CGE, ce baromètre est, notamment, un outil de communication interne. Nous pouvons nous satisfaire de nos bons résultats. Mais il nous permet aussi de rester vigilants et ne pas baisser la garde sur un certain nombre de sujets", conclut le président de la CGE.

La méthodologie du baromètre

Les résultats de ce baromètre sont basés sur une enquête réalisée auprès d'un échantillon composé de 1.000 personnes.

Les répondants ont été interrogés par Internet (questionnaire autoadministré) via le panel online d’Ipsos, du 31 octobre au 3 novembre 2023.

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