L’Association des régions de France veut s’investir davantage dans l’éducation

Franck Dorge Publié le
L’Association des régions de France veut s’investir davantage dans l’éducation
Bonneau - ARF ?? // © 
Annoncé par François Hollande lors de son discours d’investiture, l’Acte III de la décentralisation devrait être présenté devant le Parlement à l’automne 2012. L’Association des régions de France (ARF) attend de ce texte une redéfinition des compétences Etat-régions en matière d’éducation et de formation professionnelle. François Bonneau, président de la commission éducation de l’ARF a dévoilé, le 29 août 2012, ses propositions.

Ces dernières années, notamment avec la loi de 2004 (acte II de la décentralisation), les régions ont acquis de plus en plus de compétences concernant les lycées : propriété, construction, équipement, entretien, restauration, accueil, gestion des personnels TOS (technicien ouvrier de service)… Mais également la formation professionnelle des jeunes adultes. "Le budget éducation et formation est devenu le premier poste budgétaire des régions" indique François Bonneau avant de poursuivre : "L’engagement des régions va d’ailleurs bien au-delà du cadre légal, celles-ci finançant des mesures en  faveur de la réussite scolaire ou encore de l’autonomie des jeunes".

Redéfinir la relation Etat-régions

Fort de ce constat, l’ARF demande à ce que les régions soient associées au pilotage stratégique de l’éducation et propose de penser la gouvernance des politiques éducatives selon trois échelons : local, avec la mise en place d’un contrat pluriannuel entre région, lycée et rectorat ; régional, avec  la création d’un organe de pilotage qui rassemblerait le président du Conseil régional, le recteur, le ou les présidents de PRES ainsi que le président du CESER (Conseil économique, social et environnemental Région) ; national, qui serait assurée par le conseil territorial de l’éducation nationale (CTEN) après rééquilibrage de sa composition.

Repenser l’orientation et le décrochage

L’ARF souhaite également la mise en place d’un service public régional d’orientation (SPRO) dont la coordination serait assurée par la région. "Ce service n’a pas vocation à prendre en charge les conseillers d’orientation psychologues (COPSY) qui relèvent du ministère de l’Education nationale" précise François Bonneau. Ce dernier regrette "la multiplication des guichets (PIJ, BIJ, missions locales…) qui nuise à l’éducation aux choix des publics fragilisés" et déplore que "le manque de coordination des services d’orientation ait conduit au développement d’une offre privée payante".

Numérique et manuels scolaires

Les régions se disent également prêtes à prendre en charge la maintenance technique des équipements informatique et pédagogique, mais pas sans conditions. L’ARF demande des compensations financières de l’Etat ainsi que le transfert des personnels existants.

Pour François Bonneau, la compétence des régions doit aller bien au-delà de la maintenance pour plus d’efficacité : "il n’est plus pensable de développer chacun dans notre coin des ENT [espaces numériques de travail] qui ne sont pas compatibles entre eux".

Dans le même ordre d’idée, le président de la commission éducation, souhaite plus de flexibilité dans la dépense de l’enveloppe budgétaire consacrée aux manuels scolaires : "Chaque année, certains manuels scolaires ne sont pas utilisées. Peut-être, est-il possible dans certaines disciplines, après concertation avec le ministère et le CNDP, d’investir dans des outils numériques plus adaptés". Vaste chantier à l’heure de l’explosion des tablettes numériques. Les éditeurs seront-ils prêts à de telles transformations ?

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