Le CES plaide pour un moratoire sur toute nouvelle implantation universitaire

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Le CES plaide pour un moratoire sur toute nouvelle implantation universitaire
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Le Conseil économique et social (CES) vient de rendre public un avis consacré aux problématiques de l’aménagement du territoire et de l’enseignement supérieur/recherche « entre proximité et excellence ». Ce projet de texte devrait être voté le 27 février 2008 en séance plénière. Dans ce document rédigé par Jean-Pierre Duport, le CES plaide pour un moratoire sur toute nouvelle implantation universitaire sans cependant aller jusqu’à une remise en cause des sites existants. Parallèlement l’AERES vient de publier un rapport des évaluations des universités de la vague B. Cette synthèse cerne plus précisément les maux et les défis des universités de petite et moyenne taille. 

« Aucune nouvelle implantation universitaire n’est justifiée », « il faut installer un moratoire sur de nouvelles implantations territoriales », « il n’était peut-être pas utile de créer une université à Nîmes ». Telles sont les trois idées fortes du projet d’avis du conseil économique et social (CES) « Aménagement du territoire, enseignement supérieur et recherche : entre proximité et excellence » rendu public, ce lundi 25 février 2008. Dans ce document un peu fade, rédigé par l’ex-patron de la Datar, le conseiller d’Etat, Jean-Pierre Duport veut encourager l’organisation territoriale universitaire en réseau en s’appuyant notamment sur les PRES (pôle de recherche et d’enseignement supérieur).  

Faisant le constat d’un pays où les sites universitaires sont disséminés en plus de 600 points sur l’ensemble du territoire mais où le potentiel de recherche est très inégalement réparti, Jean-Pierre Duport propose une politique de qualification des sites pour les valoriser dans leurs domaines d’excellence en tenant compte de la diversité des configurations universitaires (universités de recherche ou de proximité) ou régionales.  « Il faut donner du caractère à ces sites sinon leur mort lente est sûre et certaine », observe Jean-Pierre Duport.  

« Gouvernance partagée »  

Plaidant sans surprise pour une « gouvernance partagée », Jean-Pierre Duport veut associer l’ensemble des acteurs économiques et sociaux, les collectivités territoriales et les représentants de la société civile dans la conduite du système d’enseignement supérieur et de recherche. A ce titre, le projet d’avis recommande la mise en œuvre de schéma régional de recherche et d’enseignement supérieur, le renforcement des délégués régionaux à la recherche et à la technologie et la création dans chaque région d’un conseil scientifique et de la recherche réunissant chercheurs et professionnels de la valorisation.  

Le projet de texte s’aventure en outre à donner son avis sur l’organisation même de l’enseignement supérieur. Il recommande ainsi d’affecter en priorité les Prag (professeurs agrégés) dans les premiers cycles, de revoir les temps de service des enseignants-chercheurs, ou encore de développer la professionnalisation, avec une mention toute particulière pour les IUT. Plus surprenante est la proposition d’augmenter les droits d’inscription des étudiants. Un conseil, qui pour le coup, ne risque pas d’être suivi d’effets au regard des dernières déclarations de la ministre sur les projets de réforme à Dauphine.  

Rapport de synthèse de l’AERES  

Un peu plus consistant est le rapport de synthèse des évaluations des universités de la vague B réalisé par l’AERES (agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur). S’il n’est pas à proprement parler consacrer aux universités de proximité, le type des établissements audités, une majorité d’université pluri-disciplinaires insérés dans des sites de taille moyenne ou petite, donne une bonne image des problématiques et défis auxquels sont confrontées ces universités. A ce titre, ce rapport de synthèse souligne les limites des recommandations volontaristes mais un peu éthérées du CES.  

Un exemple ? Les recrutements d’enseignants-chercheurs. Déjà pénalisés par leur taille, ces universités n’arrivent pas à mettre une politique de recrutement au niveau de l’établissement eu égard aux forces centrifuges des disciplines et des laboratoires. « Le point le plus préoccupant reste que les établissements ne sont pas en mesure d’apprécier l’impact qualitatif des recrutements sur leurs activités de recherche », remarque l’AERES. Idem sur les déficits en potentiel humain que représente l’existence d’emplois vacants par absence de recrutement, de personnels non résidents et de personnels dont l’activité de recherche est faible.  

Le soutien financier des collectivités, parfois « néfaste »

La politique de recherche sous financée, la gouvernance et la carte des formations de ces universités sont également sévèrement jugées par l’AERES. « Le tassement ou la diminution des effectifs ont suscité une réaction inappropriée de multiplication de mentions et spécialités aboutissant à la mise en place de formation coûteuses », observe l‘AERES qui salue cependant le souci de professionnalisation de ces établissements.  

Présenté comme une bonne solution « en soi » dans le projet d’avis du CES, le renforcement des relations extérieures est ré-éxaminé par l’agence d’évaluation. Ainsi le soutien financier apporté par les collectivités consiste le plus souvent en des « opérations ponctuelles (…) ce qui peut avoir des conséquences néfastes » : « des constructions plutôt que des restructurations, la multiplication de sites délocalisés augmentent considérablement, et quelque fois déraisonnablement, les coûts de fonctionnement pour les uns et fragilisent l’offre de formation pour les autres », affirme l’AERES.  

Reste que le CES et l’AERES arrivent aux mêmes conclusions, la réforme LMD, les lois « recherche » et « LRU » donnent à ses sites universitaires, l’occasion de se réformer « pour se donner les moyens de leur légitime ambition : être des éléments indispensables du paysage universitaire national ».

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