Un cours sur l'énergie marine, un autre sur la musique romantique ou encore sur la mécanique des fluides... Sur le site OpenCourseWare du MIT (Massachusetts Institute of Technology), l'internaute a accès, en seulement quelques clics, à une véritable caverne d'Ali Baba. Depuis 2001, l'université met en ligne de façon libre et gratuite les cours dispensés au sein de ses propres formations. Chaque mois, 2,5 millions d'utilisateurs viennent consulter l'un des 2.200 supports pédagogiques proposés sur la plateforme.
L'initiative, reprise par d'autres établissements à travers le monde, a fait du MIT le leader mondial en matière d'éducation ouverte ("open education"). "L'idée fondatrice du projet était très simple, raconte Cecilia d'Oliveira, doyenne associée à la pédagogie numérique au sein du MIT, rencontrée lors de la Learning Expedition d'EducPros fin avril 2015. En rendant nos cours accessibles, nous avions la volonté de faire progresser la connaissance de tous." Près de quinze ans plus tard, OpenCourseWare compte chaque année de plus en plus d'utilisateurs : ils étaient 28 millions en 2014, contre "seulement" 5 millions dix ans plus tôt.
Le numérique pour "réinventer l'établissement"
Aux côtés d'OpenCourseWare (OCW), qui pourrait atteindre d'ici à 2021 – c'est en tout cas l'objectif du MIT – un milliard d'utilisateurs, l'université développe de nombreux autres projets dédiés au numérique. Parmi eux, les Mooc, disponibles depuis 2012 via la plateforme edX. Contrairement à OCW, qui ne délivre aucune certification, MITx offre l'opportunité aux étudiants internautes de décrocher un "diplôme". Mieux : les meilleurs e-élèves ont eu l'opportunité, en 2014, de venir passer une semaine sur le campus de Boston, pour suivre une session de cours intensifs sous forme de bootcamp.
"Des étudiants du monde entier peuvent devenir les premiers de la classe", note, ravie, Cecilia d'Oliveira. Derrière cette action décrite comme philanthropique, le MIT peut ainsi toucher un public toujours plus large et diversifier un peu plus son recrutement, déjà fortement internationalisé. "Notre stratégie numérique poursuit un objectif clair, résume Cecilia d'Oliveira : il faut réinventer l'établissement."
Nous imaginons un futur dans lequel les outils pédagogiques en ligne enrichissent les interactions entre enseignants et étudiants.
Place à l'apprentissage mixte
Signe de cette politique volontariste : la création, fin 2012, d'un service entièrement dédié à la pédagogie numérique. L'Office of Digital Learning (ODL) regroupe des enseignants et des chercheurs, qui développent de nouveaux outils et plateformes mais qui se questionnent également sur les besoins et les attentes des utilisateurs. Parmi les équations à résoudre : quelle place accorder aux cours en ligne dans les formations historiques ?
Là encore, l'université de la côte Est compte quelques longueurs d'avance sur ses concurrents. Actuellement, près de la moitié des élèves de premier cycle utilisent la plateforme de cours en ligne durant leur scolarité. Baptisé Residential MITx et exclusivement dédié aux "résidents" du campus de Boston, le site propose aussi bien des exercices en ligne que des vidéos de cours magistraux ou des jeux éducatifs. "Grâce à cet outil, le temps passé en cours peut être consacré à des pédagogies plus actives", analyse l'ODL.
"Le numérique renforce la pédagogie traditionnelle"
Si l'apprentissage mixte (blended learning) se généralise depuis 2012, il est en réalité utilisé depuis plus de trente ans par le MIT. En 1983, ce dernier menait déjà, avec le géant de l'informatique IBM, le projet Athena, qui visait à offrir à tous les étudiants un accès libre aux ressources numériques du campus. Quinze ans plus tard, en 1999, une plateforme baptisée PIVot était créée pour permettre aux étudiants inscrits en cursus mécanique d'accéder en ligne à des tutoriels de physique. "Nous imaginons un futur dans lequel le modèle éducatif traditionnel du MIT n'est pas menacé mais renforcé [par le numérique]", assure, à travers un rapport publié en 2014, un groupe de travail interne dédié à l'avenir du MIT.
"Nous imaginons un futur dans lequel les outils pédagogiques en ligne enrichissent les interactions entre enseignants et étudiants", poursuivent les représentants de cette "Task Force". Une Task Force appelée à réfléchir à d'autres questions tout aussi cruciales pour l'avenir, concernant aussi bien le coût des études, la diversité du recrutement que le modèle économique du MIT.
La Learning Expedition EducPros s'est arrêtée fin avril 2015 au MIT et a rencontré l'ODL (Office of digital learning). Prochain départ le 1er novembre à la visite de Stanford, Berkeley et des start-up EdTech de la Silicon Valley.
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