Au départ, tout est parti de l'idée de deux jeunes professeurs de SES (sciences économiques et sociales), Gwenaëlle Badufle et Cyril Gispert. « Nous voulions inviter des universitaires dont les élèves étudient les textes dans les manuels scolaires pour rendre la matière plus vivante », mentionnent-ils. Une initiative largement approuvée par Jean-Luc Héraud, proviseur du lycée Jacques-Brel, qui fait partie des 200 lycées du dispositif expérimental de réussite éducative initié par le gouvernement. « En leur montrant à quoi ressemble un cours magistral de deux heures, cela leur permet aussi de se préparer à l'enseignement supérieur, et en particulier à l'université où ils sont nombreux à échouer », explique-t-il.
Les universitaires ont tous accepté de venir
Le résultat est plutôt une réussite. « D'abord, nous n'avons eu que des réponses positives de la part des universitaires contactés », affirme Gwenaëlle Badufle. Ensuite, les lycéens se sont montrés intéressés, même si une conférence est moins structurée qu'un cours de lycée. « J'ai trouvé la conférence de Christian Baudelot intéressante ; de plus, on avait le droit de poser des questions au cours du débat, ce qui n'est pas toujours le cas », confirme Rachel, élève de terminale ES (économique et sociale) qui cette année prépare Sciences po dans le cadre de la procédure ZEP signée par l'établissement.
La bonne volonté des professeurs
Le sociologue Christian Baudelot* n'était pas le premier face aux lycéens. Plusieurs économistes et sociologues, tous de renom, se relaient cette année. Cette initiative est-elle transposable partout ? « Pas forcément, car la réussite de cette manifestation dépend essentiellement de la bonne volonté des universitaires », nuance Gwenaëlle Badufle. Et s'ils sont partants aujourd'hui, ils pourraient se lasser si tous les lycées de France se mettaient à les contacter !
* Auteur de Le niveau monte (Seuil) et de span style="font-style: italic;">L'élitisme républicain. L'école française à l'épreuve des comparaisons internationales, « La République des idées », Seuil, 2009.
Quels universitaires sont venus au lycée Jacques-Brel ?
En octobre, le lycée de La Courneuve (93) avait accueilli la sociologue Dominique Méda, du CEE (Centre d'études de l'emploi), qui a parlé de la croissance économique. En novembre, ce fut le tour de Philippe Azkénazy, chercheur à l'École d'économie de Paris, qui a parlé des maladies professionnelles, de l'organisation du travail et de la précarisation. En décembre, ce fut le tour de Louis Chauvel, sociologue, professeur à Sciences po, qui a abordé les inégalités. En mars-avril, le lycée accueillera Yannick L'Horty, économiste, professeur à l'université d'Évry-Val-d'Essonne, qui traitera du marché de l'emploi. Enfin, Olivier Bouba-Olga, économiste et maître de conférences à la faculté de sciences économiques de Poitiers, fera un exposé sur la mondialisation.
