Les BDE, aussi acteurs de la prévention auprès des étudiants

Camille Jourdan Publié le
Les BDE, aussi acteurs de la prévention auprès des étudiants
Les BDE ont vu évoluer leur rôle "d'organisateur de soirées" à "responsable de la vie étudiante". // ©  l'Etudiant
Longtemps perçus comme les organisateurs de soirées, les Bureaux des élèves (BDE) revêtent aujourd'hui bien d'autres aspects, notamment en termes de prévention et d'éveil des consciences, même si leur porte d'entrée principale reste les événements festifs.

La prochaine soirée à ne pas rater, le week-end d'intégration, le gala… Sur leurs réseaux sociaux, les Bureaux des élèves ou Bureaux des étudiants des différentes écoles et universités plus connus sous le nom de BDE, gardent encore souvent leur image d'organisateurs d'événements festifs.

Mais en coulisses, ces associations endossent bien d'autres rôles, à commencer par celui de garantir que ces événements se passent bien. "Ils doivent rendre les soirées responsables, en faire des événements festifs, mais aussi safe", confirme Maëlle Nizan, présidente de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), dont plusieurs BDE, majoritairement d'écoles publiques, sont membres.

Les BDE et l'administration, en duo pour organiser la prévention

"On incite toutes les associations étudiantes à se former aux risques en milieu festif", complète Pauline Bouveau, présidente du Bureau national des étudiants en école de management (BNEM).

Les directions d'écoles et d'universités les accompagnent dans ces formations, en proposant des sessions, parfois obligatoires, autour de la prévention des addictions, des violences sexistes et sexuelles, ou encore du respect d'autrui.

"Ça nous informe, et ça nous rassure", affirme Nora Mathis, présidente du BDE de l'Essec, qui rappelle la responsabilité "juridique mais aussi morale" des membres des BDE, en cas d'incidents lors de leurs événements, mais également celle des directions. "Celles-ci ont donc tout intérêt à former les étudiants", note Pauline Bouveau.

Cette coopération se traduit dans différents dispositifs, à l'image de la charte Cpas1option, qu'ont signée environ 80 binômes "direction/association", et qui fixe huit principes pour une bonne démarche de prévention.  

À l'université de Bordeaux, l'Espace Santé propose de son côté un accompagnement des organisateurs de soirées, comme l'explique Lucie Guignot, coordinatrice Promotion de la santé et de la communication.

Des formations de plus en plus demandées

"Des étudiants relais-santé, formés au préalable, leur donnent des conseils – mise en place de bars à eau, tarifs des softs raisonnables –, et peuvent éventuellement tenir un stand de prévention avec éthylotests, couvercles de verres ou préservatifs durant la soirée. Ces étudiants étaient un peu perçus comme des gendarmes il y a quelques années, alors qu'aujourd'hui, les associations viennent les chercher : nous en avons accompagnées une cinquantaine depuis septembre", détaille-t-elle.

De la même manière, la formation au dispositif "personne de confiance", dispensée aux BDE par la FAGE, qui vise à savoir accueillir des personnes victimes de comportements déviants en soirée, est "la formation la plus demandée dans notre réseau", relate Maëlle Nizan.

Une approche vers des sujets plus sensibles

"Il y a encore quelques années, les étudiants organisaient des fêtes à leur manière, et acceptaient plus ou moins les risques, observe Paul Massart, directeur de la vie étudiante à l'Essec. C'était un peu 'le BDE contre l'administration', alors qu'aujourd'hui, nous avons des rapports beaucoup plus collaboratifs."

Ce dialogue dépasse d'ailleurs le cadre festif, dans la mesure où le BDE sert d'intermédiaire entre la direction et les étudiants qu'il représente.

"Je suis très souvent dans les bureaux des membres de l'administration, raconte Aymeri Germain, président du BDE de Mines Nancy. J'échange avec la direction des entreprises pour organiser des rendez-vous avec des alumni, ou avec la direction des affaires internationales pour planifier des événements à destination des étudiants étrangers... Avec la cellule Egalité diversité inclusion, nous avons même modifié le règlement intérieur du BDE, pour sanctionner les personnes qui adoptent des comportements inappropriés", signale le jeune homme.

Autant d'exemples qui montrent l'étendue des sphères d'intervention de ces associations. À l'Essec, la direction impose même aux BDE de se doter d'un pôle RSE et d'un pôle Respect d'autrui.

"Même si c'est le pôle dédié à l'organisation des soirées qui occupe le plus de monde, ce n'est pas pour autant qu'il est plus important que les autres", assure Nora Mathis.

"Je pense que ça fait des années que les BDE mènent d'autres projets, autour de l'innovation sociale, de la transition écologique…, remarque Maëlle Nizan. Ils ne sont plus identifiés uniquement comme les organisateurs des soirées. Mais ils se font connaître à travers ces événements festifs, et peuvent alors toucher des personnes qui ne sont pas conscientisées, à la base, sur des sujets très divers. C'est leur force !"

Aymeri Germain confirme : "En arrivant à l'école, on ne s'imagine pas qu'un BDE, c'est tout ça. Aujourd'hui, on fait presque des 'efforts' pour que ce BDE garde son côté festif", sourit-il.

Camille Jourdan | Publié le