Les comités de sélection seront-ils paritaires?

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Si, aux alentours du 8 mars 2008, les entreprises multiplient les communications sur l’accès des femmes à des postes à responsabilités, l’université reste un employeur plutôt discret sur le sujet. Des chercheurs ont pourtant mis en lumière l’existence d’inégalités sexuées dans la carrière des maîtres de conférences et professeurs d’université. En analysant le processus de recrutement dans trois disciplines (gestion, biologie et histoire), ils montrent que les entretiens peuvent introduire une discrimination.

C’est vrai sur le plan de la mobilité. « Les commissions se méfient des femmes dont les conjoints travaillent dans une ville éloignée, mais pas dans la situation symétrique. » Comme sur le plan du savoir-être : « les exemples de candidat(e)s trop timides sont toujours des exemples de candidates » ou encore « les qualités comme le dynamisme, le charisme, la capacité à animer une équipe (...) sont spontanément davantage associées aux personnalités masculines ». Ces a priori sévissent aussi dans l’entreprise, tout comme l’effet réseau qui joue, ici, un rôle déterminant pour les postes de professeur : « L’évaluation des candidatures se joue surtout en amont, dans les prises de contact entre les quelques candidat(e)s et le département. »

Un bon réseau est aussi utile pour réussir l’agrégation car « la présentation à ce concours suppose d’importantes connaissances tacites sur les règles du jeu ». Et même si le rôle des commissions de spécialistes est minimisé, les chercheurs signalent toutefois que « la présence de femmes dans les commissions ou jurys décourage l’expression de propos sexistes ou encore fait prendre conscience du caractère sexiste de certaines réflexions ». À méditer pour les membres des nouveaux CA des universités auxquels il appartiendra désormais de donner la composition des comités de sélection. Ces hommes – et femmes minoritairement – respecteront-ils la parité ? Le décret sur les comités, en tout cas, préparé par « une femme politique », ne l’exige pas dans sa version actuelle.

Source : « La résistible ascension des femmes dans le monde académique : le cas des universités françaises », communication de Séverine Louvel (hal.archives-ouvertes.fr ).

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