Les dérives de l'IUT de Saint-Denis sous le feu des projecteurs

Morgane Taquet Publié le
Les dérives de l'IUT de Saint-Denis sous le feu des projecteurs
Le directeur de l'IUT de Saint-Denis qui dépend de l'université Paris 13 fait l'objet de menaces de mort depuis un an. // ©  Myr Muratet
Le directeur de l'IUT de Saint-Denis (Paris 13) fait toujours l'objet de menaces de mort, après avoir révélé des dysfonctionnements au sein de son établissement. Remis à la ministre début avril, un rapport de l'Inspection générale confirmerait les faits et préconiserait des sanctions.

Depuis un an, le directeur de l'IUT de Saint-Denis (Paris 13), Samuel Mayol, fait l'objet de menaces de mort, dont la dernière daterait de fin avril. "Samuel Mayol a eu le courage de révéler des dérives graves et répétées dans son établissement. Il a enrayé, en particulier, des dysfonctionnements dans la gestion et l'organisation pédagogique du département techniques de commercialisation [l'un des sept départements de l'institut]", écrit le Snesup, où est syndiqué Samuel Mayol, pour lui apporter son soutien.

Le syndicat évoque notamment de "graves dysfonctionnements" liés à la gestion financière du département mais également des dérives apparentées à du prosélytisme religieux. L'organisation syndicale cite "l'éviction des femmes directrices d'études, la multiplication de cours non assurés que des enseignants déclaraient néanmoins dans leur service, des recrutements de vacataires ne possédant ni les titres, ni les compétences exigibles pour enseigner ou encore le détournement de l'usage de locaux associatifs universitaires en lieu de culte".

UN RAPPORT Sévère

Début avril, un rapport de l'Inspection générale a été remis à la ministre de l'Éducation nationale. Il n'a pas été rendu public mais plusieurs titres de presse s'en sont fait le relais. L'hebdomadaire "Marianne" évoque dans son édition du 7 mai un "rapport de 104 pages, tiré à quelques exemplaires numérotés [...] qui décrit les invraisemblables dysfonctionnements survenus à l'IUT de Saint-Denis entre 2012 et 2014 dans un département dirigé à l'époque par Rachid Zouhhad, un maître de conférences en gestion".

Pour Hervé Christofol, secrétaire général du Snesup, le document "confirme tous les faits dénoncés par Samuel Mayol" notamment sur la question des heures complémentaires. "Le montant des heures indues équivalant à 4.000 heures soit environ 200.000 euros est confirmé à l'heure près", indique encore Hervé Christofol. En revanche, "aucune hypothèse sur l'utilisation de ces fonds n'a été confirmée", indique l'élu, évoquant plusieurs pistes telles que "l'enrichissement personnel, le financement syndical ou le financement d'une association religieuse".

LA PRéSIDENCE DE L'UNIVERSITÉ en première ligne

Selon "Le Parisien" du 11 mai, le rapport recommande que "les services de l'université incitent MM. Zouhhad et B. (l'un des professeurs du département) à rechercher une autre affectation pour permettre à l'IUT de retrouver un fonctionnement apaisé". Il préconiserait également que "l'un des enseignants, M. B, soit traduit devant la section disciplinaire de l'université 'pour répondre des injures et des menaces proférées à l'encontre de ses collègues'".

Interrogé par "Le Monde" dans son édition du 13 mai, Rachid Zouhhad nie les faits qui lui sont reprochés : "Ce document est partial et truffé de préjugés. Je constate que lorsqu'on apporte des réponses aux interpellations et aux interrogations des inspecteurs, ils persistent dans leur jugement et concluent en faisant abstraction de mes réponses et de celles de M. Salzmann. J'avais joint plus de 190 pièces justificatives, elles ne figurent pas dans le rapport."

Désormais, "la balle est dans le camp de la présidence de l'université, dont l'inaction a été soulignée par les inspecteurs", écrit encore "Le Monde". Joint par EducPros, le président de l'université, Jean-Loup Salzmann, ne souhaite pas faire de commentaires.

De son côté, le ministère indique que le rapport sera rendu public "très prochainement". S'agissant des dysfonctionnements liés à la gestion financière, le ministère assure que "toutes les recommandations de l'Inspection seront mises en oeuvre par le président de l'université, comme il l'a confirmé par écrit dans sa réponse." Sur le volet judiciaire, un signalement auprès de la préfecture de police a été effectué au mois d'avril suite aux dernières menaces dont Samuel Mayol a fait l'objet.

Morgane Taquet | Publié le