Les directeurs des écoles d’art se mobilisent contre le rapport de l’AERES

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Le mardi 24 mars 2009 a lieu, à Rennes, la réunion de l’Association nationale des directeurs d’écoles d’art (Andea) et de la Coordination des enseignants des écoles d’art. L’objet du litige est le rapport de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) remis le 4 mars dernier à propos de « La reconnaissance du grade de master pour les titulaires du Diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP). » Les directeurs des écoles d’art protestent en effet vigoureusement contre l’avis des experts de l’AERES. 

Les écoles d’art avaient en effet demandé à l’AERES que leur diplôme bac+5 (le DNSEP) bénéficie du grade de master. Les raisons étaient simples : favoriser la mobilité des étudiants et leur insertion professionnelle. Sollicités par les ministères de l’Education nationale et de la Culture, les experts nommés par l’AERES - des artistes et des universitaires - ont réalisé une enquête auprès de sept écoles jugées représentatives (parmi les 48 écoles d’art qui dépendent du ministère de la Culture).

Absence de recherche

Ils ont retenu comme points positifs la qualité des moyens (espaces, équipements), le degré d’encadrement, les partenariats culturels et internationaux, et le degré de satisfaction des étudiants. Mais les experts ont été beaucoup plus sévères concernant l’enseignement.  Ils ont, entre autres choses, déploré l’absence de recherche, le manque de qualification universitaire des professeurs, notamment ceux en charge de la partie théorique. Pour le mémoire de diplôme, la définition de ce qui est attendu des étudiants en terme de qualité est jugée insuffisante. Enfin, les critères d’évaluation du travail des étudiants sont considérés comme trop flous.

Un grade accordé au cas par cas et sous conditions

En conséquence, le comité d’expert accorde l’équivalence du DNSEP au grade de master sous certaines conditions : les enseignements artistiques devront être construits de façon progressifs et les objectifs et le contenu des programmes communiqués aux étudiants. Les experts demandent aussi que les procédures d’évaluation des étudiant soient plus claires. Il faudrait aussi selon eux que les professeurs des années de master soient en majorité des docteurs assistés par des titulaires de master 2. Les étudiants devront rédiger un mémoire de fin d’études de type universitaire. Enfin, l’équivalence au grade de master sera accordée école par école, et celles-ci devront avoir un fonctionnement autonome.

L’autonomie des écoles d’art pose problème

Ce rapport a beaucoup surpris Jacques Sauvageot, président de l’Andéa et directeur de l’ERBA (Ecole régionale des Beaux-Arts) de Rennes, qui avoue : « je ne pensais pas que les experts auraient une position aussi tranchée et caricaturale ». Et d’ajouter : « le problème est qu’ils ont une conception très universitaire de ce que doit être la recherche dans une école d’art. Le fait par exemple d’obliger les étudiants à rédiger un mémoire qui ne soit pas lié à leur projet artistique est problématique. D’ailleurs cela ennuie beaucoup les étudiants qui commencent à se mobiliser ».

Jacques Sauvageot souligne aussi que l’autonomie juridique des écoles pose un problème, puisque ces écoles sont souvent municipales. Enfin interroge t-il, « si l’agrément se fait école par école, que vont devenir celles qui n’auront pas le grade de master ? ». Bref, à moins que le ministère de la Culture ne règle ce problème directement avec le ministère de l’Enseignement supérieur, la situation risque de se retrouver quelque peu bloquée.

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