Universités allemandes : des étudiants dans la rue malgré un budget à la hausse

Marie Luginsland (notre correspondante en Allemagne) Publié le

Le Hold up simulé contre la Deutsche Bank a été le point d’orgue de la semaine de protestations des étudiants allemands à la mi-juin 2009. Le symbole était fort puisqu’en s’en prenant à un institut bancaire, ils dénonçaient l’aide de l’Etat aux banques en difficulté face à la crise financière. Les injustices dont ils se sentent victimes n’en sont est que plus criantes : amphis surchargés, universités accueillant parfois le double de leur capacité, droits d’inscription dans de nombreux Länder, et la réforme LMD qui rend les études trop scolaires à leur goût et dont de nombreuses voix (également côté enseignants) réclament la disparition...

Ce sont au total, mi-juin, 150 000 étudiants qui ont tenté par des sit-in, des occupations de bureaux de présidents et des rassemblements dans 80 villes différentes d’attirer l’attention sur la situation précaire de l’université allemande.

Les manifestants dénoncent une mauvaise répartition des moyens entre universités

Ces mouvements sont survenus alors que l’Etat fédéral et les Länder venaient de dégager un budget supplémentaire de 18 milliards d’euros dans un deuxième pacte pour l’enseignement supérieur. Un pacte qui devrait permettre de créer 275 000 places d’étudiants d’ici à 2019, soit 7,3 milliards d’euros. Ils répondaient ainsi à un besoin urgent résultant des doubles promotions de bacheliers d’ici à 2013. Un phénomène dû au raccourcissement des études secondaires dans de nombreux Länder.

Si cette décision est saluée par les étudiants, c’est le deuxième volet, celui de la reconduction de l’initiative d’excellence qui soulève les mécontentements. 2,7 milliards d’euros viennent d’être alloués au deuxième round prévu pour 2012 et qui débouchera sur l’élection de douze établissements universitaires.  Il y a cinq ans, l’Etat fédéral avait déjà voté une dotation à hauteur de 1,9 milliard d'euros pour la création d’une initiative d’excellence.

Les étudiants dénoncent la poursuite de cette initiative qui a vu émerger neuf universités d’“élite“ en Allemagne alors que pendant ce temps, le renouvellement des enseignants –notamment dans les filières bachelors- n’est pas assuré. 26 000 places sont actuellement vacantes.


Marie Luginsland (notre correspondante en Allemagne) | Publié le