Les IAE veulent monter en puissance à l'occasion de la réorganisation universitaire

Sarah Piovezan Publié le
Les directeurs des 31 IAE de France qui présentaient, jeudi 3 octobre, leur « Livre Blanc », en sont convaincus: c'est maintenant ou jamais qu'il faut agir. « L'Université française ne se réforme pas tous les jours » souligne Alain Ged, directeur de l'IAE d'Aix. « Nous avons une fenêtre de tir, pendant trois ou quatre ans encore. Si on ne fait rien maintenant, vue l'intensification de la concurrence mondiale, l'enseignement public français en management pourrait disparaître de la carte. »

Pour rester dans la course, les IAE réclament donc à cor et à cri une série de mesures qui leur permettraient de devenir de véritables « business schools » publiques, au sein d'universités recomposées. Leur plus grosse peur : que le mouvement de regroupement des universités, initié autant par les PRES que par l'Opération Campus, doublé de leur prise d'autonomie, n'étouffe leur propre liberté. « Les IAE n'ont jamais été des UFR comme les autres! » s'exclame Pierre Louart , tonique directeur de l'IAE de Lille et président du réseau. « Dès leur création, ils ont été pensés comme des forces de créativité transversales, pour développer des pratiques innovantes: formation continue, apprentissage, professionnalisation, activités à l'international, etc. » Il s'agit donc pour eux, non seulement de conserver ces fondamentaux, mais aussi de conquérir de nouvelles marges de manoeuvre.

Les rédacteurs du Livre Blanc formulent  ainsi plusieurs préconisations. D'abord, généraliser la sélection -qu'ils pratiquent déjà- à tous les points d'entrée dans leurs cursus. Ensuite, les IAE veulent être les « fers de lance » des programmes de formation en management à l'université. Ils entendent donc jouir, même si le mot n'est pas utilisé, d'un monopole sur cette discipline, pour éviter qu'elle ne soit redistribuée vers d'autres structures. Mais pour répondre à leurs ambitions, les IAE réclament surtout des moyens : financiers d'une part, notamment pour pouvoir rémunérer du personnel administratif dédié à certains projets, et statutaires d'autre part. « Nous voulons une plus grande liberté d'initiatives dans l'obtention de ressources financières partenariales (chaires, fondations, contrats d'études...) » peut-on lire dans le document. « Monter un partenariat avec une entreprise, cela ne peut pas se faire dans les délais normaux d'une université où chaque instance doit se prononcer. Nous devons être plus réactifs » traduit Alain Ged. Et pour contractualiser, les IAE doivent être dotés d'une autonomie institutionnelle avec personnalité morale.

Dernières revendications: la perception de frais de scolarité spécifiques, la capacité à fournir des jobs et des prêts à leurs étudiants, et la possibilité de recruter du personnel sur contrats de missions. En contrepartie, les IAE se disent ouverts à une large recomposition du paysage, quitte à fusionner certaines entités trop petites ou à s'allier avec des partenaires privés. Autant de réformes indispensables, à leurs yeux, pour réussir à bâtir ces « grandes écoles universitaires en management » qu'ils appellent de leurs voeux.

Sarah Piovezan | Publié le