Les IUT veulent peser dans le paysage post-bac

Florence Pagneux (à Lorient) Publié le
Quelle place pour les instituts universitaires de technologie dans la nouvelle donne universitaire ? Après des mois de bras de fer avec le ministère sur la question des moyens, les directeurs d’IUT, réunis en assemblée générale à Lorient du 13 au 15 mai 2009, se sont donnés un an pour définir un nouveau projet. Certains plaident pour la création d’universités technologiques, séparées des universités classiques, comme il en existe dans d’autres pays européens. L’ADIUT (association des directeurs d’IUT) milite pour des IUT autonomes au sein des universités.

Soulagés mais pas pleinement rassurés. Les directeurs d’IUT réunis à Lorient ont beau avoir obtenu des garanties sur leur place au sein de l’université, ils sont encore en attentes de réponses. « Nous ne sommes pas au bout de la démarche », résume Jean-François Mazoin, président de l’ADIUT et directeur de l’IUT Paul Sabatier de Toulouse. La circulaire du 20 mars 2009, reconnaissant l’autonomie de gestion des IUT au sein des universités, constitue une première avancée. « Ce texte nous sécurise un peu, commente Herbert Nery, directeur de l’IUT de Nancy-Charlemagne. Mais j’attends avec un peu de curiosité la façon dont elle va être appliquée ».

Des contrats d’objectifs et de moyens

Seconde garantie, la mise en place d’un outil de dialogue interne entre université et IUT, le contrat d’objectifs et de moyens (COM). Ces documents budgétaires sont en cours de rédaction sur le terrain et devront remonter au ministère d’ici le 30 juin. « Chez nous, le COM est déjà finalisé, témoigne Pascale Bergmann, directrice de l’IUT Louis Pasteur de Schiltigheim. On a eu un moment d’échanges privilégié pour balayer la situation. Cela permet d’avoir un engagement de l’université sur nos projets ». Directeur de l’IUT de Béziers, Yves Moreau semble moins optimiste : « Nous restons sous dotés par rapport à d’autres composantes ».

Reste une inconnue de taille, celle des moyens dédiés aux IUT après 2010, date jusqu’à laquelle le ministère s’est engagé à les maintenir. « Le système actuel d’allocation des moyens défavorise les IUT, rappelle Jean-François Mazoin. Le ministère en a pris conscience et nous a associé à l’évolution de ce système. Mais nous attendons maintenant des arbitrages politiques ».

« Jouer la carte de l’ouverture tout en maintenant leur identité »

« Le modèle d’allocation des moyens est perfectible, a reconnu Patrick Hetzel, directeur général de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP), qui a fait le déplacement, le 15 mai 2009, à Lorient. Nous allons travailler avec la CPU pour trouver un équilibre ». Ce dernier a par ailleurs enjoint les IUT à « jouer la carte de l’ouverture tout en maintenant leur identité ». Une identité marquée par une pédagogie particulière, un lien fort avec les entreprises et le territoire que la DGESIP voudrait voir diffusée au reste de l’université. « Vous portez en germe les évolutions de l’enseignement supérieur. Ne gardez pas cela pour vous ».

Des universités technologiques autonomes ?

Pour affirmer l’identité des IUT dans un système d’enseignement supérieur en pleine évolution, l’ADIUT a profité de son assemblée générale pour élaborer trois grands thèmes de réflexion (voir encadré) destinés à ébaucher un nouveau projet pour les IUT. Pour Denis Richard, directeur de l’IUT de Clermont-Ferrand, il serait temps de plancher sur la création d’universités technologiques, séparées des universités classiques, comme il en existe dans d’autres pays européens. Pour l’heure, Jean-François Mazoin plaide pour une université « complète », où cohabitent des filières très différentes les unes des autres. « Je souhaite tout tenter pour que les IUT bénéficient d’une autonomie au sein des universités, précise le président de l’ADIUT. Même si une situation difficile pourrait conduire à se dire que le ciel est plus bleu ailleurs… ».


Un an pour définir le projet des IUT
Accueil et formation, recherche et transfert de technologie, pilotage et gouvernance. Tels sont les trois thèmes de réflexion choisis par l’ADIUT pour redéfinir le projet des IUT. Dès la rentrée prochaine, le bureau de l’association se rendra dans chaque région pour rencontrer les personnels des IUT. Son objectif : expliquer les évolutions conduites cette année et débattre autour de dix questions sur chaque thème. Des synthèses régionales puis une synthèse nationale seront élaborées d’ici janvier 2010. Des ateliers seront ensuite menés sur le plan national pour conforter telle ou telle piste. Des questions comme la création d’une licence technologique, la concurrence entre BTS et DUT ou l’accueil des bacheliers professionnels seront notamment abordées. Les partenaires de l’ADIUT seront associés à la démarche, qui devrait s’achever en mai 2010.

Florence Pagneux (à Lorient) | Publié le