"Les mutations des écoles de commerce ne sont pas bien vécues par tout le monde" (Jean-Louis Mutte, ESC Amiens)

Jessica Gourdon Publié le
"Les mutations des écoles de commerce ne sont pas bien vécues par tout le monde" (Jean-Louis Mutte, ESC Amiens)
Le campus d'Amiens de France Business School // DR // © 
Quatre dirigeants de Sup de Co Amiens comparaissaient dans le cadre d'un procès pour harcèlement moral le 24 mars 2011. Suite au dépôt d'une question prioritaire de constitutionnalité, l'audience a été reportée.

Coup de théâtre le 24 mars 2011 à Sup de Co Amiens : l'audience où comparaissaient pour harcèlement moral quatre dirigeants de l’école a été repoussée. Une des avocates de la défense a déposé une QPC (question prioritaire de constitutionnalité) pointant le flou de la définition de l’accusation. Le tribunal correctionnel d’Amiens a jugé recevable la demande, et transmis à la cour de Cassation. L'audience avait déjà été repoussée une fois, en janvier dernier, pour vice de forme.

Sept victimes

Sept victimes ont été prises en compte dans la procédure. Parmi elles, figurent une assistante pédagogique qui a commis une tentative de suicide en 2009, et dénoncé dans un courrier ses conditions de travail.

Ou encore Patrice Toto, formateur et représentant CGT au CHSCT. Suspendu pour accident du travail, il se dit victime d'une "mise au placard déloyale", de "vexations" et de "mépris" de la part de sa hiérarchie. "Aujourd'hui, nous sommes déçus par ce report de l'audience. Mais les accusés ne pourront pas éternellement se défiler avec leurs recettes d'avocats", estime-t-il.

L’enquête s’est également attardée sur le suicide, en 2009 et sur son lieu de travail, d’une ancienne membre du comité de direction qui avait été rétrogradée quelques années auparavant. La famille s'est constituée partie civile.

Un modèle managérial en pleine évolution

"Les mutations des écoles de commerce ne sont pas bien vécues par tout le monde", reconnaissait, quelques jours avant l'audience, Jean-Louis Mutte , le directeur général, qui comparaissait auprès d'Isabelle Mathieu (directrice administrative et financière), Georges Pouzot (directeur de l'ISAM) et Roger Davis (directeur du programme grande école).

L’internationalisation rapide et la concurrence accrue que connaissent les écoles depuis 10 ans ont entrainé une « surcharge de travail » sur certaines périodes, et de « nouvelles missions » qui ont parfois été « mal acceptées », poursuit le directeur. « Pour une partie du personnel, c'est compliqué de parler anglais. Il y a un vrai choc culturel, surtout dans une ville comme Amiens, qui change lentement (…) Et puis, ici, les salariés ont un rapport très affectif à l’école. Beaucoup y font toute leur carrière ».

Ironie de l’histoire : l'école a souhaité participer au classement « Great Place to Work » 2011, organisé par l’institut du même nom. Les gagnants ont été annoncés la semaine dernière. L’ESC Amiens ne figure pas parmi les lauréats.

Jessica Gourdon | Publié le