Les universités britanniques entre restrictions budgétaires et concurrence étrangère

De notre correspondante à Londres, Élisabeth Blanchet Publié le
Malgré un taux de réussite record au A-Level, la rentrée universitaire s’annonce morose et l’annonce du rapport sur le financement du supérieur à l’automne laisse présager un avenir de plus en plus compétitif et onéreux pour les étudiants britanniques.

Le taux de réussite au A-Level, équivalent du bac, a atteint cette année un record (97,6 %) et sur les 674.339 lycéens qui ont fait des demandes d’inscription en premier cycle universitaire, un quart n’auront pas de place. D’un côté, les demandes d’inscription augmentent de 11,8 % par rapport à l’an passé et de l’autre, le nombre de places à l’université diminue en raison des coupes budgétaires imposées par le gouvernement en début d’année. Plus de 170.000 “bacheliers” britanniques n’auront pas de place à l’université à la rentrée de septembre 2010.

Dans ce contexte de compétition accrue, c’est toute la politique de démocratisation de l’enseignement supérieur qui se trouve remise en question. Les places sont de plus en plus rares et chères : depuis l’arrivée de Tony Blair en 1997, l’université est devenue payante. De 1.270 € en 2001, les frais de scolarité annuels sont passés à 3.895 € depuis la rentrée universitaire 2009 et beaucoup prédisent qu’ils vont de nouveau augmenter dès 2011. Le nouveau gouvernement de coalition va en effet annoncer à l’automne les nouvelles lignes de sa politique de financement du supérieur. Alors que les conservateurs se sont toujours montrés en faveur de l’augmentation des frais de scolarité, les libéraux-démocrates ont défendu leur abolition durant leur campagne préélectorale. Mais, coalition rime avec compromis, et il semble que les libéraux-démocrates laisseraient les conservateurs mener la danse en matière de financement du supérieur .

“Cela vaut-il vraiment la peine d’aller à l’université ?”

Au-delà de la démocratisation de l’accès à l’université et de la fameuse formulation travailliste “Aim Higher” (Visez plus haut), une même question se trouve au cœur des débats et des éditoriaux des journaux de cette prérentrée universitaire : “Est-ce que cela vaut vraiment la peine d’aller à l’université ?”

La perspective de commencer sa vie active, endetté d’environ 30 000 €, freine de plus en plus de jeunes. Ils préfèrent la formule “Aime lower” et la voie des apprentissages en entreprise, du bénévolat ou encore l’entrée directe dans la vie active. De plus, la garantie d’avoir un emploi plus rémunérateur si on suit des études supérieures est de moins en moins vraie dans la société britannique.

Des universités étrangères attractives

D’autre part, on assiste à un nouveau phénomène : le succès des universités étrangères auprès des étudiants britanniques. Certaines institutions d’enseignement supérieur telles que l’Université de Maastricht aux Pays-Bas, par exemple, n’hésitent pas à faire de la publicité pour ses formations en langue anglaise à un coût deux fois moins élevé que celui de ses homologues britanniques.

Quant à ces dernières, leur nombre de places pour les Anglais et les Européens étant plafonné par le gouvernement, elles recrutent ailleurs... Selon une enquête du "Sunday Times", elles n’hésiteraient pas à accueillir des étudiants hors UE avec des résultats inférieurs à leurs critères de sélection. Les frais de scolarité des étudiants étrangers qui ne sont pas de l’Union européenne sont en effet trois fois plus élevés que ceux des Britanniques et des Européens. L’affaire est donc lucrative...

De notre correspondante à Londres, Élisabeth Blanchet | Publié le