Les universités espagnoles se serrent la ceinture

De notre correspondant en Espagne, Armand Chauvel Publié le
Alors que le gouvernement présidé par Mariano Rajoy, entré en fonctions fin décembre, prépare une réforme universitaire que devra mettre en œuvre le nouveau ministre de l’Éducation, de la Culture et des Sports, José Ignacio Wert, les universités espagnoles s’adaptent tant bien que mal à la diminution de leur financement. «Nos budgets se situent dans un scénario régressif qui nous éloigne clairement des universités que nous aimerions concurrencer en Europe», déclarait Ana Ripoll, recteur de l’UAB (Universidad Autonoma de Barcelona) , lors d’une conférence donnée en décembre 2011.



Restrictions budgétaires et coupes dans les dépenses des personnels


Les mesures de restriction budgétaire de la Generalitat, le gouvernement régional catalan, ainsi que la baisse des recettes liée à la crise économique réduiront cette année de 8% le budget de l’UAB, qui s’établira à 298 millions d’euros, contre 322 en 2011 (et 344 en 2010). Sur les 24 millions d’économies à réaliser, une dizaine concerneront les dépenses de personnel. L’UAB envisagerait ainsi de diminuer le nombre de professeurs adjoints, contractuels, tout en redistribuant une centaine d’heures de cours supplémentaires par an et par professeur fonctionnaire, une mesure très mal accueillie par le corps professoral – qui ne devrait être confirmée qu’après mars prochain.

Augmenter les recettes coûte que coûte


Parallèlement, des pistes sont à l’étude pour augmenter les recettes : meilleure gestion du patrimoine immobilier (en faisant payer les locaux occupés jusqu’alors à titre gratuit par différents organismes) ou augmentation du prix de la formation continue, par exemple. En Galice, l’université de La Corogne cherche aussi à diversifier ses sources de financement ; une entité de capital-risque, la fondation Barrié, vient d’investir 500.000 € dans deux de ses projets, et son tout nouveau recteur, José Luis Armesto, souhaite promouvoir le mécénat auprès des grandes fortunes de la région, «une solution très intéressante mais sous-exploitée» selon lui.

Un plan «d’efficacité» à la Complutense de Madrid


À Madrid, l’UCM (universidad Complutense de Madrid) , la plus grande université espagnole par le nombre d’étudiants, œuvre dans le même sens. Sous la responsabilité de son recteur, José Carrillo, elle a approuvé fin 2011 un «plan d’efficacité» destiné à faire face à un endettement de 150 millions d’euros pour un budget 2012 de 545 millions. Côté recettes, l’UCM créera un bureau de soutien aux chercheurs destiné à les informer de tous les concours et appels d’offres auxquels ils peuvent se présenter. D’autres bureaux se spécialiseront dans la captation de fonds privés ou l’optimisation du patrimoine immobilier et des brevets.

Côté dépenses, l’UCM se propose d’économiser à moyen terme 40 millions. Pratiquement, tous les postes sont concernés. Outre un plan d’économie d’énergie, les frais de téléphonie mobile ou de protocole – respectivement de 343.000 et 423.000 € en 2011 – seront réduits à la portion congrue et l’absentéisme des 10.000 travailleurs sera étroitement contrôlé. Le mobilier ne pourra plus être changé que tous les dix ans et les équipements informatiques tous les quatre ans. Enfin et surtout, l’UCM gèlera les embauches et remplacera le strict minimum des 1.700 de ses employés qui doivent partir à la retraite d’ici à 2026.

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