LinkedIn met les étudiants au cœur de sa stratégie

Morgane Taquet Publié le
LinkedIn met les étudiants au cœur de sa stratégie
Capture logo Linkedin Students // ©  LinkedIn
Plus que jamais intéressé par le marché de l’enseignement supérieur, LinkedIn, le réseau professionnel aux 380 millions de membres, fait disparaître mi-mai sa rubrique éducation, investie par écoles et universités, au profit d'une application dédiée aux étudiants eux-mêmes.

C'est par un mail envoyé mi-avril que LinkedIn a fait savoir aux utilisateurs de la rubrique éducation que celle-ci disparaîtrait le 16 mai 2016. Et, avec elle, la probabilité d'un classement des établissements d'enseignement supérieur s'éloigne encore plus.

Depuis 2014, un classement des universités en fonction des carrières des utilisateurs LinkedIn classe les meilleurs établissements selon huit grands domaines d'activité. S'il s'avérait concluant, ce classement testé aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, devait être exporté en France.

Manuel Canévet, consultant et blogueur spécialisé sur ces questions, analyse ce changement comme une volonté de LinkedIn de segmenter son site par cible. Pulse pour les professionnels en activité, Jobsearch pour ceux qui cherchent un emploi, Recruiter pour les recruteurs, et, bientôt, LinkedIn Students pour les étudiants.

un retour aux sources

Pour remplacer ces fonctionnalités, la nouvelle application, déjà testée aux États-Unis, devrait voir le jour en France. Avec LinkedIn Students, la volonté de recentrage sur le cœur de cible, à savoir les jeunes, est claire. "En 2014, LinkedIn a déjà baissé l'âge minimal d'inscription à 14 ans aux USA, et à 13 ans à peu près partout", pointe le blogueur Sylvain Léauthier, chargé des réseaux sociaux à l'Université catholique de Lyon.

Là où le classement se voulait être une aide à l'orientation, un outil pour trouver "l'école qui correspond au métier de (ses) rêves" selon les termes mêmes de LinkedIn, l'appli revient aux racines de la plateforme : aider les étudiants à dénicher un job.

Dans sa version américaine, l'application fournit des informations personnalisées sur les parcours d'alumni, des fiches métiers ou des entreprises correspondant au parcours de l'étudiant, mais promet aussi de dénicher des offres d'emploi auxquelles postuler directement en ligne.

Ils sont en train de réussir une sacrée prouesse : on y trouve nos anciens, nos profs qui publient sur Pulse, nos collaborateurs, et, bien sûr, nos étudiants !
(P. Oster)

Moins de visibilité pour les établissements ?

Pour Sylvain Léauthier, "si ce revirement implique une moins grande visibilité pour les établissements, in fine, cela ne modifie en rien nos missions, à savoir apprendre aux étudiants à se servir de la plateforme et les aider de façon plus globale à trouver un emploi."

Même constat à HEC, qui compte plus de 70.000 abonnés. "Certes, un classement aurait été intéressant, mais, finalement, un futur étudiant pourra toujours réaliser sa propre enquête sur le réseau. Concrètement, cela ne va rien changer à notre stratégie. Nous allons continuer à voir LinkedIn comme un super-complément de nos activités ! Ils sont en train de réussir une sacrée prouesse : on y trouve nos anciens, nos profs qui publient sur Pulse, nos collaborateurs, et, bien sûr, nos étudiants !" affirme Philippe Oster, directeur de la communication de l'école.

Heureusement pour les écoles et universités, les données sur les alumni disponibles sur LinkedIn devraient subsister. "D'autant que ce sujet doit être prioritaire pour les établissements, encore trop peu nombreux à les maîtriser", souligne Manuel Canévet.

Pages éducation : ce qui va disparaître
À compter du 16 mai, seront désactivés la rubrique Éducation, et donc les pages de sélection, l'explorateur de champ d'études, la recherche d'écoles et le classement des écoles. "Mais, pas d'inquiétude à avoir, prévient LinkedIn, toutes les données que vous y trouviez, fournies par notre réseau de professionnels, seront disponibles dans la nouvelle application."

Même si "la rubrique éducation du menu principal et ses sous-rubriques disparaissent, explique Manuel Canévet sur son blog, il sera toujours possible de chercher 'un ancien élève' via le moteur de recherche ou via les pages /edu." Des évolutions pourraient encore apparaître dans les prochains mois, puisqu'une fusion des pages université et corporate d'un même établissement serait envisagée d'ici à fin 2016.

Retrouvez ici les explications de LinkedIn.

Morgane Taquet | Publié le