L’orientation des champs n’est pas celle des villes : une enquête du Céreq

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Les parcours éducatifs des jeunes ruraux ont fait l’objet de peu d’études par rapport à ceux des jeunes des quartiers défavorisés. Des chercheurs du centre associé du Céreq à Caen ont voulu combler cette lacune. Leur enquête auprès des jeunes de Basse-Normandie témoigne de la difficulté de poursuivre des études supérieures en milieu rural.

C’est lors de l’orientation après la troisième que les parcours des ruraux et des urbains commencent à diverger, malgré des résultats scolaires équivalents à ceux observés en milieu urbain. Il s'agit du principal enseignement d'une enquête menée auprès de jeunes bas-normands par des chercheurs du centre associé du Céreq à Caen.

Projets de métiers liés au lieu de vie

Parallèlement, leurs aspirations en termes de poursuite d’études et de projets de métier sont plus modestes. C’est sans doute pour cela que les jeunes ruraux estiment à 81% (contre 75% en moyenne) que leur orientation après la troisième a été conforme à leur souhait. Une question de « connaissance concrète des métiers possibles (…) intimement liée à l’environnement dans lequel évolue le jeune », pointe l’enquête, à travers l’exemple bas-normand. Pour une même catégorie sociale donnée, les projets de métiers diffèrent selon le lieu d’habitation. Les enfants de cadre sont plus tentés par le métier d’agriculteur lorsqu’ils vivent à la campagne et les enfants d’ouvrier par les professions intellectuelles quand ils habitent dans un pôle urbain.

Voie professionnelle

La Basse-Normandie, où les bacheliers enfants d’agriculteurs sont trois fois plus nombreux qu’ailleurs, est aussi l’une des régions où le taux d’entrée dans la voie professionnelle après la troisième est le plus élevé. Dès la quatrième, les collégiens de ce département s’orientent plus que les autres vers les troisièmes de découverte professionnelles. 43% des élèves (11% en apprentissage) entament un second cycle professionnel, contre 38% pour la France entière (dont 8% en apprentissage). Et les filières technologiques y sont également attractives.

Les Maisons familiales rurales dans le paysage scolaire

À noter aussi que les élèves bas-normands quittent plus fréquemment le collège en fin de cinquième et de quatrième pour rejoindre les maisons familiales rurales (MFR). Les MFR, « alternatives, appréciées par les familles en cas d’échec dans les établissements de l’Éducation nationale », précise l’enquête, font partie intégrante du paysage scolaire du territoire et offrent des formations professionnelles jusqu’au BTS.

Études courtes

Côté poursuites d’études postbac, elles sont moins fréquentes en Basse-Normandie qu’ailleurs. Surtout dans les lieux où suivre des études ne s’envisagent pas sans mobilité. Et les jeunes ruraux ayant décroché un bac ES, L ou S se dirigent plus volontiers vers une filière courte – BTS ou DUT – que les bacheliers généraux des villes. Trois ans après la fin de leurs études, la moitié des diplômés du supérieur a quitté la campagne, alors que les trois quarts des jeunes faiblement qualifiés y sont toujours.
Plus facile de quitter les champs quand on est diplômé des villes.

Voir aussi : « Éducation : l'alternance est-elle la solution magique ? » .

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