Louis-le-Grand ouvre sa première classe technologique

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Louis-le-Grand ouvre sa première classe technologique
©Virginie Bertereau // © 
Vingt élèves de série STI2D (sciences et techniques de l’industrie et du développement durable) dans les locaux du lycée parisien Louis-le-Grand, cela éveille la curiosité. Luc Chatel est venu leur rendre visite ce mercredi 7 septembre 2011. Reportage dans le lycée du Quartier latin qui ouvre sa première classe de série technologique.

Lors de sa conférence de presse de rentrée, près d’une semaine plus tôt, le ministre de l’Éducation nationale n’avait pas caché sa « fierté » d’annoncer l’ouverture de séries technos dans de prestigieux établissements de la capitale. Jusqu’ici, Louis-le-Grand, 450 ans d’existence, n’accueillait que des élèves de séries S et L. Même pas de ES.


Une filière technique dans un lycée d'élite

Le ministre est donc venu à la rencontre de ces « curiosités » qui ont préféré un cursus plus tourné vers la pratique que le conceptuel dans un lycée d’élite du 5e arrondissement parisien. Dans leur atelier de technologies industrielles (installé dans les hauteurs du lycée), où ils vont passer 14 heures par semaine, les élèves de première racontent d’où ils viennent. Mohammed était en 1re bac pro à Louis-Armand (Paris 15e) avant d’être pris ici avec de bonnes notes (14-15/20 de moyenne). Vincent, lui, était en 2nde générale à Paul-Valéry (Paris 12e), un autre lycée qui vient d’ouvrir une classe STI2D, mais moins prestigieux. D’autres sont issus de Colbert (Paris 10e) ou même de Louis-le-Grand.

Des élèves chouchoutés…

Ces élèves de STI2D-là ont la chance de bénéficier d’un emploi du temps modulable en fonction de leurs besoins personnels, d’heures de soutien effectué par un Polytechnicien, de deux professeurs présents ensemble pour leur faire classe (inédit à Louis-le-Grand) dans les matières techniques, de cours de techno en anglais… Bref, un « chouchoutage » que bien des élèves de STI2D de France peuvent leur envier. Il faut dire que le proviseur du lycée, Joël Vallat, met la barre aussi haute pour ces élèves que pour les autres recrues de l’établissement. « Les perspectives pour eux, ce sont la prépa et les grandes écoles ». Du reste, leurs vœux s’orientent vers « une prépa Saint-Cyr », « le métier d’architecte », « le secteur de l’informatique »…

… mais encore « à part »

Comment l’introduction d’élèves technos à Louis-le-Grand a-t-elle été perçue par les autres lycéens ? Apparemment, d’un bon œil. « Cela ne change pas grand chose pour nous », révèle Ippolyti, lycéenne en 1re S européenne. « C’est bien que le lycée s’ouvre à d’autres filières », affirment Lydia, Jade, Juliette et Margaux. « La seule chose : pourquoi le lycée a ouvert une classe STI mais pas ES ? Certains élèves ont dû changer d’établissement pour passer en 1re économique et sociale, nuancent-elles. Peut-être pour préserver une réputation de lycée avant tout scientifique ».

Après deux jours de cours, le brassage des deux populations n’est pas encore évident. « On est à part par rapport aux autres et on ne reste pas beaucoup dans le quartier », déclare Vincent. Le temps de s’y faire… Le proviseur avoue lui-même que « l’arrivée de ces élèves n’a pas été si simple. Il a fallu franchir des obstacles, presque des réticences, changer les mentalités », faisant toutefois allusion à l’enthousiasme de professeurs de matières non techniques « qui s’étaient portés volontaires pour participer à l’équipe pédagogique ».  

Lycées prestigieux cherchent élèves technos

À Louis-le-Grand, tout est donc mis en place pour faire de cette STI2D un succès. Malgré tout, « ils ont eu du mal à remplir la classe », indique Vincent. « Nous en sommes à la première année, rappelle Sophie Edouard, chargée de communication du rectorat de Paris. Par ailleurs, ce n’est pas évident de venir étudier ici quand on est issu du 19e arrondissement ». Conviée à la rencontre, Anny Forestier, la proviseur de Janson-de-Sailly, qui vient également d’ouvrir une classe STI2D, assure : « Je suis persuadée que les classes seront remplies l’an prochain et que nous aurons plus de filles ». Pari ouvert.  

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