Louis Schweitzer : "Avec les Idex, l'objectif n'est pas que tout le monde fusionne"

Céline Authemayou Publié le
Louis Schweitzer : "Avec les Idex, l'objectif n'est pas que tout le monde fusionne"
Selon Louis Schweitzer, une centaine de lauréats pourraient être retenus dans le cadre de l'appel à projet "écoles universitaires de recherche". // ©  Stephane AUDRAS/REA
À l'occasion d'un point d'étape sur les programmes d'investissements d'avenir, le 2 mars 2017, Louis Schweitzer, à la tête du Commissariat général à l'investissement, juge la dynamique du PIA efficace, en particulier pour les Idex/Isite. Rappelant au passage que le retour dans la course de Toulouse et de l'USPC n'est toujours pas acquis.

Plus les années passent et plus le rendez-vous devient immuable. Chaque année, tout début mars, Louis Schweitzer s'attelle à dresser un bilan annuel du PIA (Programme d'investissement d'avenir). Comme en 2016, le commissaire général à l'investissement est revenu, jeudi 2 mars 2017, sur les actions menées au cours des douze derniers mois. Comme en 2016, il a prévenu : "Il n'y aura pas de scoop."

Sans surprise, donc, Louis Schweitzer s'est réjoui de "la dynamique efficace" du PIA, évoquant un système "qui marche bien". "Bien évidemment, tous les projets ne réussissent pas, mais c'est normal lorsqu'on fait le pari de l'innovation", a-t-il précisé. Au-delà des chiffres généraux – 2016 a été l'année de tous les records en termes de projets soutenus, 1.145 contre 689 en 2015 –, il a évoqué ce qui fut, selon lui, le fait marquant de l'année : les Idex et Isite.

"trouver une gouvernance efficace"

Alors que les lauréats de la seconde vague Idex/Isite du PIA 2 sont connus depuis quelques jours, Louis Schweitzer a profité de ce bilan annuel pour rappeler "tout l'intérêt" de cette action mise en place en 2010, mais qui représente une petite part de l'enveloppe globale des PIA (3,1 milliards d'euros dédiés aux Idex sur un total de 13 milliards, dans le PIA 2). "L'année 2016 aura été marquée par des confirmations d'Idex, à l'image d'Aix-Marseille, de Bordeaux ou de Strasbourg. Ces dernières seront labellisées jusqu'à la nuit des temps", a-t-il rappelé.

Avant d'évoquer le sort plus complexe des deux Idex stoppées en cours de route, Toulouse et l'USPC (Université Sorbonne-Paris-Cité). "Ces deux regroupements ont clairement un potentiel scientifique, mais ils n'ont pas mis en place de gouvernance efficace..." S'il précise qu'à l'heure actuelle, "aucun calendrier n'est arrêté quant au réexamen de ces deux dossiers", Louis Schweitzer évoque le "possible" rattrapage des candidatures, en insistant bien sur l'aspect non systématique de cette action.

Un message directement destiné auxdits regroupements, qui ont présenté il y a une dizaine de jours un nouveau projet, dans le but de décrocher à nouveau le précieux label. Ce dernier pourrait être financé, si rattrapage il y a, grâce à une enveloppe préservée dans le budget du PIA 2, qui se clôturera le 30 juin 2017. "Mais tout ceci est de l'ordre de l'hypothèse", prévient le commissaire.

En attendant, Toulouse et l'USPC doivent composer avec des problématiques de fusions d'universités. La semaine passée, le conseil d'administration du regroupement parisien n'a pu se tenir, des opposants au projet de fusion de Paris 3, Paris 5 et Paris 7 ayant manifesté devant le siège de la CPU où se tenait la réunion. Pourtant, le commissaire général à l'investissement l'affirme : "L'objectif n'est pas que tout le monde fusionne. Le but est qu'une gouvernance efficace se mette en place et que l'entité puisse être reconnue à l'international comme une université."

Les Isite sont des Idex spécialisés, et non des Idex de seconde classe. L'exigence scientifique est la même.
(L. Schweitzer)

"Les Isite, des Idex spécialisées"

Évoquant la seconde vague des Idex/Isite annoncée le 24 février, Louis Schweitzer a tenu à prévenir : "Il est probable que les dotations des Isite ne soient pas du même montant que celles des Idex." Une décision qui ne doit pas être interprétée comme une sanction, mais comme une conséquence logique du périmètre même des Isite.

"Les Isite sont des Idex spécialisées, et non des Idex de seconde classe. L'exigence scientifique est la même". Et le représentant du CGI de citer l'un des membres du jury international : "Caltech, par exemple, est une Isite : elle est la meilleure université dans son domaine." Une façon d'arrondir les angles et de prévenir les déceptions, alors que les dotations des 12 lauréats du PIA 2 seront dévoilées mi-mars.

Louis Schweitzer a réaffirmé que tous les projets labellisés seraient soumis à une confirmation dans quatre ans, avec, pour deux regroupements – Lyon et Montpellier –, un examen d'étapes à mi-parcours.

PIA 3... Et PIA 4 ?

Après le bilan du PIA 2, cap sur le PIA 3. Lancée le 16 février 2017 avec l'annonce des deux premiers appels à projets proposés au monde universitaire ("écoles universitaires de recherche" et "nouveaux cursus universitaires"), cette nouvelle saison du programme "met l'accent sur la recherche et l'enseignement", a insisté Louis Schweitzer. Les candidatures aux deux premiers appels pourront être déposées dans les tout prochains jours sur le site de l'ANR (Agence nationale de la recherche). Une centaine de projets pourraient être retenus dans le cadre des écoles universitaires de recherche. "Mais c'est le jury qui choisira, préfère tempérer le commissaire. Pour les Idex, nous étions partis sur 10 lauréats, il y en a un peu plus. Il ne s'agit pas d'un concours, on ne retoque pas de très bons candidats."

Quant au calendrier budgétaire, les 10 milliards du PIA 3, (dont 5,9 milliards d'euros dédiés à l'enseignement supérieur et à la recherche) devraient être engagés en totalité d'ici à fin 2019.

De quoi se poser dès à présent la question d'un possible PIA 4 ? "Cette interrogation est encore prématurée", se défend le commissaire. Avant d'ajouter qu'une réflexion sur le sujet devra être lancée... dès la fin de l'année 2017, soit dans neuf mois à peine.

Céline Authemayou | Publié le