Luc Chatel, ministre de l’Education nationale : les réactions

Publié le
Luc Chatel, ministre de l’Education nationale : les réactions
24683-chatel-luc-ministre-education-nationale-01-original.jpg // © 
Luc Chatel, le nouveau ministre de l’Education nationale, a déclaré qu’il allait «  prendre le temps de l’écoute et de l’échange »,  mercredi 24 juin 2009, au lendemain de sa nomination. Educpros.fr a contacté plusieurs acteurs du secteur pour savoir ce qu’ils pensaient de cette nomination.

Frédérique Rolet, secrétaire général du syndicat SNES-FSU

« Luc Chatel entre en fonction dans un contexte peu favorable »

« La nomination de Luc Chatel est surprenante et un peu inquiétante. On se demande quel sens peut- elle avoir puisqu’il ne connaît pas l’Education nationale. Le nouveau ministre est un politique zélé, proche du président de la République, une personnalité très marquée du côté libéral.

Son arrivée au gouvernement coïncide avec l’annonce de 16 000 suppressions de postes, un chiffre dont on se doutait et qui va peser dans le dialogue social. Le contexte est donc peu favorable pour entrer en fonction… Luc Chatel va-t-il penser à une politique éducative en dehors de toute logique budgétaire ?
Le SNES-FSU va demander à le rencontrer rapidement pour discuter des dossiers qui requièrent une remise à plat, comme celui de la masterisation ou de la réforme du lycée. Nous ne sommes pas braqués d’entrée.

Quant à Xavier Darcos, nous avions déjà senti chez lui en janvier 2009 une certaine lassitude. Dernièrement, il était revenu sur certaines décisions et pilotait moins à marche forcée. Sa nomination au ministère du Travail peut être perçue comme une forme de reconnaissance. Il laisse tout de même en cours des chantiers mal engagés, un bilan contesté et contestable. »


Patrick Gonthier, secrétaire général du syndicat UNSA-Education

« Luc Chatel arrive-t-il avec un esprit nouveau ? »

« Luc Chatel part avec un faible état de grâce. Entre les réformes menées sans courage – comme celle du lycée – et les réformes non concertées – comme celle du primaire – le ministre précédent laisse derrière lui beaucoup de contentieux en cours… Les attentes sont fortes.

Aujourd’hui, on manque d’un discours sur l’éducation, un discours positif. On est en panne d’un projet collectif, de mise en œuvre de solutions. Il n’y a pas de volonté de mettre l’école hors d’atteinte des enjeux politiciens. Xavier Darcos nous a habitués à des mesures faites à court terme, dans l’urgence, destinées à faire un peu de l’audimat (comme sur le dispositif anti-violence) et « conservatrices ».

Luc Chatel arrive-t-il avec un esprit nouveau ? Quels sont ses objectifs à la rentrée ? Peut-il mettre l’école à l’abri des programmes budgétaires du gouvernement ? Xavier Darcos a annoncé 16 000 suppressions de postes avant de partir. Il est dans son rôle. C’est une continuité dans la détérioration. Nous ne ferons pas de procès d’intention au nouveau ministre. Nous souhaitons renouer le dialogue. »


Patrick Baranger, président de la CDIUFM

« Concernant les suppressions de postes, il n’y a pas de surprises »

« On ne peut rien dire sur le nouveau ministre parce qu’on ne le connaît pas. On a juste l’espoir d’être réassocié, comme au début, à la concertation sur la réforme de la formation des enseignants. On espère également que l’on prenne en compte la faisabilité de cette réforme, et que celle-ci soit qualitative. Aujourd’hui, la situation est un peu bloquée. Si elle se débloque, on pourra se dire que le changement de ministre est une bonne nouvelle.

Concernant les suppressions de postes annoncées, il n’y a pas vraiment de surprise. La deuxième année d’IUFM supprimée, on savait qu’il y aurait des impacts sur les emplois. On pouvait même penser que la réforme avait été mise en œuvre pour cette raison. Depuis mercredi matin, les économies sont chiffrées. »


Antoine Evennou, secrétaire général de l’UNL

« Pourvu que Luc Chatel ne fasse pas les mêmes erreurs que Xavier Darcos »

« On a entendu beaucoup de bruits sur la nomination du nouveau ministre. Luc Chatel n’est pas le plus mauvais. En revanche, on peut se demander pourquoi il est là, puisqu’il ne connaît pas l’Education nationale. C’est un problème pour nous, mais surtout pour lui ! Xavier Darcos avait encore l’avantage d’être un ancien professeur. D’autres, comme Benoist Apparu, nommé secrétaire d’Etat au logement et rapporteur d’une mission parlementaire sur le lycée, auraient été plus logiques.

Quoiqu’il en soit, on demande aujourd’hui à Luc Chatel d’écouter les lycéens, les parents, les enseignants pour que le climat social soit le moins chargé possible. Bref, de ne pas faire les mêmes erreurs que Xavier Darcos, qui a vraiment fait preuve d’hypocrisie. Celui-ci a annoncé 16 000 suppressions de postes à la rentrée 2010. Je trouve ça drôle que des personnalités du même groupe politique se mettent des bâtons dans les roues. Ou alors ils ont préféré que Luc Chatel ne prenne pas de risques... La logique du gouvernement actuel ne présage rien de bon. S’il le faut, dès septembre 2009, nous serons prêts à nous mobiliser. »


Massira Baragdi, porte-parole de le FIDL

« On est partant pour aider Luc Chatel, mais… »

La nomination de Luc Chatel est aberrante. C’est le summum ! D’une part parce qu’il n’a jamais travaillé sur l’éducation, d’autre part parce qu’il sera un ministre à mi-temps étant donné qu’il reste porte-parole du gouvernement. On est partant pour l’aider. Mais il faut espérer qu’il va faire ce qu’il a dit, écouter et échanger – ce que tous les politiques nous disent… De plus, sa nomination survient au même moment que l’annonce des 16 000 suppressions de postes. Que va-t-il se passer ? On est inquiet, réticent, désabusé. Le gouvernement agit comme si l’Education nationale marchait bien, comme s’il n’y avait rien à faire. Alors que c’est un ministère qui va être détruit.

Le cadeau de Xavier Darcos à Luc Chatel : 16 000 suppressions de postes

Xavier Darcos offre à Luc Chatel un cadeau de bienvenue bien encombrant... Quelque 16 000 suppressions de postes sont prévues à la rentrée 2010. Celles-ci s’ajoutent aux 13 500 suppressions de la rentrée 2009 et aux 11 200 suppressions de la rentrée 2008.
A la rentrée 2010, 600 postes d’agents administratifs et 14 000 postes d'enseignants stagiaires affectés en IUFM (institut universitaire de formation des maîtres) ou équivalent pour l'enseignement privé (1400) ne seront pas renouvelés.
L’Education nationale accuse les plus grosses pertes puisque Eric Woerth, le ministre du Budget, a annoncé la suppression de 34 000 postes de fonctionnaires dans le budget 2010.

| Publié le