L’UVSQ, ses atouts et ses faiblesses

Sophie Blitman Publié le
L’UVSQ, ses atouts et ses faiblesses
Bâtiment Vauban-Guyancourt - université de Versailles-Saint-Quentin - ©S. Blitman // © 
Au fil des années, l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) a développé une recherche d’excellence en chimie ainsi qu’en sciences du climat et de l’environnement, tout en cultivant des liens étroits avec son territoire. La cohérence de son investissement en matière de développement durable, sur le plan de la recherche, de la formation mais aussi du campus lui-même, est un autre atout de cette jeune université qui doit cependant encore renforcer sa cohésion dans certains domaines. En effet, la vie étudiante reste peu active, tandis que la pluridisciplinarité pourrait être renforcée.

Ses points forts

Une recherche primée à l’étranger

L’UVSQ a fait son entrée dans le classement de Shanghai en 2010 , dans le groupe situé entre la 401e et la 500e place. Deux de ses chercheurs ont par ailleurs reçu une médaille d’or du CNRS : le climatologue Jean Jouzel en 2002 et le chimiste Gérard Férey en 2010. En 2006, Christian Serre, un autre chimiste recruté dans l’équipe de Gérard Férey, avait pour sa part été lauréat de la médaille de bronze du CNRS.

Parmi les disciplines phares de l’université, les recherches sur le climat et l’environnement. Hébergé par l’Observatoire de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, unité mixte de recherche CEA/CNRS/UVSQ) a participé aux travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2007.

Une université ancrée dans son territoire

Héritage de l’implication, à la naissance de cette « université nouvelle » en 1991, des collectivités territoriales, mais aussi de la volonté de son premier président Michel Garnier, l’UVSQ a noué des relations fortes avec les acteurs du monde socio-économique. Les IUT, en particulier, ont impulsé cette dynamique, suivis par les nombreuses licences et masters professionnels qui ont vu le jour. Aujourd’hui, on compte au total 133 formations professionnalisantes.

Signe des liens tissés avec le territoire, 21 % des diplômés de master et 23 % des diplômés de licence professionnelle trouvent un emploi dans une entreprise des Yvelines, où sont implantés de grands groupes comme Renault, Peugeot ou EADS. Côté recherche, l’UVSQ a développé la recherche partenariale (500 entreprises partenaires, 225 contrats de recherche industriels et européens pour un montant de 8 M€ en 2009).

Autant d’efforts salués par l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur). Dans son rapport de janvier 2010 (voir pdf en fichier joint), elle note que « par une politique volontariste, cohérente et intelligente, l’UVSQ a gagné en notoriété dans son environnement académique, socio-économique et institutionnel. Cette stratégie est portée par la présidence, qui, progressivement, est arrivée à tisser des liens solides et à concrétiser des partenariats. »

Une université pionnière en matière de développement durable

Depuis plusieurs années, l’UVSQ a créé des formations et des laboratoires de recherche dédiés au développement durable, tout en mettant en place des initiatives pour rendre le campus lui-même plus vert et durable : système de covoiturage, recyclage de mobiles usagés et volonté de généraliser le tri des déchets, projet de construction de bâtiments peu énergivores… Au fil des années, l’UVSQ est ainsi devenue l’une des universités leaders en matière de développement durable , entourée de ses deux fondations partenariales Fondaterra et Mov’eoTec .

Une faculté de médecine réputée et bientôt rénovée

L’ancienne faculté de médecine de Paris-Île-de-France-Ouest (PIFO), devenue UFR des sciences de la santé, arrive en deuxième place ex æquo dans le classement de span style="font-style: italic;">l’Etudiant, fondé sur le pourcentage de candidats classés dans les 500 premiers à l’examen national classant (ENC).

Rattachée depuis 2001 à l’UVSQ, l’UFR des sciences de la santé doit en outre déménager sur un nouveau site à la rentrée 2012, à Montigny-le-Bretonneux. Des travaux ont été engagés dans le cadre d’un partenariat public-privé avec le groupement Origo, dont les actionnaires sont des filiales de Bouygues Construction. La première pierre a été posée en février 2011, pour une livraison prévue fin mai 2012.

Le nouveau site a été conçu dans une optique de développement durable : le bâtiment basse consommation (BBC) certifié HQE (haute qualité environnementale) sera peu gourmand en énergie grâce notamment à un éclairage largement naturel et une façade végétale.


Ses points faibles

La multipolarité historique

L’UVSQ est dispersée sur pas moins de sept sites : les deux principaux sont ceux de Versailles pour les services centraux et les sciences (qui possèdent en outre une antenne voisine au Chesnay) et de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui accueille le droit, la science politique, les sciences sociales, la médecine, ainsi que l’Observatoire de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et les trois instituts de recherche et d’enseignement.

Par ailleurs, si l’un des deux IUT se trouve à Mantes-la-Jolie, le second, principalement situé à Vélizy-Villacoublay, possède une antenne à Rambouillet. L’école d’ingénieurs ISTY (Institut des sciences et techniques des Yvelines) se partage, quant à elle, entre Mantes-la-Ville pour la mécatronique et Vélizy-Villacoublay pour l’informatique.

Or, loin de constituer un ensemble cohérent à l’image des campus américains, cette dispersion nuit à la vie étudiante, peu dynamique. Les associations se concentrent principalement à Saint-Quentin-en-Yvelines, mais, malgré cela, « une fois les cours finis, chacun repart ensuite chez soi. Le soir, il n’y a vraiment plus rien », témoigne Adrien, en deuxième année de médecine. Une faiblesse relevée dans le rapport 2010 de l’AERES qui souligne que « le sentiment d’appartenance des étudiants à l’université […] reste extrêmement faible ».

Cependant, l’UVSQ a mis en place une direction de la vie étudiante qui vise à permettre « l’épanouissement et l’engagement des étudiants », définis comme l’un des quatre axes prioritaires du projet d’établissement.

Une internationalisation à confirmer

Si elle a signé 230 accords de partenariat avec des universités réparties dans 72 pays, la mobilité sortante reste faible : l’UVSQ n’envoie chaque année que 330 étudiants à l’étranger dans le cadre d’un programme d’échanges (soit 1,8 % des effectifs), mais accueille tout de même 2.400 étudiants étrangers (13,3 %).

« Nous pouvons aller encore plus loin », reconnaît sa présidente Sylvie Faucheux. C’est dans cette perspective qu’a été créé l’Institut des langues et études internationales. Il s’agit aussi de développer davantage les formations dispensées en anglais ainsi qu’en e-learning.

Une pluridisciplinarité à valoriser

Rassemblant des formations en santé, sciences, sciences sociales, droit et science politique, l’UVSQ est, de fait, une université pluridisciplinaire. En 2010, l’UFR des sciences sociales et des humanités a été restructurée, donnant naissance à trois instituts thématiques sur les langues et les études internationales, les études culturelles, et le management. Signe que la présidente veut rompre avec une logique strictement disciplinaire.
Mais, en dépit de ce premier pas vers une réelle pluridisciplinarité, celle-ci émerge lentement en ce qui concerne les formations, et très peu encore au niveau de la recherche.

Sophie Blitman | Publié le