Loi Travail. Université Paris 1 : la fermeture de Tolbiac contestée en interne

Camille Stromboni Publié le
Loi Travail. Université Paris 1 : la fermeture de Tolbiac contestée en interne
200 étudiants ont pénétré dans le centre Pierre-Mendès-France, à Tolbiac, après la manifestation du 17 mars. Ils ont été évacués par les forces de l'ordre, sur décision du président de Paris 1, Philippe Boutry. // ©  Olivier Saint-Hilaire / Haytham - REA
La décision de fermer des sites de l’université Paris 1, en raison de la mobilisation étudiante, provoque la discorde au sein de la communauté de l’établissement.

À quel moment la sécurité justifie-t-elle la fermeture d’un site universitaire ? À chaque mobilisation étudiante, cette question sensible revient. En raison de la manifestation du 17 mars 2016 contre la loi El Khomri, l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne a décidé de fermer le site Pierre-Mendès-France (Tolbiac).

De la fermeture de Tolbiac à l'évacuation des étudiants par les CRS

"Nous avons estimé que le risque était réel de voir arriver, après la manifestation, des étudiants qui ne sont pas de l’établissement et des casseurs", défend le président Philippe Boutry, le vendredi 18 mars.

"Outre le risque de dégradations, celui de blocages était fort : nous avons eu copie de tracts appelant à occuper Tolbiac. La seule solution raisonnable était la fermeture du site afin de garantir la sécurité", ajoute-t-il.

C'est par un mail, envoyé à 22 heures la veille de la manifestation, que le président a annoncé cette fermeture administrative de Tolbiac, pour trois jours, et du site René-Cassin, pour une journée.

C'est ensuite la Sorbonne, sur ordre du recteur, et le site du Panthéon (Paris 1 et Paris 2), qui sont fermés. Les étudiants ont finalement débattu dehors, à la fontaine de la place de la Sorbonne.

Après la manifestation, les événements se sont tendus. Environ 200 étudiants ont pénétré dans le centre Pierre-Mendès-France, avant que les forces de l'ordre ne soient envoyées pour évacuer l’amphi, sur décision du président. Avec des "charges très violentes", dénoncent les syndicats des étudiants et des personnels.

Une pomme de discorde au sein de Paris 1

Un enchaînement qui interroge la décision initiale du président de fermer Tolbiac, loin de faire l’unanimité dans la communauté de Paris 1.

Chez les syndicats étudiants tout d’abord : "En fermant les bâtiments, ils ont mis de l’huile sur le feu, cette décision est scandaleuse, s'insurge Margaux Aldebert, élue Unef à Paris 1. Interdire de se réunir, c'est tendre le climat. La semaine dernière, nous avons organisé une assemblée générale inter-fac après la manifestation, sans aucun débordement. Des groupuscules qui appellent à occuper les locaux, il y en a toujours !"

Chez les personnels également, la décision provoque des remous, dans une université qui a connu de nombreuses mobilisations. "La CGT mais aussi de nombreux collègues sont consternés, relate Benjamin Sallesse, élu CGT au conseil d’administration. Cette fermeture est une entrave au droit de réunion et à la liberté d’expression, mais surtout ce n’est pas une solution, sauf cas de force majeure. Rien ne le justifiait. Et cela crée un cercle vicieux."

Interdire de se réunir, c'est tendre le climat.
(M.Aldebert - élue Unef  à Paris 1)

D’après plusieurs sources, certains membres de l’équipe présidentielle étaient eux-mêmes en désaccord avec cette fermeture. "Selon le Code de l’éducation, cette décision est du ressort du président, souligne Philippe Boutry. Il est le garant de la sécurité des biens et des personnes".

Pour l'universitaire, "l’assaut de jeudi soir a vérifié nos craintes. Il y a eu des dégradations à Tolbiac, des tags, la sonorisation a disparu. Cela représente 20.000 euros de dégâts", estime-t-il.

La question va se poser de nouveau dès la semaine prochaine, avec une mobilisation prévue le 24 mars, suivie d'une autre le 31 mars. "Tout dépendra de la situation", prévient, souverain, le président.

Camille Stromboni | Publié le