Manifestations contre les retraites : ces étudiants et enseignants qui se mobilisent

Propos recueillis par Mathieu Oui Publié le
La journée de mobilisation nationale de la jeunesse, jeudi 21 octobre à l’appel de l’UNL, de la FIDL et de l’UNEF s’est traduite par de nombreux défilés à Paris et en province (Lyon, Montpellier, Lille, Nantes, Nice, Tours…) dont certains ont été émaillés d’incidents. A Paris, ils étaient plus d’un millier de jeunes, entre Jussieu et Denfert-Rocheraud, à défiler à l’appel des organisations lycéennes et étudiantes. De nombreux adultes, personnels des universités étaient également présents. A l’occasion de la manifestation parisienne du 21 octobre, rencontre avec quelques-uns des participants qui témoignent sur les raisons de leur venue.



-Jean-François Fournel, professeur à Paris 8, ancien président de Sauvons l’université:«Ce pays a besoin de solidarité »
«Je manifeste aujourd’hui par solidarité avec les jeunes et aussi pour éviter d’éventuels débordements. Les personnels d’enseignement supérieur sont assez mobilisés dans les manifestations unitaires. Sur les derniers grands défilés unitaires, on compte plusieurs milliers de salariés des universités. Sur les campus, la mobilisation est encore diffuse mais devant l’obstination et la surdité du gouvernement, on ne sait pas comment cela peut évoluer  Ce pays a besoin de solidarité, tout particulièrement au moment où le gouvernement tente de passer d’un modèle basé sur la solidarité républicaine à un modèle de concurrence de tous contre tous. La réforme des retraites est l’illustration d’une politique qui tente de monter les gens les uns contre les autres. C’est ce qui se passe dans les universités en France. La concurrence se joue désormais à tous le niveaux : entre universités, entre équipes de recherche, entre universitaires. »

Maurice Zattara, trésorier national du SNESUP: « Les frustrations du mouvement de 2009 peuvent ressurgir »
«Le secteur de l’enseignement supérieur sort d’une mobilisation historique qui a duré de longs mois en 2009 ce qui explique peut-être sa présence plus limitée aujourd’hui dans la mobilisation contre les réformes. Ceci-dit, les enseignants chercheurs sont confrontés à une entrée tardive dans la profession. Et le report  de l’âge de la retraite est donc un point critique. Même à 67 ans, bon nombre d’enseignants-chercheurs ne pourront pas bénéficier de la retraite à taux plein. Il me semble que les frustrations liées au mouvement de 2009 peuvent ressurgir autour de cette mobilisation.

Yasmina 27 ans et Marie-Pierre, 26 ans étudiantes à l’IUFM de Cergy-Pontoise, en préparation du CRPE :  «A quand les amphis dès la maternelle ? »
«Nous sommes venues avec une quinzaine d’étudiants de l’IUFM par solidarité et pour dénoncer cette politique qui brade l’éducation. Nous avons fait une AG dans l’IUFM qui a réuni une centaine de participants ce matin. Si nous sommes reçues au concours de professeur des écoles, nous allons nous retrouver devant des classes de 35 élèves sans avoir reçu aucune formation. Ce n’est pas normal de ne pas mettre des moyens sur l’école : c’est durant les années de  maternelles que se font les apprentissages essentiels.  A quand les amphis dès la maternelle ? Nous aurons droit à trois semaines de stage sur le terrain contre un jour par semaine avant la réforme. C’est une durée insuffisante pour apprendre son métier. Nous souhaitons l’arrêt de la suppression des postes au concours et recevoir une vraie formation. »

L'UNEF appelle à une nouvelle journée de mobilisation ce mardi 26 octobre 2010.

Propos recueillis par Mathieu Oui | Publié le