Mastérisation : le pire est à venir selon l’UNSA

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Face aux différents constats d’échecs de la mastérisation, l’UNSA s’est demandée pourquoi la situation n’était pas aussi catastrophique qu’on aurait pu le penser. Réponse : parce que le pire est à venir à la rentrée prochaine. D’où la nécessité de reconstruire, plutôt que de retoucher, la formation des enseignants.

Les professeurs, stagiaires ou titulaires, sont sur-motivés cette année. C’est ce qui ressort de différentes enquêtes menées par l’UNSA. Les enseignants en poste se sont sur-investis, par esprit de corps, pour aider les stagiaires et ces derniers travaillent d’arrache-pied, ne dormant que quatre à cinq heures par nuit, pour assurer leur mission. L’encadrement a aussi tout fait pour limiter les dégâts, cherchant à privilégier d’abord l’intérêt des élèves. « Le train fou lancé par Xavier Darcos continue sa course mais plus pour longtemps », estime-t-on à l’UNSA. Selon la fédération syndicale, le déraillement interviendra à la rentrée prochaine pour diverses raisons.

Des conditions plus dures en 2011-2012

Tout d’abord, les prochains enseignants-stagiaires ne bénéficieront pas, l’an prochain, des  mêmes conditions que cette année. Dans le second degré, tout le monde effectuera bien 18 heures de cours, dans un contexte de suppression de postes. Ensuite, un  sondage auprès des tuteurs a fait ressortir un manque de temps pour mener à bien leur mission et 33 % d’entre eux disent ne pas vouloir recommencer l’an prochain.

L’UNSA annonce aussi un risque important de démissions des professeurs stagiaires au mois de juin 2011. « Ils s’accrochent pour finir l’année, mais 8 % envisagent de démissionner, ce qui ferait, rapporté à la population totale, 1 200 démissions potentielles dans le premier et le second degré, soit dix fois plus que l’an dernier, ce serait un séisme ».

De moins en moins de profs.

Des démissions plus nombreuses qui s’ajoutent au tarissement du vivier d’enseignants. Les candidats aux concours sont moins nombreux. Et surtout, les nouveaux masters n’ont pas fait le plein. « Le nombre d’inscrits dans ces cursus représente aujourd’hui 55 % du volume des candidats qui se sont présentés aux concours en 2010 » annonce l’UNSA. Autre inquiétude du syndicat : la diversité du corps enseignant dans les prochaines années. L’allongement des études, que les étudiants doivent financer par eux-mêmes malgré les bourses, pourrait détourner certains jeunes d’origine modeste des métiers de l’enseignement.

Une admissibilité en M1 ?

L’UNSA demande donc que la formation des maîtres ne connaisse pas quelques retouches mais soit « reconstruite » en tenant de la formation tout au long de la vie. Les enseignants expérimentés ont aussi besoin d’être formés aux réformes en cours (rénovation de la filière professionnelle, du lycée, mise en place de l’aide individualisée, etc.). En formation initiale, l’UNSA préconise une pré-professionnalisation aux métiers de l’enseignement en licence, puis des masters réaménagés avec l’admissibilité au concours placé à la fin de l’année de M1 et l’admission, en fin de M2. « Cela permettrait pour les élèves ayant échoué aux concours de constituer un vivier de remplaçants sur liste complémentaire », explique-t-on à l’UNSA.

La fédération syndicale a ouvert un blog pour faire part de ses propositions et lancer un appel aux contributions.


Des profs titularisés par défaut ?
Quel sera l’impact de cette première année de mastérisation sur la titularisation des stagiaires ? Selon l’UNSA, il pourrait y avoir beaucoup moins de recalés que les années précédentes. « La titularisation reposant désormais une grande partie sur le tuteur, il sera difficile pour ce dernier de prendre, seul, la décision de ne pas titulariser un prof, même s’il est mauvais. Pourtant, tout le monde n’a pas la capacité d’exercer ce métier », rappelle-t-on à l’UNSA. Le syndicat s’inquiète aussi d’une proposition off du ministre : la titularisation des stagiaires dans l’académie dans laquelle ils ont été recrutés. « Cela reviendrait à bloquer les mutations et à nommer les nouveaux profs à vie dans certaines académies. Imaginez les conséquences à Créteil, par exemple, qui est l’académie d’extension des lauréats issus des DOM. Ils ne pourraient plus repartir chez eux. Et puis, les candidats finiraient par choisir leur académie pour concourir ».

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