Monique Sassier (médiatrice de l'Education nationale) : "L'information sur les critères d'accès en master doit être plus accessible"

Propos recueillis par Isabelle Maradan Publié le
Le rapport annuel 2011 du médiateur l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur est publié le 28 juin 2012. Il se concentre sur les différends à l’Education nationale vus par les parents d’élèves et les personnels. Et, côté enseignement supérieur, sur le fonctionnement du cycle du master. Des explications avec Monique Sassier, la médiatrice.

L’un des axes de travail du rapport 2011 se concentre sur le retour d’une enquête conduite par la DEPP (Direction de l’évaluation et de la perspective) au sujet des différends dans l’Education nationale. Sur quoi portent-ils le plus fréquemment ? 

Du côté des parents, les problèmes de disciplines et de conflits représentent la première cause de différends. Cela concerne les parents qui ne sont pas d’accord avec l’institution, soutiennent l’enfant systématiquement, contestent les décisions des équipes éducatives.
Cela ne nous surprend pas, car cela vient confirmer ce que nous observons lors des demandes de médiation. L’alliance historique entre l’école et la famille change depuis quelques années. Aujourd’hui, on demande des comptes à l’école.
Nous avons décidé de prendre les questions de discipline comme thème de travail large pour l’année à venir. Il s’agira de regarder ce qui se passe du côté des procédures disciplinaires à la fois dans le premier et le second degré, en se demandant si elles favorisent la réparation et visent bien la réinsertion. L’idée étant qu’un jeune puisse avoir connu des difficultés et néanmoins réussir.

Et du côté des personnels…

"On ne peut pas faire le difficile métier d’enseignant dans le découragement"

L’enquête révèle un état de tension au sein des établissements. Les éléments de tension se cristallisent autour de la fatigue, de la lassitude, du manque de considération, du malaise, assez fort, qui peut exister du côté des enseignants. On ne peut pas faire le difficile métier d’enseignant dans le découragement. J’avais eu l’occasion d’évoquer le « ré-encouragement » nécessaire des enseignants, au Sénat, en février dernier. Nous poursuivrons ce travail…
Depuis trois ans, je constate que nous sommes de plus en plus saisis de ce qui se passe dans les classes, lorsque le personnel se sent isolé, à tort ou à raison. Ce qui ne va pas, dans ce métier, c’est le silence. Ce qui est nouveau, c’est que l’on ose dire que cela ne va pas. Donc, on trouvera des solutions.

Le second axe, du rapport 2011 concerne le cycle du master. Quels sont les principaux problèmes soulevés ?

Il y a trois grandes sortes de domaines sur lesquels portent les réclamations relatives au master : le manque d’information sur les critères d’accès en master, la question de la continuité du cycle - c’est-à-dire du passage de M1 à M2 - et les stages ou l’année de césure.
Concernant le premier point, il faut que l’offre de formation soit plus accessible et que chaque master communique et affiche ses critères. Pour la question du passage de première en deuxième année, les décisions ne sont pas toujours suffisamment motivées et aucune institution ne peut se dispenser d’expliquer ce qu’elle fait. Enfin, pour les stages longs pendant l’année de césure, les activités salariés ne doivent pas seulement faire l'objet d'une convention de stage mais bien relever du salariat, ce qui implique un contrat de travail et une rémunération. 

Le réseau des médiateurs de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur a signé une convention avec la Conférence des présidents d’université pour développer une médiation externe dans les universités. Un an après, où en êtes-vous ?

"Nous sommes en discussion sur l’intérêt d’étendre la compétence du médiateur au supérieur"

Ce travail se poursuit. Nous avons des universitaires dans le groupe des médiateurs. Nous sommes en discussion en ce moment sur l’extension de ce réseau universitaire dans des académies comme Paris, Toulouse et Marseille. Et nous sommes en discussion  avec le ministère de l’Enseignement supérieur sur l’intérêt d’étendre la compétence du médiateur au supérieur. L’actuel directeur de cabinet de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche [Lionel Collet, NDLR], connait bien ce dossier puisqu’il est aussi l’ex-président de la CPU.

L’an dernier, vous aviez également pointé des évolutions nécessaires concernant la gestion des mutations des enseignants. Que s’est-il passé depuis ?

Il ne s’est rien passé. Le problème reste à l’ordre du jour. Nous avons d’ailleurs repris dans le rapport 2011 les recommandations que nous avions faites l’an dernier, notamment sur la question du rapprochement des conjoints. (Lire l’interview réalisée en 2011 à ce sujet )

N’est-ce pas décourageant ?

Absolument pas. Sur des points aussi importants que les mutations, la santé des personnels, comme sur la plupart des points qui nous occupent, il s’agit d’un travail qui ne peut s’envisager que sur plusieurs années.
Nous avons, par exemple, mené un excellent travail avec la DGESCO (Direction générale de l’enseignement scolaire) sur les questions de discipline dans le premier degré. Le texte concernant disciplines et punitions était inadapté, voire problématique. Nous avons donc travaillé ensemble sur la refonte des règlements des écoles. Ce travail est presque terminé.
Par ailleurs, sur le harcèlement entre élèves, le protocole mis en place avec les médiateurs académiques a servi de base au protocole élaboré par la DGESCO .
 

La médiation en chiffres

50
médiateurs académiques

9239 réclamations :
+ 15% en un an
+ 200 % depuis 2000

69% proviennent des usagers :
52% des usagers qui saisissent le médiateur sont des élèves ou parents d'élèves des établissements publics du 2nd degré
25% sont des usagers de l'enseignement supérieur
13% des parents d'élèves d'établissements public du 1er degré
10% des établissements privés et divers (entreprises...)

31% des personnels

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Propos recueillis par Isabelle Maradan | Publié le