À Montpellier, la faculté de médecine fait peau neuve

Guillaume Mollaret Publié le
À Montpellier, la faculté de médecine fait peau neuve
En cette rentrée 2017, l'université a ouvert aux étudiants des locaux de 11.400 mètres carrés. // ©  Guillaume Mollaret
En cette rentrée 2017, la faculté de médecine Montpellier-Nîmes s'installe dans ses nouveaux locaux. Grâce à un investissement de plus de 40 millions d'euros, l'institution historique bénéficie désormais de 11.000 mètres carrés. Une évolution nécessaire, tant pour des raisons pratiques que pédagogiques.

Âgée de 797 ans, la plus ancienne faculté de médecine du monde occidental écrit un nouveau chapitre de son histoire. Sans abandonner complètement ses locaux historiques où Rabelais, Nostradamus ou encore Gui de Chauliac (père de la chirurgie médicale) ont prêté leur serment d'Hippocrate, voilà que la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes investit de nouveaux locaux, plus proches du CHU (centre hospitalo-universitaire) de la capitale héraultaise.

"Il n'y a plus de structure hospitalière dans le centre-ville depuis de nombreuses années. Par ailleurs, l'abandon, par l'université de Montpellier, des locaux de l'Institut de biologie nous oblige à investir de nouveaux lieux", justifie le professeur Michel Mondain, doyen de la faculté.

En cette rentrée 2017, l'université a donc ouvert aux étudiants des locaux de 11.400 mètres carrés, dont le financement (40,4 millions d'euros) a été assuré à 98 % par le conseil régional d'Occitanie dans le cadre du CPER (contrat de projets État-Région) 2007-2013.

Des locaux propices à l'innovation pédagogique

Géographiquement, la nouvelle faculté se trouve entre différentes UMR (unités mixtes de recherches), telles que l'Institut de génétique humaine et le site Arnaud-de-Villeneuve du CHU. Pratique, ce nouvel emplacement permet notamment aux étudiants – qui, dès la troisième année, passent une demi-journée à l'hôpital – de ne plus avoir à effectuer 20 minutes de tramway entre leur lieu de stage et leur terrain d'étude. "Ce qui vaut pour eux, vaut également pour les enseignants", précise, dans un sourire, Michel Mondain.

Outre un bâtiment neuf, offrant toutes les qualités en matière de connexions Internet et le confort acoustique moderne, la nouvelle infrastructure abrite également du matériel médical pour un budget de près de trois millions d'euros : simulateur de cœlioscopie, d'arthroscopie, laboratoire de microchirurgie, microscopes...

En outre, un partenariat avec l'hôpital permet d'héberger aux quatrième et cinquième étages du bâtiment le Cesu (Centre d'enseignement en soins d'urgence) du CHU de Montpellier, lequel a investi près de 500.000 euros pour l'équipement de cet espace. "Il nous paraissait intéressant que cette plate-forme, qui sert tant à la formation initiale qu'à la formation continue des professionnels, se trouve dans ces locaux. Symboliquement, c'est un signe fort d'attachement à l'excellence des formations", soutient Blaise Debien, médecin généraliste et responsable du Cesu. 

Particularité de cette plate-forme, cofinancée par le CHU et l'université : elle permettra de développer l'innovation pédagogique en mettant en situation des étudiants en médecine de différentes spécialités, mais aussi des étudiants infirmiers. "70 % des erreurs médicales relèvent d'un champ non-technique. Travailler en équipes doit faire partie de la formation. Comme l'ensemble des médecins de ma génération, je ne l'ai pas appris à la fac, mais au CHU, face à de vrais patients", relève Blaise Debien.

Pousser plus loin les sciences humaines

Quant au doyen Michel Mondain, il souhaite que cette innovation constitue l'un des piliers de sa faculté, classée parmi les plus sélectives de France. "Être à sa place, savoir prendre des initiatives, comme laisser la main au bon moment à un confrère anesthésiste, ou à un infirmier, cela s'apprend. C'est précisément ce que nous voulons enseigner dans ces salles", souligne-t-il.

Ainsi, la faculté montpelliéraine pousse plus loin – comme il était de coutume voilà quelques siècles – l'apprentissage en sciences humaines de ses étudiants. Depuis de nombreuses années maintenant, les internes travaillent en collaboration avec un cancérologue, un enseignant du conservatoire et des comédiens, sur l'annonce de maladies cancéreuses. Dès cette rentrée 2017, ce sont des patients-formateurs atteints de maladies chroniques qui feront, à leur tour, leur entrée dans les salles de cours... Histoire de faire tomber certains préjugés par le retour d'expérience.

Guillaume Mollaret | Publié le