Municipales à Paris: ce que veulent les candidats pour le supérieur et la recherche

Grégory Danel Publié le
Municipales à Paris: ce que veulent les candidats pour le supérieur et la recherche
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Autoproclamée « première ville universitaire d 'Europe », Paris accueille entre 250 000 et 300 000 étudiants. Des dizaines d'établissements d'enseignement supérieur et de recherche – parmi les plus prestigieux - y sont implantés. Financé en grande partie par l'Etat, le monde universitaire doit-il attendre quelque chose du résultat des éléctions municipales qui se dérouleront les 9 et 16 mars 2008? Non est-on tenté de répondre. Pourtant les candidats n'oublient pas l'enseignement supérieur dans leurs programmes...à défaut de rivaliser d'imagination. Educpros a listé ce que Delanoë, Panafieu et consorts veulent faire des « lumières » de la Capitale.

" La prochaine mandature fera du soutien de l'économie de l'innovation une priorité de premier rang. » Qui parle? Le maire sortant, Bertrand Delanoe qui veut faire de Paris « la capitale de l'innovation ». Bigre, l'ambition n'est pas mince et elle est partagée par tous les autres candidats à l'élection municipale parisienne.

C'est que Paris autoproclamée « première ville universitaire d'Europe » a quelque compétence sur l'enseignement supérieur et la recherche même si ces secteurs sont largement tributaires des orientations de l'Etat et des politiques d'établissement. Ainsi la municipalité gère des grandes écoles d'ingénieurs comme l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles ou des écoles d'art appliquées comme Boule ou Estienne. Surtout la Ville est propriétaire de nombreux bâtiments universitaires et pas des moindres: la Sorbonne, les universités Paris 1 et 2 (place du Panthéon), Paris 5 (rue de l'école de médecine), Paris 3 (rue des Bernardins) ou encore l'école nationale des Arts et Métiers. Elle participe également à la création de la ZAC Paris Rive Gauche où sont implantés les bâtiments de Paris 7. Réalisations que la Ville ne manque jamais de faire visiter comme si elle voulait souligner les errements de l'Etat sur ce dossier...Paris est encore dotée d'un conseil scientifique créé en 2002 et chargé d'éclairer l'équipe municipale sur le supérieur, la recherche, la technologie, la culture scientifique...

Des millions et des travaux

S'il semble évident que les candidats à l'Hôtel de ville ne gagneront pas l'élection sur leurs propositions relatives à l'enseignement supérieur et à la recherche, elles constituent néanmoins des axes forts de leur programme à côté du logement, des transports ou de la qualité de vie. Ainsi en va-t-il de l'innovation.

Bertrand Delanoë fait de son bilan un axe fort de sa campagne. Il en va de même pour le sup et la recherche : 400 millions d'euros depuis 2001 investis dans le développement et la rénovation des universités. S'il était réélu, l'actuel maire promet un milliard supplémentaire agrégeant l'ensemble des efforts d'investissement pour l'innovation. « Nous viserons en outre l'objectif de mobiliser un montant équivalent auprès de nos partenaires (Europe, etat, Région, acteurs financiers et économiques) », indique-t-il par ailleurs dans son projet 2008-2014.

Delanoë envisage également de grands travaux pour les universités et une politique de regroupement des sites aujourd'hui « affaiblies par leur dispersion ». Très favorable aux structures universitaires fédératives et aux fondations d'université, le candidat socialiste engagera des travaux dans trois grandes zones: autour de la montagne Sainte-Geneviève, le long de la Seine de Jussieu jusqu'à la Pitié Salpétrière et dans le Nord Est parisien à cheval sur Paris et la Plaine commune.

Un MIT à la parisienne pour Panafieu

Pour sa part, Françoise de Panafieu, la candidate UMP qui estime que Paris a perdu sa place de "capitale de la création et de l'intelligence" promet la création d’un « vrai » campus universitaire autour de l’Institut Européen des Technologies, qui se voudrait « l'équivalent du MIT américain ».

Situé sur les terrains du Nord Est Parisien entre la porte de la Chapelle et la porte de Clignancourt ; ce « campus dans la ville » inclurait laboratoires et pépinières d’entreprises et permettrait d’accueillir 5000 étudiants et 1000 chercheurs. Il pourrait contenir un pôle d’excellence autour des sciences humaines et sociales avec des niveaux master et doctorat. Il ressemblerait alors furieusement à la Cité des Sciences sociales et des Humanités qui doit voir le jour à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

Des logements pour les étudiants

Très sensible à la démocratisation de la science, le Centralien Denis Baupin (Verts) insiste pour sa part sur le rapprochement de la recherche avec les citoyens. A ce titre, il souhaite un conseil scientifique de la ville de Paris « plus transparent » et veut soutenir les innovations technologiques liées à l'environnement.

Comme les autres candidats, il est plus prolixe sur la vie étudiante, pour laquelle il veut plus de financements. Au même titre que Delanoë qui promet la construction de 4000 nouveaux logements ou Marielle de Sarnez (Modem) qui en promet 6 000. Cette dernière envisage des mesures incitatives pour les bailleurs privés. Elle propose également d'octroyer des crédits supplémentaires pour l'équipement des universités et des bibliothèques. Des propositions qui la rapprochent de Françoise de Panafieu. 

La candidate UMP veut notamment la création d'une grande bibliothèque numérique Parisienne Universitaire, mutualisant les moyens et regroupant les contenus ;avec des conditions d’ouverture le soir jusqu’à 22 heures ; les samedis et les dimanches.

Un guichet unique pour les nouveaux chercheurs et enseignants

Pour favoriser l'attractivité de Paris, dans l'économie globalisée de la connaissance, Bertrand Delanoë entend en outre créer une maison d'accueil des chercheurs et des universitaires regroupant tous les services nécessaires à leur installation. Enfin parce que « préjugés et méfiance empêchent parfois la valorisation de la recherche publique, le dépôt de brevets, la collaboration efficace entre le monde de l’université et de la recherche publique et celui de l’entreprise, des «business angels» et des sociétés de capital risque », Bertrand Delanoë promet la création d'une agence parisienne de l’Innovation qui aura pour mission de faire «bouger les lignes»...Une proposition qui ne manquerait pas de ravir Valérie Pécresse, si celle-ci votait à Paris...

Grégory Danel | Publié le